Rien à perdre : mère contre tous
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On dit souvent que la famille est ce que l’on a de plus précieux, comme un point de repère dans un monde en constante mutation. Mais comment réagir lorsque la famille explose et que, tout à coup, on nous éloigne de nos proches ? C’est la question qui s’impose au personnage de Sylvie, mère célibataire de deux garçons, dans Rien à perdre, le premier film de fiction de Delphine Deloget. Sélectionné dans plusieurs festivals cette année, dont la section Un certain regard à Cannes, le long-métrage a été récompensé à Deauville et à Angoulême.
Naufrage familial
Après avoir réalisé deux courts-métrages de fiction et plusieurs documentaires, Delphine Deloget raconte, dans Rien à perdre, l’histoire d’une famille confrontée à l’épreuve rude et complexe de l’administration française. Accompagnée par Camille Fontaine et Olivier Demangel dans la rédaction du scénario, la cinéaste dépeint à travers l’amour, les fragilités et l'ambiguïté de ses personnages, toute la subtilité du système familial.
Sylvie (Virginie Efira) vit à Brest avec ses deux enfants, Sofiane (Alexis Tonetti) et Jean-Jacques (Félix Lefebvre). Un soir, alors que Sofiane, le plus jeune, est seul dans l’appartement et s’ébouillante en tentant de cuisiner, tout bascule. En termes de blessures physiques, plus de peur que de mal. Mais l’accident aurait pu prendre une tournure bien plus grave. Le soir même, un signalement pour négligence est lancé auprès de l’Aide Sociale à l’Enfance. En quelques jours, une enquête sociale débute et par précaution, le juge ordonne le placement des enfants en foyer. D’abord prête à coopérer, Sylvie va rapidement vivre l’enchaînement de procédures interminables comme des injustices et perdre pied face à un système tortueux qui lui semble démembrer les familles sous prétexte de les réparer.
Engrenage et angle mort
Sans excès mélodramatiques, Rien à perdre met en images le combat à corps perdu d’une femme qui se débat pour garder la tête hors de l’eau. Son seul but : demeurer auprès de ses enfants, quoi qu’il advienne. Il lui paraît fondamentalement injuste et inconcevable qu’on sépare une famille soudée par l’amour. Virginie Efira est particulièrement brillante dans ce rôle complexe de mère aimante qui se noie.
À travers le combat de Sylvie, le long-métrage met aussi en lumière la mission des services de protection de l’enfance et questionne les zones d’ombres du système judiciaire, notamment en ce qui concerne la manière d’appliquer les précautions et décisions relatives au bien-être de l’enfant.
Avec Rien à perdre, Delphine Deloget met en images un cercle vicieux où la morale et la justice sont confrontées à la réalité d’une institution et d’une famille.
Marie Serale | @marie_serale
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