L’univers d’Euphoria

Réalisée par Sam Levinson et coproduite par le rappeur Drake, Euphoria s’inspire de la série israélienne du même nom. 

Cette fiction dépeint le quotidien tumultueux et tourmenté de ses personnages adolescents. L’histoire nous est narrée par la voix-off de Rue, personnage central de la série, interprété par l’actrice Zendaya. Adolescente de 17 ans, Rue est déchirée par ses démons, entre le deuil de son père, son addiction aux drogues et son premier amour. A travers son naufrage existentiel, elle raconte les névroses diverses et variées des personnages qui l’entourent : Nate (Jacob Elordi), Maddy (Alexa Demie), Cassie (Sydney Sweeney) ou encore Jules (Hunter Schafer). 

Euphoria ne se contente pas d’être un simple teen-drama, puisque la série aborde des thématiques profondes telles que l’addiction, la sexualité, ou encore la quête d’identité. En effet, l’intrigue se déroule dans un lycée américain tel ceux que l’on connaît au cinéma : pom pom girls, équipe de football et bal de promo à l’appui. Pourtant, le réalisateur Sam Levinson, choisit de mettre en scène les travers des personnages clichés que l’on peut retrouver habituellement dans ce genre de décor. 

Entre fascination et psychologie

Dans Euphoria, l’esthétique est aussi importante que le scénario. Entre lumières colorées, maquillages pailletés, scènes surréalistes et suspendues, il est certain que la série démontre d’une grande créativité de la part de ses équipes. Cet univers visuel sublime est d’autant plus intéressant qu’il contraste avec l’intensité émotionnelle des sujets évoqués. 

Loin d’être superficielle, la série Euphoria aborde de façon introspective les questionnements et les choix auxquels font face ses personnages. L’épisode spécial en deux parties, diffusé entre les deux saisons en est la preuve, car il se démarque par une réalisation plus sobre pour faire la part belle aux dialogues. Dans la première partie « Trouble don’t last away », diffusée en décembre 2020, on est plongés dans une conversation longue et intense entre Rue et Ali, (interprété par Colman Domingo) son mentor, qui tente de l’aider à sortir de l’addiction. 

Si l’adolescence est une période de changements pouvant s’avérer trouble, voire très difficile, Sam Levinson prend le sujet à bras-le-corps en en présentant les aspects les plus noirs. A la sortie de la deuxième saison, l’actrice Zendaya avait d’ailleurs mis en garde ses fans dans un post sur son compte Instagram : « Euphoria s’adresse à un public mature. Cette saison, peut-être encore plus que la précédente, est profondément émotionnelle et traite de sujets qui peuvent être déclencheurs et difficiles à regarder. S’il vous plaît, ne regardez que si vous vous sentez à l’aise. »

Une équipe sensationnelle

Ce qui fait la force d’Euphoria, c’est aussi le talent de ses interprètes. En 2020, à seulement 24 ans, Zendaya a obtenu un Emmy Award dans la catégorie meilleure actrice dans une série dramatique, pour le rôle de Rue dans Euphoria. C’est la plus jeune actrice à avoir obtenu cette récompense. Outre le talent incontestable de Zendaya, Euphoria met en lumière l’éblouissante actrice Hunter Schafer qui interprète Jules, une adolescente transgenre. 
Au fil des épisodes, Euphoria fait varier l’importance des personnages, ce qui permet au spectateur de mieux les comprendre. Ainsi, on découvre tour à tour le talent des jeunes acteurs et l’épaisseur de leurs rôles comme celui de Kat (interprétée par Barbie Ferreira) ou encore de Lexi (Maude Apatow), véritable révélation de la saison 2. 

L’histoire est rendue d’autant plus captivante par la superbe bande-originale composée par l’artiste britannique Labrinth. Mélangeant allègrement les styles, tantôt épique, tantôt mélancolique, entre des notes d’orgues, des chants gospels et des sons électroniques, la musique d’Euphoria nous plonge instantanément dans son univers à la fois coloré, sombre et instable. 

Euphoria ne laisse pas indifférent et affole les réseaux sociaux. Avec une direction artistique des plus créatives et un ton d’une grande maturité, la série a su parler aux adolescents du monde entier. Jamais manichéenne, toujours nuancée, Euphoria fait appel à la sensibilité et à l’empathie de ses spectateurs. Sam Levinson évoque d’ailleurs de sa volonté de représenter un “réalisme émotionnel” au-delà d’un réalisme. Une série qui n’a pas fini de faire parler d’elle puisqu’elle est officiellement renouvelée par HBO pour une troisième saison ! 

Marie Serale | @marie_serale