« Le cinéma est-il un langage en train de se perdre ? Un art qui va mourir ? »

En 1982, Wim Wenders interrogeait des cinéastes présents au Festival de Cannes (Jean-Luc Godard, Steven Spielberg ou encore Rainer Werner Fassbinder) sur l’avenir du cinéma, pour réaliser le documentaire Room 666. En 2022, Lubna Playoust a repris ce principe pour réaliser Chambre 999, une nouvelle photographie du cinéma à notre époque, par celles et ceux qui le font. Ce mercredi 24 mai 2023, Chambre 999 était présenté dans la section Cannes Classics. Nous avons eu la chance de participer à une rencontre avec la réalisatrice Lubna Playoust et certains des cinéastes qui apparaissent dans le film : Monia Chokri, Audrey Diwan et Albert Serra. De cette discussion riche en questionnements autour des pratiques, des écrans ou de la cinéphilie, on retient les mots de Lubna Playoust : « On transmet à nos enfants et aux autres, le monde auquel on croit ». À Cannes, entourés de tous ceux qui croient au cinéma, on peut affirmer sans hésiter qu’il est bien vivant.

La fille de son père clôt la Semaine de la critique

Cette journée marquait également la clôture de la 62e édition de la Semaine de la critique. Le jury présidé par Audrey Diwan a notamment décerné le Grand Prix au film Tiger Stripes d’Amanda Nell Eu, tandis que le prix SACD a été attribué au film Le Ravissement, réalisé par Iris Kaltenbäck. Cette édition nous aura permis de découvrir de nombreuses pépites comme Vincent doit mourir de Stéphan Castang ou encore Sleep de Jason Yu. C’est La fille de son père, le second long-métrage d’Erwann Le Duc, qui était présenté en clôture de la Semaine de la critique. Avec Céleste Brunnquell et Nahuel Perez Biscayart, cette comédie dramatique explore la relation entre père et sa fille qui construisent un équilibre et une vie heureuse après que la mère les ait abandonnés.

L'amour et les forêts : un conte sur l’emprise

Ce mercredi 24 mai 2023, L’amour et les forêts de Valérie Donzelli était présenté dans la section Cannes Premières alors qu’il sortait simultanément au cinéma. Virginie Efira, Melvil Poupaud et la co-scénariste Audrey Diwan étaient présents aux côtés de la réalisatrice lors de la projection. Ce long-métrage est l’adaptation éponyme du roman d’Éric Reinhardt et raconte le mécanisme de l’emprise d’un homme possessif et dangereux sur sa femme. Si l’on connaît la passion de Valérie Donzelli pour Jacques Demy et Eric Rohmer, L’amour et les forêts s’approprie le registre du conte pour exprimer la noirceur de son sujet. Virginie Efira qui se dédouble, la mer et le papier peint fleuri, puis le coup de foudre et la forêt…  L’amour et les forêts nous plonge dans l’univers sensoriel de Blanche, l’héroïne de l’histoire. Nous voyons basculer peu à peu son quotidien, devenu irrespirable aux côtés d’un homme toxique. Valérie Donzelli signe un film d’une grande justesse sur l’emprise. 

Demain nous reviendrons notamment sur la venue de Quentin Tarantino à la Quinzaine des cinéastes !

Marie Serale | @marie_serale