James Bond : l’héritage de l’ère Daniel Craig
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Après cinq films à son actif, Daniel Craig raccroche le costume de l’agent 007 cette année. Alors que Mourir peut attendre est enfin présenté au public après un retard de deux ans dû à la crise sanitaire, la sortie du film est l’occasion de faire le bilan sur l’ère Daniel Craig. Qu’est-ce que l’acteur a apporté à cette saga qui fêtera bientôt ses 70 ans ?
Un choix qui détonne
Chaque incarnation du personnage peut être vue comme un soft reboot : l’acteur participe à construire le mythe de James Bond tout en restant dans les codes mis en place par Ian Fleming dans les années 50. Le choix de Daniel Craig après le flegmatique Pierce Brosnan a fait débat : l’acteur ne rentre pas dans les cases de ses prédécesseurs avec sa blondeur et son physique brut et les fans se sont très vite polarisés sur ce choix qui détonnait avec les canons de la saga.
Le réalisateur de Casino Royale, Martin Campbell, a lui-même avoué avoir douté (via Variety) : "Pour être tout à fait honnête, cela m’a pris un peu de temps pour le voir. Le jeu d’acteur de Daniel était génial, mais ce n’était pas un beau garçon". C’était là tout l’objectif de Barbara Broccoli qui voulait percer l’aura de perfection du personnage pour lui donner du corps et ainsi le faire entrer dans le 21ème siècle.
Un héros du 21ème siècle
Et pour un premier film avec ce casting si décrié, il fallait frapper fort. Casino Royale délaisse les gadgets pour proposer un film d’espionnage favorisant les scènes d’actions intimistes mais brutales, aux fameuses set pieces parfois exubérantes des précédents films. Le ton est aussi plus sérieux, plus dramatique, notamment grâce à la relation entre Bond et Vesper Lynd (Eva Green), une réécriture convaincante de la James Bond girl dans une dynamique que n’arriveront jamais à égaler les films qui suivront.
La saga devait se réinventer pour l’après 11 septembre, sans compter que le cinéma d’espionnage se renouvelle sans cesse alors que Bond lui, semblait stagner. Les films Jason Bourne, également adaptés de livres (écrits par Robert Ludlum) ont laissé leur empreinte sur le genre, avec un personnage principal torturé par son passé et une mise en scène ultra-nerveuse. La trilogie réalisée par Doug Liman et Paul Greengrass, souvent vue comme l’anti-James Bond, a porté sa marque sur les trois premiers films de l’ère Daniel Craig. La physicalité de l’action prend ainsi le dessus sur le spectaculaire pour une plus grande connexion avec le personnage. Seul Quantum of Solace a cependant tiré les mauvaises leçons de cette filiation, avec un montage illisible au sein d’une intrigue oubliable.
L’autre influence avouée pour Casino Royale, est celle des films Batman de Christopher Nolan, qui ont su proposer une nouvelle vision d’un personnage iconique pour une tout autre époque. Pour faire rentrer Bond dans la modernité, il faut aussi adopter les codes des grandes sagas.
Une histoire dans la continuité
Traditionnellement, chaque film James Bond raconte une histoire bouclée et à chaque fois différente. Si certains opus affichent des références aux précédents avec le retour de certains grands méchants, la saga a toujours adopté ce format dit procédural. Avec l’arrivée de Daniel Craig, James Bond a adopté une structure narrative hybride avec une intrigue principale liée à un antagoniste à chaque fois différent, et une intrigue en fil rouge qui traverse les 5 films.
Alors que les spectateurs suivent des séries parfois depuis de nombreuses années et se pressent au cinéma pour découvrir les différentes phases de l’Univers Cinématographique Marvel, les films James Bond adoptent aussi une certaine continuité. Loin d’être anecdotique, cette décision a permis au scénariste de creuser le personnage et ses fêlures sur plusieurs opus.
Reste maintenant à savoir ce que deviendra James Bond dans cette nouvelle décennie ? L’acteur d’une part, mais aussi la franchise qui, dans Mourir peut attendre amorcent des pistes, nous laissent entrevoir ce que deviendra 007. Mais patience ! Pour le vérifier, il faudra attendre l’année prochaine...
Hugo Cléry | @HugoClery
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