The Florida Project : un royaume désenchanté
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Quelques mois après le sacre d’Anora, la Palme d’or du 77e Festival de Cannes, replongez dans l’univers électrique et empreint d’humanité du cinéaste américain Sean Baker. Ses films Tangerine (2015), The Florida Project (2017) et Red Rocket (2022) reviennent au cinéma pour colorer votre été. Aujourd’hui, on s’intéresse à The Florida Project qui nous transporte au cœur d’un motel de la banlieue de Disney World, là où les rêves fusent, mais peinent à devenir réalité.
Les damnés de Disney
Âgée de 6 ans, Moonee vit dans un motel situé au bord de l’autoroute qui mène au parc d'attractions Disney World, en Floride. Dans ce royaume de fortune qu’elle voit comme un terrain de jeu où faire les quatre cents coups, Moonee va et vient à sa guise, avec son ami Scooty et Jancey, une nouvelle arrivante, sous l'œil méfiant et attendri de Bobby, le gérant de l’établissement. Halley, sa jeune mère, enchaîne les combines afin de gagner quelques billets pour payer le loyer. En installant sa caméra à quelques miles du haut lieu du consumérisme et du tourisme de masse, où le monde entier vient chercher un peu de féerie, Sean Baker nous plonge dans le quotidien précaire de nombreux Américains.
The Florida Project s’intéresse ainsi à la marge, à ceux qui se sont sédentarisés dans des motels conçus, à l’origine, pour héberger les touristes les moins fortunés pendant leur séjour chez Disney. Si la réalité est loin d’être aussi aseptisée que le pays de Mickey, Sean Baker nous propose un récit à hauteur d’enfant : sous le ciel bleu de Floride, Moonee, Scooty et Jancey nous guident à travers le décor pastel et bétonné qui constitue leur maison. Ensemble, ils soutirent quelques pièces aux touristes pour se payer une glace, crachent sur les pare-brises des nouveaux arrivants et s’inventent leur propre monde merveilleux. Sales gosses malpolis, boules de nerfs incontrôlables ou enfants pris au piège ? The Florida Project pose, en tout cas, un regard tendre sur ses jeunes personnages qui ne s’empêchent pas de rêver.
Un été pastel et amer
En adoptant le point de vue des enfants, The Florida Project ne crée pourtant pas de fracture avec le monde des plus grands. Les adultes du motel ne sont pas des figures radicalement autoritaires, à commencer par Bobby, le gérant. Quand il n’est pas en train de batailler avec ses factures ou de rafistoler le bâtiment, vétuste sous sa peinture mauve, Bobby tente de régler les différends des uns et des autres, avec solidarité et toujours une tendresse pudique pour ses jeunes pensionnaires. Quant à Halley, la mère de Moonee, elle semble n’avoir pas tout à fait quitté l’enfance, toujours partante pour jouer et faire la fête, refusant une vie d’adulte qui ne lui propose que l’esclavage. Écrasée par la société de consommation, elle se résigne à survivre au jour le jour.
Derrière les éclats de rire et les façades colorées, le malaise est diffus. S’il débute avec Celebration, l’hymne festif du groupe Kool and The Gang, The Florida Project se poursuit sans musique. Il y a, certes, de la joie dans ce qui se joue devant nous, mais il y a surtout des destins brisés, des coups durs et la laideur qui enrobe la misère. Dans la toute dernière partie du film, une immense tristesse finit par tordre les traits du visage de Moonee et voilà que l’émotion nous submerge, déchirante. C’est comme si la petite fille avait retenu ses larmes toute sa vie, noyant ses peines dans un paradis factice.
Infusé d’une énergie folle et porté par des interprètes talentueux (dont Brooklynn Prince, Bria Vinaite et Willem Dafoe), The Florida Project ne sombre jamais dans la complaisance. Navigant avec une grande sensibilité entre humour et drame social, le film offre, dans sa merveilleuse scène finale, un élan d’espoir et de liberté à ses personnages.
Marie Serale | @marie_serale
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