La recette Blumhouse

Créée en 2000 par le producteur Jason Blum, la société n’a véritablement explosé que neuf ans plus tard, avec la sortie du premier Paranormal Activity. Un film du sous-genre “found-footage” au micro-budget de 450 000 $ qui va créer l’événement et généré plus de 193 millions de dollars dans le monde. Un succès impressionnant qui est le résultat du “modèle Blumhouse”, soit des films d’horreur à moindre coût et au concept fort, et bénéficiant d’une promotion massive et d’une distribution à grande échelle, assurée le plus souvent par le studio Universal Pictures.

Et ça fonctionne : outre les 7 films Paranormal Activity, la toute jeune société connaîtra le succès avec les franchises Insidious (5 films) et American Nightmare (5 films), et obtiendra une reconnaissance critique avec Whiplash (2014) et Get Out (2017). Au final, Blumhouse a produit ainsi près de 120 films au budget moyen de 7 millions de dollars, et qui ont rapporté… 5,7 milliards de dollars dans le monde. Une recette qui marche.

Vieilles casseroles et meilleures soupes

Pourtant, cette recette est loin d’être révolutionnaire, et Jason Blum semble suivre le fameux dicton : “c’est dans les vieilles casseroles qu’on fait les meilleures soupes”. Historiquement, le genre horrifique a toujours été propice aux budgets modestes, et sa tendance à provoquer les bas-instincts des spectateurs peut aisément créer l’événement.. et produire un succès. Un schéma déjà vu dans le cas des cultes Halloween (1978), Vendredi 13 (1980), Le Projet Blair Witch (1999) ou encore Saw (2004), et qui est la clé de voûte de la société Blumhouse. Mais au-delà de ce modèle, le coup de génie de son fondateur est surtout de miser sur des réalisateurs prometteurs qui, de temps en temps, font toute la différence : James Wan, Jordan Peele, Damien Chazelle, Mike Flanagan, Scott Derrickson… Ajoutez à cela les collaborations régulières avec des grands noms tels que M. Night Shyamalan, Rob Zombie, Eli Roth ou encore Spike Lee, et Blumhouse Productions est devenu avec les années un partenaire privilégié pour les cinéastes d’horreur.

Un modèle en mutation

Mais le modèle qui a fait la renommée du studio se trouve aujourd’hui en pleine mutation. Blumhouse a depuis inspiré d’autres studios (Warner et son univers Conjuring), et la société se doit de changer de dimension si elle veut rester pertinente dans le paradigme hollywoodien actuel. Depuis quelques années, sa stratégie consiste à délaisser les concepts originaux au profit de franchises déjà établies, soit les fameuses “IP” (“intellectual properties”), quitte à perdre un peu de son ADN au passage. Blumhouse a ainsi proposé récemment les remakes ou suites des films Halloween (2018), L’Homme invisible (2020), ou encore Firestarter (2022), toujours en partenariat avec Universal Pictures. Si ce changement d’échelle ne se fait pas sans casse (L’Exorciste - Dévotion n’a pas été le succès attendu) Jason Blum a montré qu’il savait s’adapter pour survivre… et que son modèle a encore de beaux jours devant lui. Dernier exemple en date, le succès surprise du film d’horreur Five Nights at Freddy’s, qui vient tout simplement de signer le meilleur démarrage au box-office de la société. On a le sentiment qu’après un quart de siècle d’existence, Blumhouse ne fait que commencer

de Thibaud Gomès-Léal