Close : la lumière d’une amitié, le poids des regards
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Il y a des projections qui laissent un souvenir impérissable. Au-delà du film, on est capable de se remémorer avec exactitude notre état d’esprit ou de décrire l’atmosphère de la salle. C’est aussi cela, la beauté et la puissance du cinéma : lorsque la découverte d’un film s’ancre profondément dans notre mémoire. Le 26 mai 2022, les festivaliers cannois découvraient Close, le nouveau long-métrage de Lukas Dhont, en compétition officielle. Une émotion palpable, suivie d’une longue ovation ont ponctué la projection de cette œuvre bouleversante, présageant un très beau succès au cinéma.
Comme des frères
Après son premier long-métrage Girl (2018), centré sur Lara, une jeune fille née dans un corps de garçon, rêvant de devenir danseuse étoile, Lukas Dhont est de retour au cinéma. Celui que l’on qualifie déjà de cinéaste prodige collectionne les récompenses du Festival de Cannes, avec la Caméra d’Or et le Prix d’interprétation Un Certain Regard pour Victor Polster dans Girl et le Grand Prix (ex aequo avec Stars at noon de Claire Denis) pour Close, son dernier-né.
Avec Close, Lukas Dhont continue de raconter l'adolescence à travers le prisme de la découverte de soi. Léo et Rémi, les deux protagonistes de treize ans, sont amis depuis toujours. Leur lien est si fusionnel qu'on croirait deux âmes-sœurs. C’est une amitié rêvée qui les unit, comme un refuge au milieu de cette étrange escale qu’est l’adolescence. Leur relation lumineuse, merveilleuse à observer à l’écran est portée par deux jeunes interprètes, Eden Dambrine et Gustav De Waele avec grâce, justesse et sensibilité.
Un regard sur la tendresse et la fragilité masculine
Ce qui fait de Close un film extraordinairement sensible, c’est aussi le regard qu’il pose sur la masculinité. Lukas Dhont écarte les codes et les clichés masculins, comme il le faisait dans Girl, en rappelant que genre et corps n’étaient pas forcément liés. Dans ce film, les hommes ont des gestes tendres et affectueux les uns pour les autres. Les personnages masculins sont représentés dans toute leur vulnérabilité, comme on le voit peu au cinéma.
L’une des plus belles scènes du film rapproche Léo et Rémi dans l’intimité d’une chambre, oscillant entre une chamaillerie d’enfants, une franche bagarre et une démonstration de tendresse. Cette scène est particulièrement intense de par son aspect visuel presque chorégraphique et parce qu’elle met en images, à travers cette relation si forte entre les deux garçons, l’exploration et la découverte de soi, de son corps, de ses émotions, mais aussi de l’autre.
À mesure qu’ils quittent l’enfance, les deux protagonistes se voient contraints de changer leur façon d’être, influencés par les qu’en dira-t-on. Dans Close, la famille est un havre de bienveillance, représentée notamment par les formidables Léa Drucker et Émilie Dequenne, dans les rôles des mères de Léo et Rémi. Pourtant, cet entourage aimant n’évitera pas aux deux garçons de se remettre en question sous le poids du carcan masculin, s’empêchant ainsi de vivre leur amitié au grand jour, et de vivre pleinement.
L’art de raconter les maux de l’adolescence
Amateur de sobriété jusque dans le choix de ses titres, Lukas Dhont nous offre, avec beaucoup de pudeur, une œuvre aussi intime qu’universelle. Titre polysémique, Close renvoie à la fois à la notion de proximité et d’enfermement. Rien n’est donc laissé au hasard, puisque le film semble être construit en deux parties, avant et après la tragédie. Rythmé par les saisons, visibles dans les champs de fleurs où travaille la famille de Léo, Close s’articule autour de sentiments contradictoires, comme la joie de vivre et la culpabilité, l’amour et la colère.
Dans ce long-métrage, Lukas Dhont s’attache à dire l'indicible. D’abord en portant à l’écran la courte, mais non moins redoutable, période qui sépare l’enfance de l’adolescence. C’est le temps où l’on n’a pas encore quitté l’innocence, mais où l’on doit pourtant faire face à des choix pour lesquels on n'est pas armé. Ensuite, en s’inspirant de son vécu et en mettant des mots sur ces sentiments qui traversent bon nombre d’entre nous lorsque nous pensons à des amis perdus de vue. Poussant la notion de rupture jusqu’à la détresse et la tragédie, Close aborde la difficulté de se construire sans se plier aux critères d’acceptation des autres.
« Palme d’or du cœur » de nombreux spectateurs cannois, Close est d’une incroyable beauté. Au-delà de son image lumineuse, le film convoque délicatesse et pudeur en faisant la part-belle au hors-champs, aux regards et aux silences. Eden Dambrine et Gustav De Waele délivrent une véritable expérience du corps, ne faisant qu’un avec leurs personnages. C’est une œuvre dont l’éclat réside dans l’intensité de ses émotions et dans la justesse de ses questionnements.
Close, de Lukas Dhont, à découvrir en salles dès le 1er novembre.
Voir la bande-annonce
Marie Serale | @marie_serale
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