Il était une fois le cinéma agricole
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1 million d’entrées pour Au nom de la Terre après un mois d’exploitation. Pas surprenant au vu du virage que prend le cinéma ces dernières années. De Petit Paysan en 2017 au Je vous trouve très beau d’Isabelle Mergault en 2005, le ciné agricole a pris de plus en plus de place sur nos écrans en consacrant des héros ordinaires aux histoires extraordinaires. Et ce n’est pas qu’une question de mode, il est le reflet de notre société actuelle, avec ses forces et ses dérives… D’agriculteurs à acteurs, il n’y a qu’un pas que le cinéma français a franchi en grande pompe.
AU NOM DE LA TERRE : l'inattendu
Loin des standards habituels et de ses rôles de jeunes premiers, Guillaume Canet s’affiche le crâne dégarni, la botte pleine de boue, et les mains dans le foin. Une métamorphose physique impressionnante pour coller au mieux à l’histoire, aux histoires que racontent ce nouveau cinéma de genre.
Au nom de la Terre , est l’histoire vraie d’un fermier qui reprend l’exploitation de son père et qui doit faire face aux changements du monde moderne. Un scénario d’apparence assez léger et moins haletant que bon nombre de superproductions. Mais ça, c’est seulement si on s’arrête à la surface, et si on remue la terre, voilà ce qu’on trouve:
Plus qu’un biopic, Au Nom de la Terre, raconte surtout une vérité. Pas uniquement celle de la famille Jarjeau, mais celle de beaucoup de familles agricoles : comment la ferme d’autrefois peut s’inscrire dans un monde de plus en plus mondialisé ? Le combat contre le temps qui passe, la solitude, et en filigrane le combat de tous les agriculteurs : exister malgré tout.
PETIT PAYSAN : le thriller agricole
Au nom de la Terre est le descendant direct de la claque de 2017 : Petit Paysan. Le titre est aussi sobre que l’histoire est sombre. On y retrouve un jeune producteur laitier contraint d’abattre une de ses vaches atteinte de la maladie de la vache folle. Maintenant que le mal est fait, comment cacher ce que tout le monde va peu à peu voir ?
S’en suit un thriller psychologique qui pénètre chaque recoin du cerveau. “Qu’auriez-vous fait à sa place ?” semble raconter chaque scène. Un récit parfois kafkaïen qui brouille les pistes entre le réel et le perçu d’un système établi et duquel les agriculteurs ne sont que des pions.
Nommé 7 fois aux Cesar pour 3 statuettes, Petit Paysan a consacré ce qu’on appelle le cinéma agricole, mais aussi la ruralité. Ces petits moments de vie, sans éclat, sans artifice, mais avec du panache. Petit paysan est grand.
CE QUI NOUE LIE : l’auberge agricole
Est-il possible de trouver plus citadin que Cédric Klapisch ? L’homme du Péril Jeune, de L’Auberge Espagnole ou encore du très explicite Paris a pourtant lui aussi tenté l’aventure agricole, viticole même. Dans Ce qui nous lie, Klapisch raconte le retour au bercail d’un fils, qui a abandonné la ferme pour un tour du monde. Un retour au chevet de son père qui va le replonger dans un monde qu’il ne voulait plus côtoyer, face à un frère qui ne veut plus de lui, et une soeur qui tente de faire le lien entre les deux.
Au rythme des vignobles et de la saison, Ce qui nous lie narre plus qu’il n’explique la filiation et le rapport familial qui scelle chaque histoire paysanne. On est le fils de son père, mais aussi le garant de l’entreprise. Un héritage parfois lourd à porter et à assumer.
Comédie dramatique familiale non dénuée d’humour et tenue par un casting jeune mais talentueux (Pio Marmai, François Civil et Ana Girardot), Ce qui nous lie prouve que la ruralité est une histoire qui ne demande qu’à être racontée, et que tous les réalisateurs, même les plus parisiens y trouvent un objet cinématographique dense et moderne.
ROXANE : la comédie agricole
Dans une toute autre ambiance, mais avec les mêmes problématiques, le Roxane de Mélanie Auffret apporte un vent de comédie sur le cinéma dit-agricole avec un Guillaume de Tonquédec lyrique. Celui qu’on a connu comme père de famille un peu coincé dans Fais pas-ci, Fais pas ça et qui joue à merveille le bourgeois parisien guindé, se mue dans les traits d’un paysan, d’un éleveur qui espère survivre… en faisant le buzz.
Si le scénario semble loufoque, il est surtout une autre façon de dépeindre le même mal qui ronge les travailleurs de la Terre : exister dans ce nouveau monde. La thématique du business est bien entendu le fil rouge, mais on y trouve aussi une peinture de la ruralité bretonne qui détonne avec le confort d’une salle sombre de cinéma. Deux salles, deux ambiances, mais un seul monde.
Cette fois, les recettes ne sont pas noires ou sombres, on y voit par détail et par le sourire la difficulté de beaucoup, et l’envie de certains. De ce qu’on appelle facilement “un feel good-movie” sur un sujet pas si drôle que ça. L’approche y est plus douce mais le fond n’en reste pas moins le même. Un pas de côté, sourire aux lèvres, sur nos campagnes.
JE VOUS TROUVE TRÈS BEAU : la première agricole
Mais avant d’être mis sur le devant de la scène, l’agriculteur ou plus vulgairement le paysan n’était pas à la mode. Alors quand Michel Blanc prend les traits d’un travailleur agricole en 2005 dans Je vous trouve très beau , il lui faut une histoire un peu hors du commun pour attirer le public. Et Isabelle Mergault va lui donner : Tout juste veuf, il va faire appel à une agence matrimoniale pour trouver une nouvelle femme… en Roumanie.
Sous fond de satire sociale et de comédie parfois burlesque, le cinéma agricole de Mergault vise juste. Le choix d’un Michel Blanc bourru plante le décor d’un monde qui semble à première vue fermée, difficile d’accès aux non-initiés. La comédie parfois grinçante au service d’un message profond : la solitude des agriculteurs.
Un succès qui sera critique, d’estime et populaire. Un Cesar et un TOP 10 au box-office sur l’année devant James Bond, Mission Impossible, OSS 117 ou encore X-Men. La graine du cinéma agricole était plantée...
Seul face à l’écran, seul face à la terre
Tous ces films, et la liste est loin d’être exhaustive, prouvent à quel point le cinéma agricole est devenu ces dernières années un axe créatif pour beaucoup. Et ce n’est pas qu’une question d’happy fews : les fils d’agriculteurs ne parlent pas qu’aux agriculteurs. Parfois ce sont des vrais parisiens qui parlent de Terre. Paradoxal, mais pas impossible.
Pour autant, le point commun de toutes ces histoires, de ces hommes et ces femmes reste la solitude. Entourés mais seuls, c’est leur quotidien. Seul dans leur métier, seul dans leur famille, ou seul face à leur porte-monnaie. Une solitude qui les conduit pour certains à une issue fatale : Un agriculteur se suicide par jour en France.
Qu’on y évoque avec le sourire ou la larme, qu’on y use de simplicité ou de burlesque, qu’on y touche du bout des doigts ou qu’on le prenne à pleine main, le cinéma agricole dépeint aussi et surtout des combats. Contre le monde, contre sa famille, contre soi-même. Une solitude, un abandon vacant, parfois fatal, mais non sans grandeur ni sublime.
Au nom de la Terre réunit tous ces éléments, il est à la fois la plus belle et la plus triste des cartes postales de notre monde en dehors des routes, sur les chemins, où la terre s’accroche sous nos bottes, frottent nos mains et griment nos visages. Au nom de la Terre est une ode et un appel au secours. Au nom de la Terre n’a jamais aussi bien porté son nom… Le cinéma aime raconter des histoires. Et parfois, elles sont plus vraies que nature.
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