Le Procès Goldman : entre arène et théâtre
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Après avoir ouvert la Quinzaine des Cinéastes en mai dernier comme un coup d’éclat, Le Procès Goldman, le nouveau film de Cédric Kahn (La Prière, Fête de famille) arrive au cinéma. Lorsqu’il a découvert l’histoire de Pierre Goldman en lisant son livre Souvenirs obscurs d’un Juif polonais né en France, le réalisateur a tout de suite souhaité la porter à l’écran, en écartant le biopic au profit d’un film de procès. En résulte un long-métrage captivant qui revient sur une affaire qui a passionné la France dans les années 1970.
Pierre Goldman, icône ou gangster
Demi-frère aîné de l’auteur-compositeur-interprète Jean-Jacques Goldman, Pierre Goldman était un militant d’extrême gauche, accusé d’avoir commis plusieurs crimes et délits. Fils de deux héros de la résistance juive communiste en France, militant révolutionnaire, braqueur, écrivain, c’était aussi un homme aux mille visages. Pour Cédric Kahn, la vie de Pierre Goldman est « une série d’échecs, de drames, de renoncements ». Dans son nouveau long-métrage, le cinéaste a choisi de se concentrer sur le second procès de Pierre Goldman, condamné en première instance à l’emprisonnement à perpétuité pour avoir commis quatre braquages à main armée, dont un ayant entraîné la mort de deux pharmaciennes. Alors qu’il affirmait être innocent dans l’affaire du double meurtre, Pierre Goldman a reçu le soutien de nombreux intellectuels de gauche (dont Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre) et est rapidement devenu une icône.
Le Procès Goldman annonce son contexte de manière très factuelle, en quelques phrases qui précèdent le début du film, avant de nous plonger jusqu’à sa dernière minute, au cœur du procès. Pourtant, le contexte historique demeure parfaitement lisible par la suite, que ce soit à travers les témoignages des proches de l’accusé ou l’interprétation magistrale d’Arieh Worthalter, qui incarne un Goldman provocateur et charismatique. S’appuyant sur la fidélité historique de son récit, Cédric Kahn filme le procès comme une arène où son protagoniste règne en maître, combattant ses adversaires et conquérant le public.
Joute verbale
« Je suis innocent parce que je suis innocent. » clame Arieh Worthalter, en reprenant les mots de Pierre Goldman lui-même. Cédric Kahn s’intéresse à ce qui fait vivre un procès, surtout en l’absence de preuves : les mots. Les répliques percutantes et les accès de colère de l'accusé rythment le récit, alimentant la ferveur des membres de l’assistance qui scandent son nom. La plaidoirie de Maître Kiejman, son avocat, est reprise au mot près par le génial Arthur Harari. Dans Le Procès Goldman, nous assistons à une véritable joute verbale. La cour devient un théâtre historico-politique abordant des sujets qui font écho avec l’actualité. Et nous, spectateurs, sommes invités à nous questionner au-delà de la justice et de la recherche de la vérité, sur ce qui définit le système judiciaire.
Ses images serrées, précises, immersives, l’implication de tous ses acteurs (Cédric Kahn évoque même un tournage « communiste », sans hiérarchie entre les rôles principaux et les figurants.) et ses dialogues captivants font de Le Procès Goldman un film d’une grande maîtrise. S’il n’apporte rien de nouveau au genre du film de procès, Cédric Kahn s’en approprie parfaitement la rigueur pour raconter une histoire dense et nécessaire.
Marie Serale | @marie_serale
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