Border Line : aux frontières de l’absurde
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Raconter sur grand écran, une histoire comme il y en a tant derrière les portes closes des aéroports : voilà l’ambition que concrétisent Alejandro Rojas et Juan Sebastián Vásquez avec leur premier long-métrage. Récompensé du Grand Prix et du Prix d’interprétation (pour l’actrice Bruna Cusí) au Festival Premiers Plans d’Angers, mais aussi du Prix du Public et du Prix Police à Reims Polar, Border Line nous plonge dans le voyage d’un couple sur le point de changer de vie.
Un cauchemar tristement lucide
Elena et Diego ont une trentaine d’années et vivent ensemble à Barcelone. Elle est espagnole, il est vénézuélien. Le film débute alors qu’ils montent dans un taxi à destination de l’aéroport : ils se rendent aux États-Unis pour s’y installer. À la radio, les nouvelles donnent le ton de l’absurdité bien réelle : Donald Trump compte ériger un mur entre les États-Unis et l’Amérique latine. Après avoir été gagnés par l’angoisse universelle du passeport oublié, Elena et Diego sont fin prêts pour leur grand départ et se sourient sur la chanson Congratulations de Kevin Morby, dont les paroles résonnent particulièrement avec le début, mais surtout avec la fin surprenante du film.
À leur arrivée à l’aéroport de New York, après l’examen de leurs passeports, le douanier leur demande de le suivre pour des contrôles supplémentaires. S’ensuit alors un interrogatoire qui remet en question bien plus que leur visa d’immigration. Border Line nous confine dans des bureaux de la police des frontières, des pièces mal éclairées, en travaux, éloignées du flot rassurant de l’aéroport. Resserré sur 1 heure et 17 minutes et filmé avec deux caméras, le long-métrage impressionne par son aptitude à s’émanciper des ressorts classiques du thriller. Avec ses dialogues concis et sa mise en scène sobre, Border Line trouve sa force dans sa dimension factuelle. Ici, la tension ne se nourrit pas d’artifices spectaculaires, mais se ressent dans les questionnements que nous inspire le récit.
Piéger le couple
Border Line est une manière pour le duo de cinéastes de raconter des situations qu’ils ont vécues lors de leurs nombreux voyages aux États-Unis. Mais le film ne se contente pas de s’inspirer de leurs propres expériences et de celles de leurs proches, il met en scène une fiction dense et captivante. Au cours de leur entretien avec la police des frontières, nous découvrons peu à peu des bribes de l’histoire de Diego et Elena. À travers des confrontations verbales où s’invitent la manipulation et la perversité, Alejandro Rojas et Juan Sebastián Vásquez nous donnent à voir le piège qui se referme sur les protagonistes. Guidée par la paranoïa, l’investigation mise en scène dans Border Line vise autant à fragiliser le couple qu’à décider d’accorder ou non, le droit d’installation sur le territoire américain. Le film réussit le tour de force de présenter l’ultime étape de l’immigration comme l’épreuve de tous les dangers que ce soit pour l’accès à une nouvelle vie, mais aussi pour la survie d’un couple.
Avec ce premier long-métrage, Alejandro Rojas et Juan Sebastián Vásquez nous offrent une fiction parfaitement ciselée et une réflexion éminemment politique sur la xénophobie, éclairant les abus de pouvoir dissimulés dans l’ombre des non-lieux.
Marie Serale | @marie_serale
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