The Batman : Robert Pattinson incarne un chevalier noir détective
Date de publication : 13.04.22
Nouvelle décennie et nouveau reboot pour Batman au cinéma. La saga offre une troisième incarnation du chevalier noir à l’écran : Robert Pattinson marche donc sur les pas de Christian Bale, de la vénérée trilogie The Dark Knight, et Ben Affleck, qui a très vite abandonné le personnage pendant la grandiloquente phase impulsée par Zack Snyder.
Alors que l’univers DC au cinéma est dans un nouvel élan depuis le Joker de Todd Phillips, The Batman version Matt Reeves arrive à trouver sa propre voie tout en puisant abondamment dans le matériel d’origine.
Retour aux sources
C’est le grand soulagement des fans : après le Batman quasi superhéros de Zack Snyder (qui a aussi ses mérites), l’itération de Matt Reeves revient aux sources du personnage, celui d’un détective et pas n’importe lequel : le meilleur du monde. Tout comme ce fut le cas dans The Dark Knight, le justicier use de son intuition hors norme pour aider la police sur les zones de crime, à traquer le pire de la pègre de Gotham en collaboration étroite avec l’inspecteur Gordon. On assiste alors à un film plus long (presque 3h), peut-être moins avare en action, mais qui fait honneur au talent d’enquêteur du justicier.

L’autre point de focalisation du film, c’est bien son véritable personnage principal : la ville de Gotham City. Peine perdue pour Selina Kyle (Zoe Kravitz, qui incarne ici Catwoman), la ville n’a jamais été aussi poisseuse, bien plus proche de Seven de David Fincher que du Chicago des adaptations de Christopher Nolan. Et elle est ça encore plus fidèle à sa représentation dans les comics, aussi bien visuellement que thématiquement, alors que les forces politiques semblent encore bien impuissantes face à la déchéance morale latente de ses pires habitants.
Le poids de l’héritage
La nouvelle incarnation du chevalier noir par Robert Pattinson était bien sûr attendue au tournant. Ce Bruce Wayne là est jeune, mais forcément marqué par le traumatisme d’une vie orpheline prématurée et surtout l’héritage familial qui en a découlé. Privilégié mais complètement oisif, célèbre mais discret, Bruce n’a que son alter ego pour donner sens à son existence. Malgré un retrait certain dans la vie publique et politique de la ville, on attend ainsi de lui à ce qu’il fasse perdurer l’héritage familial. Mais Gotham a-t-elle besoin davantage de Batman ou de Bruce Wayne ?

Le film prolonge ainsi des thématiques déjà abordées dans The Dark Knight Rises, conclusion de la trilogie de Christopher Nolan. Pour le rôle, Robert Pattinson s’est à la fois inspiré de la vie tourmentée de Kurt Cobain, leader de Nirvana, mais aussi du personnage de Michael Corleone, autre célèbre héritier issu de la saga du Parrain.
Ce poids de l’héritage est personnifié par l’antagoniste du film, l’Homme-mystère (Paul Dano), qui n’hésitera pas à refaire surgir les démons du passé de Gotham mais aussi directement ceux de la famille Wayne. Une famille philanthrope, certes, mais qui a elle aussi plusieurs squelettes dans le placard. La confrontation entre les deux figures devient une quête d’identité pour Batman, thématique qui traverse l’œuvre depuis ses débuts.
Film noir, littéralement
Le genre du "film noir" ressurgit dans The Batman en concordance avec le retour aux sources qu’il porte avec lui. Le film se situe ainsi dans le prolongement de la trilogie The Dark Knight, mais assume encore plus ses clins d’œil appuyés à un genre qui colle à la peau du personnage depuis ses débuts sur papier glacé.

L’impression est renforcée par une esthétique forcément très sombre et granuleuse, qui fera d’ailleurs la joie des possesseurs d’écrans OLED et HDR une fois que le film sortira en Blu-ray. On peut saluer ici le travail de Matt Reeves, qui continue de prouver sa maitrise d’un cinéma certes blockbuster, mais exigeant et conçu avec une intention artistique de chaque instant.
En collaboration avec son directeur de la photographie Greg Fraiser (déjà salué pour son récent travail sur Dune), il met en scène ce reboot avec retenue et subtilité, distillant ça et là des plans iconiques sans pour autant cabotiner. Dans cette noirceur humide et poussiéreuse, seul le rouge et le orange semblent avoir leur place, symboles d’un personnage qui naviguent entre la rage et la vengeance.
Hugo Cléry | @HugoClery