GARETH EDWARDS, cinéaste du futur proche
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Des livres de Jules Verne à ceux d’Aldous Huxley, du Blade Runner de Ridley Scott à Existenz de David Cronenberg, l’anticipation a de tous temps était un genre à la fois excitant et terrifiant, cristallisant les angoisses des générations. Dans The Creator, Gareth Edwards confirme son appétence pour le post-apocalyptique, et son statut de réalisateur du futur proche.
“La peur de l’époque”
Il faut dire que Gareth Edwards travaille le genre de l’anticipation depuis le tout début de sa carrière. Dès 2005 et son premier téléfilm End Day, l’anglais embrasse ses thématiques frontalement, et imagine le dernier jour de la planète Terre, à travers une multitude de cataclysmes : Tsunami, météorites, supervolcan… et même un virus mortel forçant le monde à une quarantaine. L’anticipation porte bien son nom. À l’instar des Fils de l’homme d’Alfonso Cuaron en 2006, et de District 9 de Neill Blomkamp en 2009, Edwards utilise le genre pour refléter les inquiétudes d’un XXIe siècle naissant et d’une nouvelle génération, en rupture avec celles du XXe siècle. “Ma génération n’a pas grandi avec la Seconde Guerre Mondiale, le Vietnam ou l’assassinat de JFK”, déclare-t-il dans une interview. “Les images qui sont gravées dans notre cerveau et qui nous font cauchemarder sont [celles] des tsunamis et de l’ouragan Katrina”.
Un emballage de science-fiction
Cette angoisse du futur, Edwards la traduit une nouvelle fois en 2008 dans son court-métrage Factory Farmed. Il tisse pour la première fois de la science-fiction dans son récit, avec une histoire de clone soldat dans un monde là encore post-apocalyptique. Le court remporte le prix du 48h London Film Festival et conforte le cinéaste dans son ambition : raconter ses histoires sur le grand écran. Né en 1975 et biberonner à Star Wars dans sa jeunesse, Edwards va développer son court-métrage, et conjuguer son amour de la science-fiction et des thématiques qui lui sont chères dans son premier long-métrage Monsters en 2010. Sous prétexte d’un atterrissage extraterrestre et d’une zone de quarantaine entre les États-Unis et le Mexique, le réalisateur traite au final les thématiques contemporaines d’écologie et de migration climatique. Comme pour brouiller un peu plus la frontière entre réel et anticipation, Gareth Edwards favorise un tournage léger en mode “guerilla”, souvent sans autorisation, et avec des figurants non-professionnels choisis sur place. Des pointes de réalisme dans un emballage de science-fiction, comme pour mieux nous alerter sur le fait que tout ceci n’est pas si lointain.
De Godzilla à l’IA
Vu son début de carrière, son arrivée aux commandes du reboot de Godzilla en 2014 sonne comme une évidence. En effet, le kaijū de la Toho est, depuis sa création en 1954, le symbole de notre peur du nucléaire et des angoisses écologiques. Une nouvelle fois, Edwards utilise le genre pour tirer la sonnette d’alarme et mettre l’humanité face à ses responsabilités, et il l’assume : “Des films comme celui-ci nous rappellent de ne pas être trop complaisants, et que nous devrions vraiment essayer de réparer certaines des choses que
nous avons faites avant qu'il ne soit trop tard”. Si Rogue One : A Star Wars Story (2016) fait office de parenthèse dans sa carrière, il n’est pas tout à fait à écarter. On pourrait ainsi voir dans le combat de l’Alliance Rebelle contre l’Empire, une lutte de l’individu contre un système destructeur. Soit un archétype déjà incarné par Scott McNairy dans Monsters, et par Ken Watanabe dans Godzilla.
Mais c’est en 2023 que Gareth Edwards revient véritablement à l’ADN de son cinéma avec The Creator, qui narre un conflit futur entre l’humanité et l’intelligence artificielle. Loin d’effrayer le public avec les fantasmes autour de l’IA, Edwards utilise ici ce sujet polémique pour creuser les questions de différence et de xénophobie, et redéfinir les contours de l’identité, à une époque où celle-ci est remise en question. Sans abandonner sa mise en garde sur nos dérives terriennes, Edwards se montre pour l’occasion plus optimiste qu’à l’accoutumée, et voit dans l’intelligence artificielle une remise en question salutaire de notre humanité. Comme si de nos peurs les plus sourdes pouvaient surgir notre salut. Bref, un appel à se mettre au boulot pour réparer ce qui peut l’être, comme il dit, “avant qu’il ne soit trop tard”
Par Thibaud Gomès-Léal
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