Quentin Dupieux : ceci n’est pas un film
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Quand il n’officie pas aux platines accompagné de sa marionnette Flat Eric, Quentin Dupieux (alter ego du DJ et musicien électronique Mr Oizo) est derrière la caméra. Son cinéma est à l'image de sa musique : détonnant et expérimental. Avec ses deux nouveaux films Fumer fait tousser, présenté hors compétition au Festival de Cannes 2022 et Incroyable mais vrai, qui sortira en salles le 15 juin, Quentin Dupieux continue de tracer son chemin hors des sentiers battus du cinéma français.
La quête du non-sens
L’image, l’étrange et l’absurde animent Quentin Dupieux depuis ses expérimentations à 12 ans avec la caméra de son père, jusqu’à son travail sur des clips musicaux avec Michel Gondry, cinéaste du rêve et de l'insaisissable. C’est en 2001 qu’il réalise son premier moyen-métrage, NONFILM, apparaissant aujourd’hui comme un véritable manifeste de son cinéma. Tourner un film sans caméra, ni scénario : voilà l’improbable dessein du personnage principal de NONFILM, après qu’il ait accidentellement tué l’équipe de tournage qui l’accompagnait. Questionnant l’essence-même du film, cette première œuvre met aussi en évidence l’existence de la caméra, qui s’impose au spectateur, mouvante et instable.
Le non-sens et l’absurde se manifestent dans le cinéma de Quentin Dupieux aussi bien avec le pneu malfaisant de son long-métrage Rubber (2010), qu’avec la veste personnifiée dans Le Daim (2019) ou encore la mouche géante de Mandibules (2020). Mais le cinéaste prend aussi plaisir à brouiller les frontières du réel et de la fiction, comme pour rappeler au spectateur la fonction-même du cinéma. C’est le cas notamment dans l’excellent Au Poste (2018), comédie surprenante mettant en scène Grégoire Ludig, en garde-à-vue au poste de police et interrogé par Benoît Poelvoorde. Cette enquête qui semble tout droit sortie d’un film policier français des années 80 se révèle être un véritable théâtre de l’absurde, grâce à une mise en abyme maîtrisée.
Les personnages des films de Quentin Dupieux témoignent eux-mêmes de ce non-sens omniprésent à travers des répliques comme “It’s not real, everything is fake”* dans Rubber ou encore “It is indeed an eczema attack but on the inside, on the inside of your head”** dans Réalité.
Un cinéma paradoxal : entre humour et cauchemar
Si les films de Quentin Dupieux sont souvent présentés comme des comédies, ils semblent pourtant inclassables, transportant le spectateur à mi-chemin entre le rire et l’angoisse. Alain Chabat, Eric Judor et Ramzy Bedia, ou encore le duo du Palmashow (David Marsais et Grégoire Ludig) : bon nombre des acteurs de ses films sont des habitués de l’humour. Quentin Dupieux utilise incontestablement certains codes de la comédie comme la mise en scène de la bêtise et de l’idiotie ou encore le comique de répétition.
Il affirme également construire ses œuvres comme des rêves ou des cauchemars. En effet, les intrigues de ses films partent souvent d’une situation complètement loufoque qui va pourtant se développer en suivant une certaine logique : comme dans un rêve ou un cauchemar, c’est absurde, mais on y croit. Réalité (2015) illustre très bien ce propos : on y suit le personnage de Jason Tantra (interprété par Alain Chabat), un caméraman qui rêve de réaliser un film d’horreur sur des télévisions tueuses. Un grand producteur, Bob Marshall (Jonathan Lambert) accepte de financer son film à condition que Jason lui fournisse le meilleur hurlement jamais poussé. Entre fictions surréalistes et cauchemars lucides qui s’entremêlent, nous peinons, comme le personnage principal du film, à distinguer le rêve de la réalité.
L’ambition de ne jamais devenir professionnel
Faire du cinéma un terrain de jeu où laisser s’exprimer sa liberté artistique : tel est le crédo de Quentin Dupieux. Dans la musique comme au cinéma, il se décrit comme un artisan, sans cesse en train d'expérimenter de nouvelles méthodes, guidé par son énergie créative. À travers son œuvre, il questionne le spectateur sans jamais le contraindre à y trouver du sens, l'encourageant plutôt à se laisser guider par ses émotions. Chacun de ses films est un objet imprévisible et avec deux nouvelles sorties en salles prévues cette année, Quentin Dupieux n'a pas fini de nous surprendre.
Marie Serale | @marie_serale
* ”Ce n’est pas réel, tout est faux”
** “C'est en effet, une crise d'eczéma, mais à l'intérieur, à l'intérieur de votre tête”
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