“Alita : Battle Angel” - Focus sur des effets très spéciaux !
Focus sur la capture d’interprétation et de mouvement, deux technologies numériques qui donnent au film du producteur et scénariste James Cameron tout son sel.
Le motion capture
Que l’on soit adepte de science fiction ou pas, impossible de rester impassible devant les prouesses technologiques de “Alita : Battle Angel”, sorti le 13 février. Expressions du visage, fluidité du corps lors des scènes de bagarre... L’héroïne incarnée par Rosa Salazar constitue le personnage de synthèse le plus performant encore jamais créé.
A l’heure du numérique, jamais l’invention du cinématographe n’a semblé aussi loin ! Fini la rotoscopie, cette technique inventée au début des années 1900 consistant à dessiner sur des calques le contour d’images en prise de vue réelle pour animer des personnages à partir d'acteurs humains ! L’époque est désormais à la capture de mouvement, ou motion capture en anglais. Son but ? Capter les déplacements d'un corps en mouvement pour le retranscrire dans un univers virtuel en trois dimensions créé par ordinateur. Si cette technologie est apparue au milieu des années 90 pour créer des foules, des cascades complexes ou des personnages en arrière-plan, elle n’a été utilisée de manière concluante qu’en 1998 dans le Titanic de James Cameron (déjà lui !). Durant le tournage, les capteurs fixés sur les costumes des acteurs étaient reliés par des câbles qui transmettaient les données jusqu’aux ordinateurs grâce à un logiciel baptisé Softimage. Seul hic : souvent imprécise, la transmission des mouvements nécessitait l’aide d’animateurs embauchés pour corriger les nombreuses ruptures de données et autres imperfections. Il faudra attendre le début du 21ème siècle pour que la capture de mouvement connaisse une véritable percée. Le premier film entièrement tourné avec cette technique, The Pole Express (Robert Zemeckis), date en effet de 2004.
Un rendu plus vrai que nature
Pour obtenir un rendu optimal, “des caméras sont disposées dans le décor pour enregistrer les marqueurs placés sur les corps des acteurs. Le système place ces marqueurs dans un plan en trois dimensions et génère un squelette qui contrôlera les mouvements de la créature de synthèse”, illustre Jon Landau, le producteur d’“Alita : Battle Angel”. Interrogée sur les conditions de tournage, l’actrice Rosa Salazar qui joue la jeune Alita, sous-entend que c’est tout sauf un rôle de composition. “Il faut être prêt à porter un masque avec des micros, des piles, une perche, un magnéto, tout en portant une combi et des gants”, témoigne-t-elle. Pas facile, on s’en doute, de faire abstraction de tout ce matériel. C’est néanmoins le prix à payer pour obtenir des effets spéciaux à couper le souffle. Et dans le genre, le dernier film de James Cameron ne fait pas dans la demi-mesure !
Le visage : élément capital
Afin d’offrir aux spectateurs un rendu capable de retranscrire toute la rondeur de l’héroïne mi-humaine, mi-androïde aux yeux grands comme des soucoupes imaginée par Yukito Kishiro dans le manga Guunm, le réalisateur canadien a ajouté une technologie supplémentaire à la capture de mouvement, la capture d’interprétation qui a fait le succès d“Avatar”, précédent film de James Cameron. “La différence entre capture de mouvement et capture d’interprétation, précise Jon Landau, c’est qu’en plus d’enregistrer les mouvements du corps, on enregistre les traits du visage.” Or le visage est un élément capital pour que le spectateur croit vraiment au personnage, même en gros plan. Dans son mémoire de maîtrise intitulé “Corps simulacre et virtualisation du réel : la capture de mouvement et d’interprétation au cinéma” (Université du Québec - 2016), Justin Baillargeon précise que cette seconde technologie dépend entièrement du jeu de l'acteur qui incarne un personnage qui apparaît à l'écran, comme dans un film tourné en prises de vues réelles. Pour capter son jeu le plus fidèlement possible, l’actrice Rosa Salazar a donc été équipée de deux caméras haute définition fixées sur un casque et pointé sur son visage. A charge ensuite pour Weta, le studio d’effets spéciaux, d’interpréter toutes ces données, image par image, pour recréer les expressions de son visage. “Chaque pore, chaque marque, chaque cicatrice, chaque ride, sont malheureusement bien là !, plaisante l’actrice. C’est comme se regarder dans un miroir. C’est mon visage à l’écran”.
On l’aura compris, depuis l’ère de la rotoscopie, les effets spéciaux ont évolué très vite. Lorsque la suite (très probable) d’Alita sortira en salle, les captures de mouvement et d’interprétation seront peut être totalement has been ! Et si les pronostics de Maxime Causeret, spécialiste dans le domaine et formateur à l'Ecole des Gobelins, sont bons, “l’image devra sortir de l’écran. Non pas en 3D seulement, mais en hologramme par exemple, sur d'autres supports que le simple écran”. Qui vivra verra !
Alita : Battle Angel, de Robert Rodriguez
Avec Rosa Salazar, Christoph Waltz et Jennifer Connelly
Sortie le 13 février 2019