Gene Kelly, icône de l’âge d’or hollywoodien et inspiration mondiale

Il est inconcevable d’évoquer les comédies musicales sans mentionner Gene Kelly : danseur, acteur, chanteur, chorégraphe, réalisateur et producteur, cet homme aux milles et un talents est une véritable icône. De Broadway à Hollywood en passant par l’Opéra de Paris où il a été le premier américain invité à créer un ballet moderne pour la compagnie (Pas de Dieux en 1960), il a révolutionné l’univers du cinéma musical, mais aussi celui de la danse au masculin, en s’engageant contre la stigmatisation des danseurs : à l’époque, l’art de la danse était souvent associé à la féminité.

En 1949, Gene Kelly est en plein tournage d’Un Américain à Paris (Oscar du Meilleur Film en 1952) sous la direction de Vincente Minnelli, lorsqu’il est contacté par Arthur Freed, auteur de chansons et producteur de comédies musicales à la Metro Goldwyn Mayer. Ce dernier a pour projet de créer un film mettant en scène des chansons faisant déjà partie de son propre catalogue. Il confie le scénario à Adolph Green et Betty Comden et la réalisation au duo Stanley Donen et Gene Kelly, qui avait déjà collaboré ensemble pour Un Jour à New-York (1949). C’est la genèse de Chantons sous la pluie, un merveilleux hommage à la révérence du cinéma muet et à l'avènement du cinéma parlant. Oeuvre pionnière des films musicaux et emblème de l’âge d’or hollywoodien, Chantons sous la pluie célèbre le bonheur et respire une joie communicative. 

Gene Kelly, c'est aussi une source d'inspiration et une vedette internationale. En 1967, il interprète le personnage d’Andy Miller dans Les Demoiselles de Rochefort : un pianiste américain à la recherche de son idéal féminin qu’il trouvera sous les traits de Solange, incarnée par Françoise Dorléac. L’apparition de Gene Kelly dans ce merveilleux film, fruit de la collaboration mythique entre Jacques Demy et Michel Legrand, symbolise un lien entre la culture des comédies musicales françaises et américaines. La carrière de Gene Kelly n’a pas terminé d’inspirer le paysage cinématographique actuel puisqu’un film où son rôle sera interprété par Chris Evans est en préparation.

Le paysage florissant des comédies musicales contemporaines

Issue de la scène des théâtres et des opéras, la comédie musicale a su séduire le public des salles obscures et s’assurer une place sur le grand écran à travers les époques. Aujourd’hui encore, c’est un genre qui ne cesse d’inspirer les réalisateurs du monde entier.

Il y a tant d’oeuvres remarquables à travers le monde, mais pour ne citer que quelques exemples, il y a l’univers flamboyant, intimement lié au spectacle de Baz Luhrmann et sa “Trilogie du rideau rouge” : Ballroom Dancing (1992), Roméo + Juliette (1996) et le fabuleux Moulin Rouge! (2001). Il y a aussi l’incontournable West Side Story créé à Broadway en 1957, puis porté à l’écran par Jerome Robbins (le chorégraphe et metteur en scène initial) et Robert Wise en 1960. L’histoire d’amour impossible entre Tony et Maria, les Roméo et Juliette des années 1950 à New York, a fait l’objet d’un remake réalisé par Steven Spielberg et sorti en salles en 2021. Et puis, il y a le Hollywood fantasmé et féérique de Damien Chazelle et son chef-d'œuvre La La Land (2016). Ode aux rêves, à la vie et à l’amour La La Land offre aux spectateurs un moment hors du temps. C’est également un hommage rempli de références au cinéma et à la comédie musicale dans sa globalité : Damien Chazelle cite notamment le cinéma de Jacques Demy comme l’une de ses sources d’inspiration.

Un genre libre et audacieux

Joyeuses ou douces-amères, les comédies musicales abordent toutes sortes de sujets au cinéma et nous font passer du rire aux larmes grâce à leur univers singulier. Elles ont aussi le pouvoir de figer une époque pour la célébrer et lui rendre hommage. Par exemple, avec Huit Femmes (2002), François Ozon utilise la comédie musicale comme un écrin qui recueille le portrait de huit actrices ayant chacune marqué le cinéma de leur génération.

En superposant différents types de narration (les dialogues chantés, parlés et dansés), la comédie musicale au cinéma ouvre grand les portes de l’imaginaire. Elle délivre des messages magnifiés par la musique, des émotions décuplées par la danse et nous plonge dans un récit où tout semble possible. Qu’elles soient témoins d’une époque ou visionnaires, de nombreuses comédies musicales sont devenues des références. C’est notamment le cas de Phantom of the Paradise (1975), réalisé par Brian De Palma et ayant inspiré de nombreux artistes comme George Lucas ou encore Daft Punk.

Marie Serale | @marie_serale