Il était une fois... Le Comte de Monte-Cristo
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Le roman au succès planétaire, habité par un personnage sombre et iconique, revient dans une nouvelle adaptation du célèbre Comte de Monte-Cristo sur nos écrans. Cet ouvrage n’a de cesse, au fil des années, de susciter la passion chez les cinéastes, mais aussi et surtout chez les spectateurs. À l’occasion de la sortie de ce nouveau film le 28 juin, revenons aux origines de ce mythe intemporel.
A l’origine, une histoire presque vraie
La source d’inspiration d’Alexandre Dumas est complexe et assez nébuleuse. Auréolé du succès de ses Trois mousquetaires, publié en feuilleton en 1844 dans le journal Le Siècle, le romancier veut proposer un récit de voyage à travers la ville de Paris. Mais il change d’idée apparemment motivé par la découverte d’une affaire pas banale. L’auteur explique après la parution du Comte de Monte-Cristo, que la structure de son œuvre lui a été inspiré par la lecture du livre Archives de la police, mémoires apocryphes de Jacques Peuchet, journaliste spécialisé dans les affaires judiciaires, édité en 1838. Il s’agit d’un recueil d’histoires ayant marqué la vie de cet homme. Parmi celles-ci, figure Le Diamant et la Vengeance, le cas à peine croyable de François Picaud, qui, par jalousie, et à la suite d’un pari idiot, est dénoncé par des amis comme un espion anglais. Il est arrêté le jour de ses noces et emprisonné sept ans à la forteresse alpine de Fenestrelle dans le Piémont. En prison, Picaud se lie d’amitié avec un prêtre italien mourant, qui lui lègue un trésor dissimulé à Milan. Une fois sa peine exécutée et sa fortune faite, il change de nom et apprend par l’un de ses proches, Antoine Allut, qui ne faisait pas partie de la machination, l’identité de ceux qui ont précipité sa chute. Picaud met alors au point un plan pour se venger grâce à sa richesse et de sombres stratagèmes. Il ruine et assassine méthodiquement chacun des conspirateurs, avant de connaitre lui-même un destin funeste, trahi cette fois, par son ami Allut qui souhaitait lui extorquer de l’argent. C’est d’ailleurs Allut qui finira par faire le récit de cette étonnante histoire à un prêtre sur son lit de mort afin de soulager sa conscience. La police recevra finalement les confessions du criminel par l’entremise de l’homme d’église. Cette affaire à peine croyable et présentée comme véridique dans le livre de Jacques Peuchet, a sans doute été abondamment romancée à l’insu de l’auteur original. Au décès de ce dernier, ses éditeurs, bien décidés à ajouter plus de sensationnel aux chroniques du journaliste, engagent un auteur, Etienne-Léon de Lamothe-Langon, qui retravaillera les notes du regretté Peuchet. Les Archives de la police sont donc vraisemblablement et largement le fruit de l’imagination de Lamothe-Langon. Dumas qui, comme à son habitude, cherchait à sublimer des évènements réels à travers sa littérature, s’est laissé prendre par cette fausse chronique et a puisé dans cette fiction pour construire Le comte de Monte-Cristo qui en reprend la trame générale. Mais ça n’est pas l’unique sujet d’inspiration de l’auteur. En effet, Dumas raconte aussi dans État civil du Comte de Monte-Cristo, alors qu’il était en voyage à Florence en 1841, qu’il a côtoyé la famille Bonaparte. Il a notamment voyagé à travers l’Italie aux côtés du fils de Jérôme Bonaparte, Napoléon, neveux de l’empereur. Durant une traversée, ils firent tous deux le tour de l’île de Monte-Cristo, une île située au sud de l’île d’Elbe, théâtre du premier exile de Napoléon Bonaparte. Le romancier fut particulièrement intrigué par cet îlot rocheux de dix kilomètres à peine de superficie. C’est finalement sur cette île que Dantès, dans l’ouvrage, découvrira le fabuleux trésor de l’abbé Faria, outil indispensable à sa future vengeance.
Le roman d’Alexandre Dumas est d’abord publié en feuilleton dans Le journal des débats, en trois parties, du 28 août 1844, au 15 janvier 1846. Dès la parution, c’est un succès immédiat qui captive au-delà même de la France puisque le roman est édité en version abrégée en Angleterre dès 1846. Ce succès mondial en fera plus tard, un sujet de choix pour un nouvel art naissant, le cinéma.
Cent ans de succès au cinéma
L’histoire des adaptations cinématographiques des romans d’Alexandre Dumas ne date pas d’hier. Dès 1898, l’américain William K.L. Dickson réalise Fencing Contest from 'The Three Musketeers', un combat à l’épée mettant en scène les célèbres mousquetaires.
Le Comte de Monte-Cristo suivra le même chemin peu de temps après, alors que le cinéma, en constante évolution à cette époque, cherche à aller plus loin en termes de narration. Cette histoire est un sujet de choix, avant tout par son récit qui mêle des ingrédients parfaitement attractifs, l’aventure, le drame humain, l’injustice, et la vengeance. Mais aussi et surtout, car le livre est un succès d’édition mondial, qui attirera assurément des lecteurs encore peu habitués à voir leur roman préféré transposé sur grand écran. La première adaptation est américaine, et parait dans les cinémas en 1908, réalisée par Francis Bogg, prolifique metteur en scène à cette époque. Ce film a pour particularité d’avoir été le premier à être tourné en partie à Hollywood, son producteur, William Sellig, cherchant à faire revivre la côte méditerranéenne sous le soleil californien. Le succès du métrage et la praticité de la région pour les tournages en raison de son ensoleillement achèveront de convaincre Sellig de quitter définitivement ses studios de Chicago pour s’installer à Hollywood. D’autres, inspirés par sa démarche, finiront par le suivre avec le succès que nous connaissons aujourd’hui. La France n’est pas en reste, puisque l’année suivante est produite, dans nos contrées, une autre adaptation du Comte de Monte-Cristo, Le prisonnier du château d’If, cette fois mise en scène par Victorin Jasset, l’un des pères de la sérialisation filmique, ancêtre de la série télévisée, mais au cinéma. S’en suivent ensuite quantité de nouvelles versions, presque tous les ans, dans différents pays à travers le monde. L’une des plus notables de l’ère du muet, reste celle du réalisateur Henri Pouctal qui de 1914 à 1918, durant la Grande Guerre, mettra sur pied une œuvre sérielle colossale, pour l’époque, en huit parties, afin d’être au plus proche de la trame du roman. La production de ce serial fut perturbée par la Première Guerre mondiale si bien que l’acteur interprétant à l’origine Edmond Dantès, Jean Angélo, dut être remplacé par Léon Mathot, étant mobilisé sur le front. Angélo eu plus tard l’occasion de reprendre ce rôle si prestigieux, dans une nouvelle adaptation en 1929. Après la période du muet, deux films français connurent un succès particulièrement remarqué, avec d’abord, la version de Robert Vernay de 1954, qui avait déjà réalisé Monte-Cristo en 1943. La super star de l’époque, Jean Marais endosse le rôle d’Edmond Dantès, et ainsi fait basculer sa carrière en popularisant le film de cape et d’épée, genre dont il sera l’un des porte-étendards. La seconde adaptation est celle du célèbre metteur en scène Claude Autant-Lara en 1961, avec Louis Jourdan dans le rôle-titre. Ce film fut l’un des plus grands succès l’année de sa sortie, et fut notamment en concurrence avec Les Trois Mousquetaires par Bernard Broderie, preuve s’il en est de l’influence culturelle immense des œuvres d’Alexandre Dumas au cinéma à l’époque.
Cette fascination perdurera les années suivantes, car même si les adaptations cinématographiques finiront par se faire plus rares, c’est la télévision, désormais accessible à tous les foyers, qui puisera dans le roman afin d’en créer des feuilletons. On recense donc de nombreux téléfilms et séries, inspirés ou directement adaptés du livre à travers le monde, et jusqu’à aujourd’hui. Même la célèbre série animée Les Simpson, s’inspirera de la trame du roman pour en proposer un pastiche. Aujourd’hui, Alexandre Dumas revient en force avec l’idée de deux réalisateurs et scénaristes français, de proposer des versions modernes, de ses œuvres majeures.
Alexandre Dumas au XXIème siècle
Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte, deux réalisateurs-scénaristes, auréolés du succès de leur pièce/film Le prénom sont contactés par le producteur Dimitri Rassam pour concevoir des blockbusters à la française, autour de livres populaires de notre patrimoine culturel. Ils choisissent, en premier lieu, d’adapter sur les écrans Les trois mousquetaires. De La Patellière et Delaporte connaissent bien l’œuvre de Dumas puisqu’ils ont déjà cherché quelques années auparavant à en tirer une pièce de théâtre. Les deux hommes ont tout de suite dans l’idée d’offrir une interprétation plus tragique et sérieuse que les précédentes adaptations plus drôles et familiales. Ils souhaitaient également proposer une version cohérente, où tous les personnages auraient un rôle défini, des motivations personnelles qui viendraient s’entrechoquer les unes aux autres, tout au long du long métrage. Le roman est si massif et le travail d’adaptation si grand qu’il est rapidement décidé de le découper en deux films distincts, Les trois mousquetaires : D’Artagnan, et Les trois mousquetaires : Milady, tournés d’un seul coup et dont les sorties ne seraient espacées que de quelques mois en vue de ne pas frustrer le spectateur. La réalisation de ce dytique est confiée à Martin Bourboulon, qui a déjà travaillé avec le duo de scénaristes sur les comédies à succès Papa ou Maman 1 et 2. La mise en scène de Bourboulon fait la part belle aux plans caméra épaule afin de rendre crédibles et viscéraux des affrontements à l’épée particulièrement chorégraphiés. Les deux productions au budget de 70 millions d’euros réunissent un casting cinq étoiles de grands acteurs français, à la renommée nationale et internationale. Ces deux films font clairement partie des blockbusters français les plus ambitieux de ces dernières années. Le succès de la collaboration entre les deux auteurs et le producteur est tel, que le 20 novembre 2020, avant même le tournage des Trois Mousquetaires, Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte annoncent qu’ils vont écrire et réaliser une adaptation, avec la même vision moderne, du Comte de Monte-Cristo. Clin d’œil de l’histoire, Denys de La Patellière, le père d’Alexandre, avait lui-même développé une minisérie tirée du livre en 1979, avec dans le rôle-titre Jacques Weber.
Cette fois, les scénaristes ont fait le choix de fixer principalement le point de vue du film, sur la figure d’Edmond Dantès, afin de ressentir plus intensément encore ses tourments, et ses sentiments troublés. Il devient ici une allégorie de la vengeance, un justicier masqué, comme peut l’être le super héros moderne, lui aussi multiadapté, Batman. Pierre Niney est rapidement sélectionné pour incarner ce rôle si singulier. Plus de 150h de maquillage durant le tournage ont été nécessaires au comédien de sorte qu’il puisse arborer les différents visages de Dantès au cours de la vingtaine d’années que va traverser le personnage. L’acteur s’est même entrainé avec le champion du monde d’apnée fixe, Stefan Mifsud, dans l’intention de pouvoir réaliser lui-même les cascades durant les scènes d’évasion du château d’If. Comme pour Les trois Mousquetaires, un soin particulier a été apporté aux séquences à grand spectacle, afin de pouvoir transposer le souffle épique qui constitue aussi une grande part de l’œuvre. Les réalisateurs se sont beaucoup inspirés d’adaptations romanesques majeures, comme Lawrence d’Arabie de David Lean, ou encore Bram Stoker’s Dracula de Francis Ford Coppola. Le film est même présenté hors compétition durant le Festival de Cannes le 22 mai 2024, sort souvent réservé aux blockbusters américains les plus attendus de l’année.
Grâce au trio Dimitri Rassam, Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte, l’œuvre puissante d’Alexandre Dumas fait un retour fracassant sur les écrans français. Dépoussiérant le mythe, ces nouveaux films s’inscrivent dans une longue lignée prestigieuse qui a façonné le cinéma populaire français au fil du temps. Le personnage d’Edmond Dantès fascine toujours autant des siècles après sa création, car il est une figure très actuelle d’un homme en lutte contre l’injustice et la corruption, avec malgré tout, des failles très humaines, faisant de lui un individu complexe proche de basculer vers la folie. Cette fable captivante n’a pas fini de hanter notre imaginaire collectif. Espérons aussi que d’autres romans passionnants d’Alexandre Dumas trouvent le chemin de nos écrans, comme les suites tragiques des Trois Mousquetaires, ou encore La Reine Margot, fresque familiale sanglante autour de la nuit de la Saint Barthélémy, mais ceci est une autre histoire...
Raphaël Bleines-Ferrari
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