La plus précieuse des marchandises : une étincelle au cœur de l’hiver
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Avec La plus précieuse des marchandises, Michel Hazanavicius signe son premier long-métrage d’animation, adapté du livre éponyme de Jean-Claude Grumberg. Ce conte nous plonge dans le quotidien d’un couple de bûcherons polonais pendant la Seconde Guerre mondiale. Lorsqu’un jour, ils découvrent une petite marchandise jetée du train qui sillonne la forêt, leur vie est bouleversée.
Dans l’ombre de la Shoah
« Il était une fois, dans un grand bois, un pauvre bûcheron et une pauvre bûcheronne. »
Dès les premières minutes du film, le ton est donné : il s’agit d’un conte, tout comme le récit de Jean-Claude Grumberg dont il est adapté. Entre la forêt enneigée et la voix si singulière de Jean-Louis Trintignant, décédé en 2022, on pourrait croire à un récit intemporel, dans un monde imaginaire. La plus précieuse des marchandises se déroule pourtant en Pologne, dans une forêt où passe chaque jour un train qui conduit les déportés vers les camps nazis. Si le film trace son récit dans l’ombre de la Shoah, il ne la nomme jamais. Il n’y est pas question de Juifs, ni de nazis, mais plutôt de « sans cœurs » ou encore de « dieux du train ». Comme de nombreux contes, l’histoire se construit sur un ensemble de symboles, qui permettent au spectateur de faire, lui-même, le lien avec la réalité.
La précieuse marchandise mentionnée dans le titre est, en réalité, un bébé, jeté du train de la mort par son père, dans une tentative désespérée de lui offrir un avenir. Lorsque la bûcheronne aperçoit l’enfant dans la neige, elle croit assister à un miracle. Elle qui espérait un signe de la part des « dieux du train » pour l’aider à sortir de la misère, finit par sauver la vie d’un bébé. Le bûcheron, lui, voit les choses autrement. Il considère l’enfant comme une bouche supplémentaire à nourrir, mais le soupçonne aussi d’être un « sans cœur », comme le peuple qui attise la haine des autres habitants de la forêt. Ses croyances absurdes et sa peur de l’inconnu vont pourtant peu à peu se dissiper, lorsqu’il comprendra, au contact de l’enfant, que « les sans cœurs ont un cœur ». Au-delà d’une histoire dans l’Histoire, La plus précieuse des marchandises raconte ce qu’il reste d’humanité au cœur des ténèbres.
Les débuts de Michel Hazanavicius dans l’animation
Du livre au film, La plus précieuse des marchandises est aussi un projet profondément intime. Jean-Claude Grumberg, l’auteur du livre, a grandi dans la Maison des enfants de Moissac, qui a abrité de nombreux enfants juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. L’ensemble de son œuvre est marquée par son vécu et sa lutte contre l’antisémitisme. La plus précieuse des marchandises, marque aussi les débuts de Michel Hazanavicius dans l’animation, après avoir pratiqué le dessin en amateur depuis des années. D’autre part, les deux hommes se connaissent depuis des années, puisque Jean-Claude Grumberg est un ami de longue date des parents du cinéaste.
Couleurs désaturées, paysages profonds, personnages aux traits épurés : les dessins de La plus précieuse des marchandises sont d’une grande beauté. Dans un entretien avec le CNC, Michel Hazanavicius a indiqué s’être inspiré du travail de l’artiste Henri Rivière, figure du japonisme, pour créer l’univers graphique du film. Afin de conserver une certaine distance avec le réel et pour le suggérer sans minimiser ses plus sombres aspects, l’animation demeure simple, laissant parfois place à des images fixes, notamment lors des scènes qui montrent l’horreur des camps. La plus précieuse des marchandises est aussi une œuvre qui s’écoute : l’ambiance sonore et les voix des talentueux interprètes (Grégory Gadebois, Dominique Blanc, Denis Podalydès) permettent une immersion totale dans le récit.
Entre mémoire et poésie, Michel Hazanavicius rend ainsi un bel hommage aux Justes de la Seconde Guerre mondiale.
Marie Serale | @marie_serale
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