Christophe Honoré réinvente Tosca au festival d'Aix-en-Provence
Date de publication : 02.07.19
Les billets étaient presque épuisés sur le site du festival pour les huit dates de ce joyau du répertoire lyrique revisité par le réalisateur et metteur en scène présent sur tous les fronts --cinéma, théâtre, opéra-- et qui en est à sa cinquième production d'opéra.
"Il y aura deux Tosca sur scène pour évoquer la transmission entre chanteuses" de ce rôle mythique, qui a fait notamment la gloire de Maria Callas, explique M. Honoré à l'AFP. Catherine Malfitano, une des plus grandes sopranos lyriques américaines fera face à la jeune Angel Blue, pour qui cela sera une prise de rôle.
"J'affronte les livrets d'opéra comme ils sont sans jamais oublier qu'on les représente aujourd'hui", affirme à l'AFP M. Honoré dont la version de "Cosi fan tutte" de Mozart, transposé en Afrique, avait été hué à Aix en 2016.
D'autres grands noms de la mise en scène sont à l'affiche avec des oeuvres jamais montrées à cette manifestation d'art lyrique en 71 ans d'existence.
Fort d'un carnet d'adresses international acquis après 30 ans à la tête du Dutch National Opera, le nouveau directeur, le Franco-libanais Pierre Audi, reste fidèle à une tradition développée par ses prédécesseurs Stéphane Lissner et Bernard Foccroulle et qui fait de ce festival un "laboratoire d'opéras".
L'une des oeuvres les plus singulières de cette édition (3-22 juillet) est un opéra de chambre en hébreu inspiré du conflit israélo-palestinien, "Les Mille Endormis", du compositeur Adam Maor et du dramaturge et librettiste Yonatan Lévy, présenté en création mondiale samedi.
Autre tradition respectée, celle de programmer une oeuvre de Mozart par édition. Le festival a choisi cette année non pas un opéra mais son Requiem, écrit la dernière année de sa vie.
Le radical Romeo Castellucci en fera une version scénique --avec de la danse--, alors que l'oeuvre est habituellement donnée en concert.
Autre pointure de la mise en scène, l'infatigable Belge Ivo van Hove monte "Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny" de Kurt Weill --dont le livret écrit par Brecht dresse un portrait au vitriol d'un monde capitaliste fondé sur le crime et la débauche.
La grande metteure en scène allemande, Andrea Breth, qui fait ses débuts en France, présente une reprise de "Jakob Lenz", un opéra Wolfgang Rihm sur l'influent dramaturge allemand du XVIIIe siècle.
Et avec Blank Out, le compositeur néerlandais Michel van der Aa mélange musique, théâtre, cinéma 3D et technologies numérique.
Si le prix peut aller jusqu'à 270 euros pour les premières places de "Tosca", le festival a multiplié les initiatives ces dernières années envers les jeunes avec des places à 9 euros pour les moins de 30 ans.