Une histoire vraie : tout droit sous les étoiles
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Entre les cauchemardesques Lost Highway (1997) et Mulholland Drive (2001), David Lynch nous a invités à rejoindre un voyage insolite. 25 ans après sa sortie, Une histoire vraie est de retour au cinéma, pour la première fois en version restaurée 4K. Retour sur un road movie lumineux, empreint de thèmes chers au cinéaste et rythmé par l’une des plus belles musiques d’Angelo Badalamenti.
L’odyssée d’Alvin au volant d’une tondeuse à gazon
Inspiré de la véritable histoire d’Alvin Straight, Une histoire vraie met en scène le périple d’un vétéran de 73 ans qui parcourt 400 kilomètres depuis l’Iowa jusqu’au Wisconsin pour rendre visite à Lyle, son frère aîné gravement malade qu’il n’a pas vu depuis des années. Privé de permis de conduire à cause de ses problèmes de vue et en dépit de sa santé fragile, Alvin décide d’effectuer ce long voyage grâce à sa tondeuse à gazon. Lorsque Mary Sweeney, co-scénariste et monteuse du film, a découvert cette curieuse histoire dans The New York Times, elle a tout de suite souhaité l’adapter pour le cinéma. À la lecture du scénario, David Lynch, son compagnon de l’époque, a été touché par « des émotions venant d’une scène, d’un mot, d’un regard. »
Tout en rendant hommage à l’histoire d’Alvin Straight, le cinéaste signe un récit sur le lien à l’épreuve de la vie et du temps qui passe. À travers l’odyssée d’un homme refusant d’attendre la mort, déterminé à réparer ce qui est abîmé, Une histoire vraie donne à voir l’humanité universelle, de ses tourments les plus anciens à sa recherche de la lumière. L’histoire vraie en question est d’autant plus vibrante parce qu’elle est double : c’est celle d’Alvin, mais aussi celle des derniers pas de l’acteur Richard Farnsworth qui l’interprète. Souffrant d’un cancer au moment du tournage, le célèbre cascadeur américain a mis fin à ses jours en octobre 2000.
Route lynchienne en pleine lumière
Souvent considéré comme éloigné des motifs récurrents de l'œuvre de David Lynch, ce long-métrage a pourtant une place de choix dans son univers. Le cinéaste donne encore à voir l’Amérique rurale qui l’a tant inspiré, mais cette fois-ci, elle est magnifiée au soleil couchant et dans la nuit étoilée. La beauté des paysages ne prend pourtant pas le dessus sur le mystère et l’étrange qui caractérisent son cinéma et se nichent dans les rencontres et les péripéties qui ponctuent ce voyage hors normes. La route droite et baignée de soleil qui guide Une histoire vraie semble être le pendant lumineux des labyrinthes et des abîmes qui peuplent l’imaginaire de David Lynch. Loin de la brume fascinante de Twin Peaks, écrin du charme et des vices de ses protagonistes, Une histoire vraie expose ses personnages haut-en-couleurs en pleine lumière. Solidarité, pudeur, humour décalé et fraternité retrouvée se dégagent des interactions d’Alvin avec celles et ceux qui croisent son chemin.
À mesure qu’on observe le lent périple intime du vieil homme, ce sont toute la sensibilité et la singularité du cinéaste qui se dessinent en filigrane du récit. Dans ce huitième long-métrage, David Lynch prend son temps pour rappeler ce qui est essentiel à nos vies humaines et nous touche en plein cœur.
Marie Serale | @marie_serale
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