Une invitation à mieux voir le monde

A travers nos quotidiens encombrés, hyperconnectés, nous dressons un voile de plus en plus opaque qui nous sépare de la nature. La Panthère des neiges nous fait voyager jusqu’aux hauts plateaux du Tibet, où l’on découvre les vertus de la patience et de l’affût. On plonge dans l’ambiance feutrée de ce documentaire qui mêle les séquences authentiques de Marie Amiguet aux textes poétiques de Sylvain Tesson et aux photographies sublimes de Vincent Munier. 

Au-delà d’apercevoir la panthère des neiges, la volonté de ces voyageurs est de contempler la beauté du monde et de savourer les rencontres imprévisibles et aléatoires avec les animaux, qu’ils appellent « princes de la Terre ». Les protagonistes de ce périple nous sensibilisent à l’art de la lecture des paysages et des traces. Tout au long du film, nous sommes, nous aussi, invités à prendre le temps d’observer la nature qui s’offre sous nos yeux. 

Les dialogues entre Sylvain Tesson et Vincent Munier interrogent la condition humaine et son rapport à la nature. Ils affirment, avec raison, que l’Homme n’a presque plus rien de son origine animale et que ses sens ne sont plus en éveil. Leur périple est une opportunité de se confronter à la Terre, brute et magnifique, pour se rendre compte de l’importance dérisoire de l’Homme face à la richesse de ce monde dont on délaisse la beauté. 

Entre aventure humaine et voyage initiatique

« Dans la nature, t’es face à toi-même, tu ne peux pas tricher. » affirme Vincent Munier. Si le documentaire est riche d’images spectaculaires et de rencontres animales inattendues, il nous émeut et nous questionne par sa dimension humaine. On assiste à de véritables moments de partage et d’introspection. 

Vincent Munier initie Sylvain Tesson (et nous-mêmes, spectateurs) à l’art de l’affût : savoir déchiffrer les traces et indices qui témoignent d’une présence animale, puis guetter, parfois pendant de longues heures froides et incertaines, avec l’espoir fragile d’une rencontre. Ces moments méditatifs face à l’immensité des paysages tibétains donnent lieux à d’intenses réflexions de la part des protagonistes. 

A travers leur regard on ressent une profonde nécessité de prendre conscience du monde qui nous entoure, de réveiller nos sens. Parmi les émotions qui sont retranscrites dans le film, on retient le « saisissement au cœur » évoqué par Sylvain Tesson lorsqu’il aperçoit enfin la panthère : « Rencontrer un animal est une jouvence. L'œil capte un scintillement. La bête est une clef, elle ouvre une porte. Derrière, l'incommunicable. »

La panthère des neiges, fantôme des montagnes

Véritable clé du récit, ce félin symbolise à la fois toute la beauté du monde qui est en train de se consumer, mais aussi le caractère mystique de la nature. Durant leur périple au Tibet, les protagonistes du documentaire ne pouvaient avoir aucune certitude concernant leurs chances de rencontrer la panthère. 

Aussi majestueuse que mystérieuse, la panthère des neiges vit dans les régions les plus reculées des douze pays d’Asie où elle se trouve. Elle réside dans des zones difficilement accessibles : l’observer est donc complexe. Cet animal est si rare et discret qu’il est surnommé le « fantôme des montagnes ». Aujourd’hui, la panthère des neiges est une espèce menacée, notamment par l’activité humaine.  

La panthère des neiges est une ode poétique et philosophique à la beauté du monde. Ni moralisateur, ni fataliste, c’est un film engagé qui sensibilise ses spectateurs à ouvrir les yeux et à prendre conscience que la beauté se trouve tout autour de nous et qu’il ne tient qu’à nous de la préserver. 

Visionnez la bande annonce :

Marie Serale | @marie_serale