Les Chambres rouges, derrière l’écran noir
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Dans Les Chambres rouges, troisième long-métrage de Pascal Plante, le Québec est fasciné par le procès hyper-médiatisé du tueur en série Ludovic Chevalier. Chaque nuit, Kelly-Anne et Clémentine dorment dans la rue pour s’assurer une place dans le public de la salle d’audience, le lendemain matin. Inspirées des killers groupies, comme d’un public avide de true crime, elles questionnent ce que la fascination pour l’horreur dit de notre monde.
Dans les tréfonds d’un empire de divertissement
Il n’est pas étonnant d’apprendre que les recherches de Pascal Plante qui ont fait naître l’idée du film aient débuté pendant la pandémie et le confinement. S’il y a un secteur à qui a profité cette période, c’est bien celui des plateformes VOD, Netflix en tête. En outre, grâce à la plateforme, le genre du true crime n’a jamais été aussi populaire. Une affaire glaçante, un procès médiatisé qui fascine l’opinion publique, un tueur surnommé « le démon de Rosemont » : Les Chambres rouges met en scène l’une de ces enquêtes dont on imagine déjà qu’elle pourrait faire l’objet d’une série documentaire à succès.
Dans le long-métrage, les horribles crimes commis font l’objet d’un business. L’intrigue repose ainsi sur l’existence prétendue de chambres rouges (red rooms) sur le dark web, à travers lesquelles des internautes pourraient assister à des crimes en direct, moyennant paiement. Par le biais d’une mise en scène d’une précision implacable, laissant la violence hors-champ, magnifiée par une partition musicale magnétique (signée par le talentueux Dominique Plante), Les Chambres rouges s’approprie le genre du polar jusqu’à lui donner une dimension profondément horrifique, qui soulève des questionnements bien réels.
Une anti-héroïne hantée
Le film trouve une grande partie de sa puissance dans le personnage magnifiquement interprété par Juliette Gariépy. Alors que, dans Les Chambres rouges, chacun a les yeux rivés sur le tueur, qu’ils le trouvent fascinant et tentent de le défendre, comme Clémentine (Laurie Babin) ou qu’ils rêvent de le voir derrière les barreaux, Pascal Plante nous propose le point de vue de Kelly-Anne, un personnage qui se distingue de tous les autres. Chez elle, contrairement à Clémentine, pas d’émotions exacerbées, mais plutôt du contrôle, une économie de paroles, des gestes précis et routiniers. Si les deux jeunes femmes se rencontrent parce qu’elles partagent la même volonté d’assister coûte que coûte au procès de Ludovic Chevalier, les motivations de Kelly-Anne demeurent troubles.
On la découvre mannequin, joueuse experte de poker en ligne et aventurière du dark web, mais Kelly-Anne est un personnage qui demeure opaque par bien des aspects. Depuis sa forteresse, un appartement sans meubles aux grandes baies vitrées, dans une tour de Montréal, elle prend part au monde à travers l’écran de son ordinateur sous le pseudonyme de Lady of Shalott et en dialoguant avec son assistante virtuelle, baptisée Guenièvre. Dans son univers peuplé de références aux légendes arthuriennes, Kelly-Anne est à la fois une sombre anti-héroïne et une justicière fantôme. La trajectoire imprévisible de ce personnage, entre fascination malsaine et quête vengeresse, nous tient en haleine jusqu’à la dernière minute et nous hante après le visionnage.
Les Chambres rouges prend le temps d’installer une tension sourde et glaciale, jusqu’à sombrer pleinement dans l’horreur. Film éprouvant, mais impressionnant de maîtrise, il ne manque pas de questionner les déviances humaines et la violence dans notre société.
Marie Serale | @marie_serale
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