Fede Álvarez, ou l’art de manier l’héritage
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De Thibaud Gomès-Léal
Retenez bien ce nom : Fede Álvarez. Le réalisateur uruguayen a su, en quinze ans de projets étonnants et de propositions puissantes, marquer les esprits. Une carrière qu’il a construite en se réappropriant notamment de célèbres franchises - Evil Dead, Alien - et en maniant les héritages avec soin.
L’école Raimi
Dès ses premiers courts-métrages, le cinéaste né en 1978 à Montevideo ne cache pas ses références et ses inspirations. Los Pocillos en 2001, El Ultimo Alevare en 2003 et surtout El Cojonudo en 2005 le montrent : Fede Álvarez est un pur produit d’une génération élevée à la VHS grésillante, et aux films de Sam Raimi, des frères Coen, de Tarantino ou encore de Robert Rodriguez.
On y retrouve une inventivité rafraîchissante, une manière de mêler les genres (fantastique, horreur, comédie noire), ainsi qu’un ton gonzo et irrévérencieux qui a fait la réputation des films tels qu’Evil Dead, Sang pour Sang et El Mariachi. Légende obscure, population inhospitalière, saillies graveleuses, expérimentations visuelles… Dans El Cojonudo, on retrouve ainsi les motifs et l’ADN de ces productions ultra-référencées des années 80 et 90.
Mais en 2009, son court-métrage Ataque de Pánico va faire changer Fede Álvarez de dimension. Montrant l’attaque de la capitale Montevideo par des vaisseaux et des robots gigantesques, il est tout à la fois un hommage au film-catastrophe et une bande démo pour prouver tout le talent du réalisateur. Mission réussie : le court d’à peine 5 minutes va être un succès en festivals et sur la toile (il sera même repris par Kanye West), et va offrir au jeune réalisateur d’à peine plus de 30 ans son premier contrat à Hollywood. Et pas avec n’importe qui : Sam Raimi lui-même.
En gore et en gore
Issu de l’école de la débrouille, le réalisateur de Mort ou Vif et Spider-Man a vu en Fede Álvarez un digne successeur, et l’homme idéal pour s’attaquer au remake de son cultissime Evil Dead en 2013. Et Raimi ne s’y est pas trompé : terrifiant, troublant et gore à souhait, celui-ci modernise et revitalise l’univers de la franchise horrifique tout en conservant l’esprit original. Une proposition radicale certes, mais bien accueillie par la critique et le public. En d’autres termes : un succès.
Fede Álvarez ne s’arrête pas là, et poursuit alors sa collaboration avec Sam Raimi et sa société Ghost House Pictures pour livrer deux ans plus tard une autre pépite : Don’t Breathe. Dans ce même esprit d’économie et d’inventivité, ce huis-clos piège une bande de jeunes dans la maison d’un vieillard aveugle mais dangereux. Un concept malin dans un esprit résolument “série B”, et qui permet au réalisateur de montrer toute sa créativité en matière de rythme, de tension et de création d’ambiance suffocante.
Un futur petit classique et un nouveau succès (158 millions de dollars au box-office mondial), qui cimentera Alvarez comme un cinéaste à suivre. Après quelques errements dans les dédales d’Hollywood, qui le mettront notamment aux commandes des douteux Millenium : Ce qui ne me tue pas en 2018 et à la production du remake de Massacre à la tronçonneuse (2022), Fede Álvarez va trouver le projet idéal dans un univers qui le fascine depuis toujours : Alien.
“Oser réinventer”
Il aura donc fallu six années pour que son Alien : Romulus (en salles depuis le 14 août) voit le jour, mais le résultat est à la hauteur des attentes. Un retour à l’ADN horrifique de la franchise, qui emprunte autant aux concepts originaux organiques, suitants et sexuels de H.R. Giger qu’au jeu vidéo, pour accoucher d’une proposition nerveuse et inspirée, qui lance la franchise vers des horizons prometteurs.
Une décennie après Evil Dead, Fede Álvarez réussit une nouvelle fois à se réapproprier un monument du cinéma réputé intouchable. Lors d’une conférence de presse avant la sortie du film, il adressait d’ailleurs la question de cet exercice peu évident : "Pour être fidèle, vous devez créer quelque chose de qualité avant tout. Et en même temps oser réinventer pour apporter de nouvelles choses, et rendre votre film spécial.”
Entre respect de l’œuvre originale et nécessité d’innover, Fede Álvarez a ainsi montré qu’il maîtrisait avec brio ce délicat jeu d’équilibriste, et qu’il était définitivement l’un des cinéastes à suivre.
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