Men : l’horreur dérangeante de Alex Garland
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Dans la catégorie des cinéastes les plus fascinants de ces dernières années, Alex Garland n’a cessé de surprendre. Auteur de livre et ensuite scénariste, il est derrière les scripts de 28 Jours plus tard, La Plage et Sunshine, mais c’est avec son premier film en tant que réalisateur, Ex Machina, qu’il assoit son empreinte à la croisée des genres. Après un passage remarqué par le « petit » écran avec la très remarquée série Devs, il revient pour un nouveau film intrigant, Men, une fable horrifique sur le deuil, la culpabilité et une certaine idée du féminisme.
L’horreur a bien des visages
C’est l’histoire d’une virée bucolique en somme. Harper (Jessie Buckley) décide de se retirer dans une maison de campagne suite à la mort de son mari. Après avoir été accueillie par un hôte aussi spécial qu’accommodant, elle peut enfin commencer à se reconstruire émotionnellement. Mais c’est sans compter une série d’évènements étranges qui vont déranger sa tranquillité, telle une présence qui semble l’épier dans son intimité.

Alex Garland manie ici avec habileté les codes de l’horreur psychologique. Harper aura beau être sur le chemin de la guérison, son trauma a visiblement fait le voyage avec elle. Le film distille peu à peu son inquiétante étrangeté, à commencer par la population locale qui à l’œil à la fois méfiant et bienveillant. Une ambivalence qui reflète le contraste évident entre le cadre bucolique et idyllique du film et son oppression grandissante. Un étau semble se resserrer auprès d’Harper, faisant ressurgir des souvenirs traumatiques qu’elle souhaitait pourtant oublier l’espace de quelques jours.
Une toile de fond féministe
L’horreur a toujours été un genre profondément allégorique. En s’affranchissant de tout réalisme, un film peut aller infuser ses thématiques avec un angle inédit. La figure du « monstre » n’est jamais qu’une représentation d’un conflit interne ou même le reflet d’un problème sociétal. Ici, Alex Garland (toujours ici au poste de scénariste) a la masculinité toxique dans le viseur : Harper va peu à peu faire des rencontres qui vont l’inviter à réfléchir à sa propre culpabilité quant à la mort de son mari. Cette menace semble la punir pour une dette affective à laquelle elle ne s’est pourtant pas soumise. Mais alors que certaines visions du couple le voient comme une seule et même unité, la réalité est purement mathématique : 2 n’est jamais que le résultat de 1 +1.

Le film plonge alors progressivement dans une horreur sordide et violente, avec un troisième acte inattendu qui cristallise tout son sujet. Men ne retient pas ses coups et peut manquer de subtilité dans sa symbolique, comme c’est le cas dans les précédents films de Garland. Depuis qu’il s’est lancé dans la mise en scène, son style a toujours été maniéré, mais toujours réfléchi comme on s’y attend venant d’un scénariste mettant en image son propre récit.
On en ressort peut-être avec plein de questions, face à ce mysticisme grandissant dans la mise en scène, mais aussi face au projet du film. Loin du brulot féministe et dénonciateur qu’il aurait pu être, le film évite de justesse la tentation de la misandrie, même si dans Men, les hommes sont littéralement tous les mêmes.
Hugo Cléry | @HugoClery
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