Itinéraire sanglant d’une star des années 1980

La trilogie de Ti West met en scène la trajectoire de Maxine Minx, depuis ses débuts dans la pornographie dans X, jusqu’à son ascension d’Hollywood dans MaXXXine. La jeune femme est prête à tout pour concrétiser ses ambitions : devenir une star dont tout le monde connaît le nom. En chemin, elle sera confrontée à la frustration et à la violence du personnage de Pearl, auquel Ti West a consacré un film du même nom, qui lui renverra un reflet sombre d’elle-même et de ses propres angoisses. Le réalisateur plonge le spectateur dans l’âge d’or du slasher en parsemant ses films de références cinéphiles. Ainsi, X explore un Texas presque aussi malsain et dérangeant que celui de Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper. Conte cruel, Pearl nous propulse ensuite dans un univers qui rappelle le Technicolor de films comme Le magicien d’Oz de Victor Fleming ou Mary Poppins de Robert Stevenson. Enfin, MaXXXine rend hommage aux films d’horreur consommés sur VHS. Au fil des différents récits, le cinéaste va même jusqu’à s’auto-citer, alimentant ainsi le culte hollywoodien qu’il critique. 

Pour accompagner un tel projet, quel studio aurait été plus adéquat qu’A24 et sa volonté de réinventer l’industrie Hollywoodienne ? Ti West a également coécrit et coproduit les trois films avec l’actrice Mia Goth, qui incarne les personnages de Maxine et de Pearl. Entre série B et satire, entre esthétique rétro et hommages explicites, la trilogie se démarque de productions horrifiques qui s’enferment dans leurs propres codes.

X Factor et panique à Hollywood

MaXXXine conclut l’exploration d’une Amérique repliée sur elle-même et la déconstruction d’une machine à rêves. Le long-métrage se déroule à Los Angeles en 1985. On y retrouve Maxine Minx plusieurs années après qu’elle ait survécu au massacre de X. Devenue star de films pour adultes, elle est bien décidée à décrocher son premier rôle au cinéma et comme Jamie Lee Curtis, John Travolta, Demi Moore ou Brooke Shields avant elle, c’est dans un film d’horreur qu’elle fera ses débuts. En parallèle, un tueur en série sème la panique à Hollywood et les secrets de son passé refont surface. Si son scénario n’a rien de surprenant, le long-métrage nous présente une héroïne combative et indépendante, à l’instar de Laurie Strode dans les différents films de la franchise Halloween. Refusant d’être réduite au statut de victime ou de survivante, Maxine s’éloigne encore un peu plus de la figure de la scream queen. Ce sont plutôt la rage qui l’habite et les rêves qui l’obsèdent qui finissent par l'aliéner.

Comme dans X et Pearl, Mia Goth est magnétique dans son rôle taillé sur mesure. Dans MaXXXine, le pari d’une immersion au cœur d’Hollywood dans les années 1980 est réussi, grâce à une ambiance, notamment musicale, cohérente. Pourtant, le long-métrage s’essouffle et sombre dans des rebondissements trop convenus, au détriment de l’introspection d’une héroïne pourtant particulièrement intrigante. Là où X et Pearl, tenaient certaines promesses horrifiques, MaXXXine manque de générosité et n’atteint pas la dimension spectaculaire qu’il semblait viser. 

Marie Serale | @marie_serale