Interview de Ardavan Safaee, Président de Pathé Films
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Pourriez-vous vous présenter et nous parler des différentes activités de Pathé au sein de l’industrie du cinéma ?
Je préside l’activité de production et distribution (en France et dans le monde) de Pathé. Pathé a la particularité d’être présent en amont et en aval de la chaine de cette industrie. Nous développons, produisons, distribuons et exploitons des films de cinéma. Cette maitrise de la chaine nous permet de bénéficier des expertises et expériences de chaque département pour faire avancer et grandir l’ensemble. La vision du groupe étant la montée en gamme et l’innovation, nous adaptons chaque chaine de l’ensemble pour créer un tout cohérent. Le groupe est présent dans plusieurs pays européens en dehors de la France : Pays-Bas (exploitation), Belgique (exploitation), Angleterre (production / distribution), Suisse (exploitation et distribution).
L’activité spécifique de production et distribution a pour objectif de travailler sur une dizaines de films chaque année. Nous investissons des sommes importantes pour l’acquisitions de mandats de commercialisation, de parts de coproductions, et de frais de publicité, en collaboration bien sûr avec les auteurs, réalisateurs et artistes-interprètes, mais aussi avec des producteurs indépendants qui développent et nous présentent des projets « packagés » c’est-à-dire prêts à partir en tournage et pour lesquels ils cherchent des financements. Nous mettons la priorité sur les films français capables de faire venir le plus grand nombre de spectateurs, et participons également aux films de réalisateurs/trices français et étrangers qui sont régulièrement présentés dans des grands festivals internationaux.
Nous disposons d’un catalogue de films important de près de 1000 titres, que nous vendons aux chaines de télévision régulièrement. Ce catalogue est un peu le poumon de l’activité de production et distribution, nous permettant de prendre des risques sur des projets ambitieux.
Quel est le film ou la personne qui vous a donné envie de faire votre métier ?
J’ai développé une cinéphilie à l’adolescence avec mes camarades de classe, qui s’est précisée et étoffée avec le temps au gré des rencontres. Personne dans mon entourage ne m’a transmis la passion de ce métier, elle est apparue à mesure que je voyais des films et que je découvrais comment ils étaient faits. Si je devais cité un film ce serait « Il était une fois en Amérique » de Sergio Leone : adolescent, je suis tombé dessus par hasard à la télévision et je n’ai pas pu décrocher de tout le film, qui dure près de 4 heures. Ca a sans doute créé un déclic et j’ai enchainé avec les films de Stanley Kubrick qui m’ont tous tellement impressionnés que je devais comprendre comment ils ont pu être produits.
Je me demande aujourd’hui comment un adolescent pourrait tomber sur ce film à la télévision par hasard, alors que les jeunes ont déserté les cinémas et la télévision au profit des « contenus » consommés sur leurs mobiles.
Comment votre activité s’est-elle réinventée ou va-t-elle se réinventer en cette période de crise sanitaire et de confinement ?
Notre activité avait déjà commencé la réflexion sur sa mue avant la crise. En réalité, le secteur de la production et distribution est en crise depuis quelques temps, et cette crise sanitaire va l’accélérer voire l’aggraver. C’est une crise de financement et une crise de recettes : entre 2016 et 2019 les financements des films français ont baissé de 300 millions d’euros. Les seuls investissements des chaines TV ont baissé de 100 millions d’euros entre 2015 et 2019. En parallèle, le marché de la vidéo a brutalement chuté depuis 10 ans, et ne cesse de chuter. Le marché international s’est tendu et les entrées en salles se concentrent sur les blockbusters américains. La conséquence est une trop forte pression sur les entrées en salles, car la vidéo et la TV étaient des amortisseurs importants des investissements des distributeurs.
Nous avons entamé notre réflexion sur plusieurs axes : faire moins de films mais avec un niveau d’investissement équivalent pour garder notre ambition sur les films à budgets importants en phase avec la stratégie du groupe et des salles, développer ou co-développer plus en interne afin de mieux maitriser cette étape clé, trouver des relais de financements et de recettes auprès des opérateurs étrangers qui commencent aussi à s’intéresser aux films français.
Sur quels atouts le cinéma français devra-t-il s’appuyer à votre avis pour surmonter cette épreuve ?
L’atout majeur du cinéma français c’est sa diversité, son système de financement unique, qui ont permis l’éclosion de talents et d’une industrie capable de résister aux films américains avec une part de marché de films locaux très supérieure à celle de nos voisins. La crise risque de mettre ces atouts à mal si le secteur ne se réinvente pas et ne s’adapte pas à la manière dont les gens veulent voir des films.
Quel est le film que vous avez hâte de voir en salle une fois que les cinémas seront rouverts ? #oniratousaucinema
Tennet de Christopher Nolan. Un des seuls réalisateurs capable de faire des grands films avec un scénario original, sans que ce soit une suite, une adaptation ou un remake.
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