Septembre sans attendre : errance madrilène d’un couple
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Comment bien se séparer ? Sans dire que l’union est toujours une évidence, force est de constater que la séparation est rarement facile. C’est particulièrement le cas au cinéma, où elle s’accompagne souvent de disputes, voire de drames. À la fin de leur histoire, Ale et Alex, les protagonistes de Septembre sans attendre, ne vivent pourtant rien de tout cela. Après avoir exploré l’amour, l’amitié, ou encore la solitude dans ses précédents films, Jonás Trueba s’intéresse à la fin d’un couple dans ce long-métrage empli de tendresse et d’humour absurde.
Le début de la fin
Après quinze ans de vie commune, Ale (Itsaso Arana) et Alex (Vito Sanz) se séparent et décident d’organiser une fête pour célébrer leur désunion. Cette idée insolite vient d’une maxime du père d’Ale (inspirée d’une phrase prononcée par le père du cinéaste) selon laquelle les couples devraient fêter les séparations plutôt que les unions. L’histoire de Septembre sans attendre commence donc par une fin : la fin d’une longue romance et d’un chapitre de vie, apportant avec elle le bouleversement des repères et des certitudes. Pour écrire et conter ce récit, Jonás Trueba s’est entouré d’Itsaso Arana et de Vito Sanz, qui brillent en tant qu’interprètes et co-scénaristes du film. Les acteurs incarnaient d’ailleurs déjà des amoureux dans Eva en août (2020) et Venez voir (2023), deux des précédents films du cinéaste.
Riche du talent et de l'alchimie de cet inspirant trio du cinéma espagnol, Septembre sans attendre est aussi un film très drôle. Rendant hommage au genre de la comédie de remariage (dont le nom a été introduit par le philosophe américain Stanley Cavell), le long-métrage est fondé sur le comique de répétition. Sûrs de leur décision, Ale et Alex annoncent la nouvelle de leur séparation et nous, spectateurs, assistons aux différentes réactions de leurs proches, en observant la façon dont elles affectent les protagonistes. Contrairement aux comédies de remariage, il n’est pas question ici pour le couple de se reformer, mais plutôt de s’organiser. Chaque détail de cette situation tristement banale qu’est la rupture amoureuse, est rendu subversif, du choix de la date et du lieu de la fête, à la recherche collective d’un nouvel appartement. Pourtant, même lorsqu’elle prend une forme inattendue, la séparation peut s’avérer mélancolique.
« La vie est un film mal monté »
Dans Septembre sans attendre, on ne sait pas pourquoi Ale et Alex se séparent. On plonge simplement dans leur quotidien, à la fois confortable et bouleversé. Et comme pour tenter de traduire leurs sentiments étranges et insondables, le long-métrage porte trois titres différents selon les langues. En français, Septembre sans attendre fait écho à la certitude de leur décision et à leur besoin de l’officialiser, tandis que le titre espagnol Volveréis (vous reviendrez), résonne comme une prédiction, voire une injonction de la part des autres. Enfin, le titre anglais The Other Way Around met en lumière le caractère insolite de leur façon de traverser leur rupture amoureuse.
Ale et Alex semblent être en pleine expérimentation, autant sur le plan intime que professionnel, puisqu’Ale est en train de terminer le montage du film qu’elle a réalisé. Le résultat de ce montage laborieux et créatif n’est autre que le film que nous sommes en train de regarder. Nous observons la beauté touchante de ce couple de cinéma qui se nourrit de littérature, de films et de philosophie, ce couple imparfait dont l’amour s’étiole, mais la complicité persiste. En faisant de son long-métrage le terrain d’un jeu de piste du sentiment amoureux, Jonás Trueba interroge le rapport intime au changement et à la création. Le cinéaste navigue avec intelligence de l’humour à la mélancolie, sans excès d’émotion, jusqu’à nous proposer une réflexion apaisée sur le fait qu’une fin n’en est jamais vraiment une. Si, comme il l’affirme dans un entretien avec Victor Courgeon pour Arizona Distribution, « La vie est un film mal monté », Septembre sans attendre nous rappelle que nous pouvons toujours tenter d’y remédier.
Marie Serale | @marie_serale
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