Martin Scorsese, ou la fabrique de l’Amérique
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En 27 longs-métrages, 17 documentaires et une multitude de productions diverses, Martin Scorsese s’est construit en 60 années l’une des filmographies les plus somptueuses de l’histoire du cinéma. Une carrière hétéroclite et complexe, qui revient pourtant inlassablement à un sujet et une idée forte : l’Amérique et sa construction. Un thème qu’on retrouve une nouvelle fois dans Killers of the Flower Moon.
La faïence de l’Amérique
Pour comprendre cette fascination pour l’édification des États-Unis, il faut revenir aux origines de l’homme lui-même. Né à New-York en 1942, Martin Scorsese est le petit-fils d'immigrés italiens (de Sicile), soit une population qui est une partie incontournable de cette grande fabrique de l’Amérique. Au cœur du XXe siècle, Scorsese va ainsi connaître l’élévation sociale de cette génération italo-américaine, se retrouver absorbé par la culture de ce pays encore jeune… et l’interroger dès ses tout premiers films.
Tel un astronome scrutant les étoiles pour mieux comprendre sa place dans l’univers, Scorsese va dans ses films raconter à la fois la vie et la ville étasunienne, et les éléments humains qui la composent : petits truands dans Mean Streets (1973), manitou de Las Vegas dans Casino (1995), immigré irlandais dans Gangs of New-York (2002), stars d’Hollywood dans Aviator (2004) ou trader égocentrique dans Le Loup de Wall Street (2013).
Chacun de ces personnages reflète, à son échelle et à son époque, une certaine facette du pays tel que Scorsese l’imagine. Ils sont les morceaux d’une immense faïence de l’Amérique tenue par un liant qui fascine également le réalisateur : la violence.
Collision des mondes
Car si l’Amérique du cinéaste s’est construite via cette infinité de portraits scorsesiens, c’est bien par le sang qu’elle trouve son sens. Avide d’histoire et grand défenseur de la mémoire - du cinéma, mais aussi de la musique et de la littérature comme le montrent ses multiples documentaires -, le réalisateur n’est pas dupe et connaît bien les origines brutales de son pays natal.
Et comme s’il voulait ne pas l’oublier, l’Amérique de ses films est avant tout celle de la confrontation et du choc des cultures. Une collision des mondes (religieux, ethniques, sociaux…) inévitable et fondatrice. C’est celle des Anglais et des Irlandais dans Gangs of New York, celle entre la police de Boston et la mafia irlandaise dans The Departed (2006), ou celle - sociale culturelle et idéologique - entre Travis Bickle (Robert de Niro) et Betsy (Cybill Shepherd) dans Taxi Driver en 1976.
Cette thématique trouve un nouvel exemple en 2023 avec son dernier film Killers of the Flower Moon, qui raconte la cohabitation forcée entre les Amérindiens Osages et les premiers immigrés européens. Un choc des cultures qui se terminera, là encore, dans le sang.
On peut se demander alors si via cette coexistence compliquée qui laboure le pays depuis près de 300 ans, Martin Scorsese ne raconte pas finalement une histoire plus intime. Celle d’un réalisateur lui-même tiraillé entre deux mondes - l’Italie et les États-Unis, l’Europe et l’Amérique - et qui se pose film après film la même question : qu’est-ce qui m’a fait ?
de Thibaud Gomès-Léal
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