James Cameron, le roi du box-office

Avatar la voie de l'eau©Disney

Date de publication : 08.12.25

Le 17 décembre prochain, le grand réalisateur James Cameron revient sur nos écrans avec le troisième volet hyper attendu de sa saga à grand spectacle, "Avatar : de Feu et de Cendres". Dépassant les attentes, pulvérisant tous les records au box-office mondial, cette série de films de science-fiction va à l’encontre de toute l’industrie du cinéma hollywoodien moderne, en proposant un univers inédit, tout droit tiré de l’imagination de son réalisateur. Le temps entre les sorties de chaque film de la franchise est si long que personne ne semble croire que la recette puisse fonctionner sur un public toujours avide de passer à la nouveauté suivante. Pourtant, la magie est toujours bien présente et le vieux metteur en scène Canadien fait mentir les prédictions les plus pessimistes, comme il l’a toujours fait tout au long de sa carrière.

Surfer sur la vague : 

James Cameron sur le tournage de Terminator aux côtés d’Arnold Schwarzenegger. ©Columbia TriStar Films

La carrière au cinéma de James Cameron, démarre d’une manière bien peu conventionnelle. Loin de ses collègues du nouvel Hollywood, cinéphiles, et habitués des écoles de cinéma prestigieuses, le jeune homme se forme auprès de Roger Corman, célèbre producteur/réalisateur de petits films de série Z. Cameron est remarqué pour sa débrouillardise et sa polyvalence. Il est tout autant capable de s’occuper de la lumière, de l’image, ou même du montage d’un film, que de maîtriser le budget très serré qui lui est alloué. Après cette formation sur le tas, il est engagé sur le film Piranha 2 : Les Tueurs volants, dont il est rapidement renvoyé après de sérieux désaccords avec le producteur. Il se pense alors blacklisté à Hollywood et doit repartir de zéro. 

Il retrouve ensuite la productrice Gale Ann Hurd, avec qui il avait collaboré lorsqu’il travaillait auprès de Roger Corman. Ils conçoivent ensemble le scénario de Terminator, malheureusement, les entreprises de production à qui ils proposent le film souhaitent l’acheter pour le développer eux-mêmes laissant Cameron sur la touche. Gale Ann Hurd et James Cameron se jurent de rester soudé, et de faire le film ensemble. Cameron doit le réaliser, et Hurd le produire ou ils ne concluent pas d’accord. Hemdale Film Corporation, une entreprise de production indépendante américaine se porte acquéreur, et accepte les conditions de James Cameron. Formés par le roi du film de série Z à petit budget, Hurd et Cameron ont l’habitude de créer des projets avec peu de moyens. Le budget réuni pour produire Terminator semble donc plutôt confortable, environ 5 millions de dollar. A l’époque, James Cameron vivait modestement dans un petit appartement de Tarzana en banlieue de Los Angeles. Sa mère lui envoyait des bons de réductions afin qu’il puisse se nourrir. Le film tire son inspiration première du cinéma de John Carpenter, qui proposait à l’époque des longs métrages difficiles à labéliser. Ainsi Terminator est un mélange habile de science-fiction, de thriller noir, d’action et d’horreur. Le film est construit sur des bases similaires à celles d’un slasher, le tueur ne peut être arrêté, et revient toujours à la vie comme Michael Myers dans Halloween. Arnold Schwarzenegger est proposé par la production à Cameron pour interpréter le personnage principal. Le réalisateur ne voit pas l’acteur autrichien dans ce rôle mais pense qu’il fera merveille dans celui du robot tueur. Au départ du projet, Cameron souhaitait que le personnage du Terminator soit un véritable robot infiltré qui ressemble à monsieur tout le monde, ce qui est loin d’être le cas de l’ancien champion du monde de body building. Il réadapte donc son scénario afin qu’il colle au mieux au physique démesuré de l’acteur. Il créait alors ce personnage implacable et inarrêtable, qui participe au succès du long métrage. L’agent d’Arnold Schwarzenegger refuse pourtant que son client joue le rôle d’un méchant, mais son client, lui, est déterminé à interpréter ce personnage si marquant. Linda Hamilton est la première à jouer toutes ses scènes car la production ne peut compter sur Schwarzenegger que 40 jours après le début du tournage, seulement elle se casse la cheville deux jours avant de démarrer. Cameron doit alors s’adapter et tricher pour faire croire qu’elle court dans la plupart de ses scènes. La production a tellement peur de ne pas pouvoir terminer le film, qu’elle organise une fête de fin de tournage à la moitié de ce dernier. Le film parvient finalement à être finalisé, et devient un énorme succès commercial et un phénomène de société. Cameron est désormais sur la carte des metteurs en scène prometteur. Le film est même dans la liste des dix meilleurs longs métrage de l’année du Time magazine en 1986.

Le producteur Walter Hill, juste avant le tournage de Terminator, promet à James Cameron qu’il pourra ensuite réaliser une suite du film Alien de Ridley Scott. Cameron a même déjà écrit un traitement comprenant les grandes lignes de l’histoire qu’il souhaitait développer. Mais après le succès de Terminator, la donne a changé, la plupart des proches de Cameron lui conseille de se désengager du projet car selon eux, faire une suite pourrait plomber sa carrière. Toutes les bonnes choses apportées par ce futur projet seraient imputées à Ridley Scott, tandis que les éventuels échecs lui seraient d’autant plus reprochés. Cameron s’en fiche car il aime l’univers Alien, et est convaincu de pouvoir proposer sa vision.

L’unique souci pour le réalisateur canadien, c’est que son actrice principale, Sigourney Weaver, n’est pas au courant qu’une suite est en chantier, elle n’a donc pas signé son contrat. Cameron se charge, lui-même, de prévenir l’actrice et lui proposer son projet et sa vision. La rencontre est un succès et l’actrice s’engage dans le film. Cameron aime les personnages de femmes fortes. Il souhaite qu’elle ne soit pas de simples demoiselles en détresse. Dans son esprit, il s’agit d’une réinvention du cliché de la survivante. Dans la plupart des films d’horreur, la dernière survivante est une jeune fille innocente et virginale qui réussit à échapper malgré tout au tueur sadique. Chez Cameron elle prend les armes et se bat pour survivre. Il décrypte souvent cette idée en interview en expliquant que c’est une manière, pour lui, de rendre hommage aux femmes fortes qui l'ont entourées toute sa vie. Il a notamment été élevé par une mère très indépendante qui l’a profondément marqué. Ce cliché de la survivante est pour lui un symbole de la résilience féminine. Hollywood avait toujours négligé la place des femmes dans les films grand public, pourtant le public féminin représente à lui seul la moitié des spectateurs des salles de cinéma. A ce point de vue, la séquence finale entre Ripley et la reine Alien représente bien la vision du réalisateur, avec la fameuse phrase « get away from her you bitch ! ». Cette célèbre punchline a connu un retentissement mondial à l’époque, et est devenue l'une des répliques les plus marquantes du cinéma moderne. 

Après Aliens Cameron est devenu un réalisateur très banquable, ses deux premiers films ayant été des succès retentissants au box-office. Pourtant, à cette époque, sa vie personnelle est très chaotique. Il est en plein divorce avec sa compagne et collaboratrice Gale Ann Hurd, ce qui lui inspire l'écriture d'un film sur sa séparation, The Abyss. Malgré le divorce, Hurd, accepte de continuer sa collaboration avec James Cameron et produit le film. Abyss est un tournage particulièrement difficile. Cameron fait créer des décors inondés gigantesques. Pour l’occasion, le réalisateur fait aussi concevoir, par son chef décorateur Ron Cobb, des scaphandres spéciaux qui doivent néanmoins fonctionner afin que les acteurs puissent respirer sous l’eau. La curiosité de Cameron le pousse à rencontrer des spécialistes de la plongée sous-marine, ainsi que des scientifiques des profondeurs. Il se découvre alors une passion pour les fonds marins qui ne le quittera plus désormais. Il rencontre Don Walsh l’homme qui est allé au plus profond du challenger’s deep, la fosse marine la plus abyssal du monde sous-marin. Il se lie d’amitié avec Robert Balard l’océanographe qui a découvert l’épave du Titanic, et se passionne au travers de ces rencontres pour la robotique sous-marine. Après le tournage de The Abyss, il devient explorateur des fonds marins. Il connait des tensions durant le tournage avec ses acteurs qui supportent mal l’engagement jusque-boutiste du réalisateur. Des plongeurs/sauveteurs professionnels sont assignés à chaque acteurs en cas d’incidents, mais cela ne suffit pas à rassurer une équipe à fleur de peau. La scène de la noyade du personnage de Mary Elizabeth Mastrantonio est la plus complexe et dramatique que James Cameron ait eu à tourner jusqu’alors. Les tensions sont si vives que l’actrice quitte le plateau précipitamment. A la suite de ce tournage James Cameron décide de revoir complètement son mode de fonctionnement avec ses acteurs afin de faire preuve d’une plus grande psychologie vis-à-vis des limites des membres de son équipe.

Dompter les éléments :

Titanic© 20th Century Fox

Au début des années 1990, la société Carolco achète les droits de Terminator et contacte Cameron pour en réaliser une suite. Au départ Cameron est réticent à retourner sur la franchise qui a lancé sa carrière, mais la somme proposée par Carolco finit par le convaincre (6 millions de dollar). Il décide dès le départ d’engager Linda Hamilton dans cette suite car dans son esprit, elle est le cœur du premier film. L’actrice accepte de reprendre son rôle à la condition qu'elle puisse interpréter une Sarah Connor complètement déséquilibrée par son expérience traumatisante vécue dans le premier long métrage. Le metteur en scène décide donc d’adapter cette idée tout en gardant intact le compas moral du personnage afin qu’elle conserve son instinct maternel. Il essaye aussi dans ce second film de montrer la déshumanisation progressive des gens qui n’arrivent plus à avoir de l’empathie dans le monde moderne. Ainsi, c’est le robot tueur, le Terminator du premier film, qui s’humanise petit à petit et apprend à avoir des émotions humaines, tandis que Sarah Connor devient en contre point, une véritable machine à tuer. Terminator 2 : Le jugement dernier, atteint finalement un point de bascule, Sarah finit par se rendre compte de cette deshumanisation lorsqu’elle a la vie d’un homme entre ses mains. Elle retrouve alors son instinct le plus primaire, son amour de mère afin de conserver son humanité. Tous les films de Cameron parlent d’amour d’une certaine manière, celui-ci parle spécifiquement de l’amour filial. Le film fait aussi la part belle aux scènes d’action spectaculaires. Cameron va tellement loin que des membres de son équipe de cameramen refusent de tourner certaines scènes, si bien qu’il devient lui-même opérateur pour les séquences les plus dangereuses. Au-delà du côté grand public, il s’agit aussi pour le réalisateur d’un film profondément anti-nucléaire, c’est pourquoi il a tenu à réaliser une scène marquante et graphique d’explosion atomique. Le film a encore aujourd’hui une portée politique importante puisqu’on y retrouve des questions résolument modernes et avant-gardistes concernant la guerre, et l’utilisation incontrôlée de l’intelligence artificielle. Pour Terminator 2, il souhaitait créer une forte dualité entre les deux robots tueurs, l’un dur et mécanique, l’autre froid, fluide et changeant. C’est grâce à son expérience concluante sur la scène de la tentacule aquatique dans Abyss qu’il a pu proposer un méchant de ce type dans Terminator 2. Le film compte 42 plans du T-1000 qui ont pris plus d’un an de travail à l’entreprise ILM pour les finaliser. Terminator 2 : Le jugement dernier devient dès sa sortie, le film le plus impressionnant pour son utilisation d’images de synthèses époustouflantes. En comparaison, Avatar 3 compte aujourd’hui plus 3500 plans en image de synthèses. 

Après le tournage, Arnold Schwarzenegger contacte James Cameron pour qu’il regarde la comédie française La totale, de Claude Zidi, afin d’en acheter les droits d’adaptation. Cameron voit dans le personnage principal une étrange version déformé d’Arnold lui-même. Un homme fracturé en deux entités distinctes, d'un côté, le père de famille, et de l'autre l’agent secret, ou la superstar de cinéma dans le cas de Schwarzenegger. Les deux hommes achètent les droits et transforment la petite comédie en énorme film d’action hollywoodien, True Lies. Cameron choisit Jamie Lee Curtis pour interpréter le personnage principal féminin contre l’avis de Schwarzenegger qui ne la voit pas en mère de famille rangée. Pourtant, l’acteur finit par tant apprécier son expérience avec elle sur le tournage, qu’il accepte que son nom soit positionné en grand à ses côtés sur l’affiche du film. 

Pour son projet suivant, James Cameron va s’attaquer frontalement à l’une de ses nouvelles passions. Lorsque Cameron écrivait The Abyss, des océanographes découvrent l’épave du Titanic au fond de l’océan Atlantique, ce qui fascine immédiatement le metteur en scène. L’épave est filmée sous toutes les coutures à l’aide de robots, ROV. Grace à Robert Ballard, le scientifique à l’origine de cette découverte, Cameron peut visiter l’épave. Les océanographes réalisent un film IMAX de leur découverte, Titanica, le tout pour 4 millions de dollar. Cela inspire Cameron à faire de même avec un énorme budget hollywoodien. De prime abord, la plongée sous-marine et l’exploration intéressent plus Cameron que le film en lui-même. Pour pitcher son projet, ils se rend dans les bureaux du producteur Peter Chernin à la Twentieth Century fox, et lui montre une illustration du livre de Ken Marshall « La grande histoire illustrée du Titanic » et lui dit : « Roméo et Juliette, dans cette scène ! J’ai juste besoin de 120 millions de dollar ». Le film coute finalement plus de 200 millions de dollar et ne peut se monter que grâce à l’association de deux majors, la Fox et la Paramount. Il était crucial pour James Cameron de choisir les bonnes personnes pour incarner le film, afin d’éviter les déconvenues vécues sur le tournage de The Abyss. La jeune actrice de 19 ans Kate Winslett qui détient, à l'époque, le surnom peu enviable de « corset Kate » dû à ses nombreux rôles dans des films historiques, est castée car son audition convainc Cameron de lui laisser sa chance. Il y voit aussi un symbole pour l’actrice qui peut, à l’image de son personnage, définitivement s’échapper de son corset. Kate Winslett de son côté, est déterminée à remporter le rôle, si bien qu'elle envoie une rose à Cameron pour lui signifier qu’elle est SA rose, le prénom du personnage du film. Le jeune Léonardo Di Caprio était lui réticent à l’idée d’accepter le projet. Il ne souhaitait pas se laisser enfermer dans une image de beau garçon romantique et propre sur lui. Cameron parvient à le convaincre en le challengeant sur la difficulté du rôle de Jack et les enjeux importants liés au tournage. Les décors sont colossaux, un bassin géant est aménagé pour les scènes aquatiques, et une réplique du paquebot est créée. Le tournage est éprouvant pour tout le monde tant le réalisateur est constamment à la recherche de réalisme comme il le fut autrefois sur le tournage d’Abyss. Pour James Cameron au-delà du décorum, le cœur du film réside dans ses personnages. D’abord, au centre, l’histoire d’amour de Jack et Rose, puis au second plan, mais tout aussi crucial, les drames de la galerie de personnages secondaires présentée tout au long de la première partie du film. Cameron puise son inspiration pour Titanic dans les longs métrages de David Lean, et plus particulièrement Docteur Jivago, qui raconte une histoire d’amour contrariée en pleine Première Guerre mondiale, et durant la révolution d’Octobre.
L’histoire intime vient ainsi se mêler à la grande Histoire, pour créer un spectacle haletant. 
Titanic devient finalement le plus grand succès de tous les temps au box-office mondial, et obtient la consécration aux Oscars 1998 où il obtient 11 oscars, soit le même total que Ben Hur qui détenait alors le record. James Cameron obtient même la précieuse statuette du meilleur réalisateur. 
 

Mettre les voiles dans le monde d'Avatar :

James Cameron sur le tournage d'Avatar. ©20th Century Fox

Contre toute attente, après ce succès retentissant, le réalisateur décide de s’éloigner un temps des plateaux de tournage pour se consacrer à son autre passion, l’exploration sous-marine. Pendant quelques années il va livrer des documentaires témoignant de ses explorations et découvertes. Mais sa passion pour le cinéma et l’innovation finissent par le rattraper au milieu des années 2000. Il monte une société dédiée aux effets spéciaux et souhaitent créer un film reposant intégralement sur de nouvelles technologies. 
Son idée principale, était de créer par ordinateur des personnages, des créatures, et un univers intégralement en trois dimensions. Il souhaitait ainsi proposer une nouvelle manière de faire des films de cinéma. L’idée au cœur du scénario d’Avatar lui est venue très longtemps auparavant, en 1995, mais à l’époque la technologie ne lui permettait pas d’atteindre ses objectifs. En 2005, il redécouvre son scénario, alors qu’il travaille à la pré production du film Alita Battle Angel, adaptation du manga "Gunm" qui nécessitait également un très grand nombre d’effets spéciaux. Le film est finalement confié au réalisateur Robert Rodriguez et James Cameron décide quant à lui de se focaliser sur la réalisation de son projet de 1995. Il met au point un prototype de performance capture avec l’appui financier de la Fox.
James Cameron utilise la performance capture, qui traduit directement les émotions et les mouvements faciaux en images de synthèse. Pour le casting, il fait une nouvelle fois confiance à l’une de ses collaboratrices de longue date, Mali Finn. La directrice de casting, lui propose l’actrice Zoe Saldana dans le rôle principal. Cameron est séduit par sa grâce de danseuse classique, qui se combine parfaitement avec l’habileté et la dextérité naturelle du personnage qu'elle devra incarner. Pour le rôle du marine handicapé Jack Suli, Matt Damon est un temps considéré, mais l’acteur refuse le rôle car le tournage lui paraît trop long et complexe. Cameron réalise ensuite une série de castings dans les décors, et en utilisant la technologie qui sera ensuite utilisée sur le film, avec Zoe Saldana en support. Les trois acteurs en lices sont encore des talents en devenir, parmi eux le jeune Channing Tatum a les faveurs du studio. Mais c’est finalement l’acteur australien Sam Worthington, qui est sélectionné, notamment grâce à son alchimie naturelle avec Zoe Saldana. Le tournage et la post production dure presque 4 ans, si bien que les acteurs n’ont absolument aucune idée du résultat final. Le film compte plus de 2500 plans en images de synthèse et repousse les limites visuelles de l’époque. Avatar est un énorme succès, si bien qu’il dépasse même le record de Titanic au box-office mondial.
Pour la suite, James Cameron, veut aller plus loin encore, en transposant son histoire dans un environnement aquatique, ce qui suggère un défi d’autant plus conséquent. Il souhaite surtout raffiner un peu plus sa technologie de traitement des visages. Il décide rapidement de tourner conjointement le second et troisième volet afin d’assurer une certaine continuité artistique. Rien que pour perfectionner les technologies du premier film, James Cameron passe trois ans à faire de la recherche et développement, avant même de tourner avec ses acteurs. Le tournage débute officiellement en Septembre 2017 soit cinq ans avant la sortie du deuxième opus. Le cœur du deuxième film est une nouvelle fois la famille, sujet crucial pour le réalisateur, mais qui vient aussi se mêler à la réalité de ses acteurs, puisque Saldana comme son partenaire à l’écran Sam Worthington deviennent parents à cette période. Cameron compte bien faire de son film une histoire générationnelle de transmission au cours de plusieurs époques. Dans Avatar : la Voie de l'Eau, il étudie les liens familiaux d’une manière non-manichéenne, sans occulter les hauts et les bas que traversent toutes les familles normales. Mais le point névralgique de ces relations familiales complexes est encore une fois l’amour. Amour qui a toujours parcouru la filmographie de James Cameron. Le réalisateur souhaite aussi s’attaquer de manière frontale au colonialisme, et à l’industrialisation qui viennent détruire l’écosystème sans considération pour le vivant. 
James Cameron fait aussi une nouvelle fois le choix du réalisme en plaçant ses acteurs sous l’eau durant les sessions de performance capture, quelque chose qui n’a jamais été fait auparavant. Cameron tenait absolument à ce qu’il ne s’agisse pas simplement de doublage voix, mais bien d’une performance corporelle de ses acteurs qui réalisent l’ensemble des actions des personnages du film. Pour cela, les acteurs prennent des cours d’apnée afin de pouvoir tenir sous l’eau pendant trois à quatre minutes afin de tourner leurs séquences. Pour le tournage d’Avatar : la Voie de l'Eau, il retrouve deux de ses actrices fétiches, Sigourney Weaver et Kate Winslet. Les acteurs tournent pendant plus de 18 mois afin de compléter les films Avatar : la Voie de l'Eau et Avatar : de Feu et de Cendres
Au moment de la sortie du deuxième volet le monde, mais aussi l’industrie du cinéma sont frappés de plein fouet par la crise du Covid 19, mettant en question la possible réussite du film au box-office mondial. Pourtant Avatar : la Voie de l’Eau devient un succès retentissant, ainsi que le film symbole du retour des spectateurs dans les salles obscures, prouvant définitivement qu’il ne faut jamais parier contre James Cameron concernant le succès de ses films. La post production du troisième épisode tourné simultanément avec la Voie de l’Eau, prend une nouvelle fois plus de trois ans et va donc atteindre nos écrans en fin d’année 2025. Pour la saga Avatar, Cameron invente une nouvelle manière de mettre en scène un long métrage. Le réalisateur les tourne toujours en deux fois. D’abord avec les acteurs, puis une seconde fois en rajoutant tous les effets de caméras, de photographie et de lumière, tout ce qui donne du caractère à un film. Un travail colossal auquel le metteur en scène Canadien consacre sa fin de carrière. James Cameron est un accro du challenge, il aime repousser les limites du cinéma autant que ses propres limites, avec toujours dans l'optique d'ouvrir de nouvelles voies.
 

James Cameron a su en à peine dix films devenir le roi du box-office. Sa recette ? Il la décrit avec une simplicité confondante. Comment fait-il pour savoir que son film fonctionne ? Tout simplement lorsqu’il ressent une émotion en voyant son projet terminé. Car le secret de la réussite formidable de James Cameron réside ici, il fait avant tout des films qu’il aimerait voir. Son école de cinéma ? Pas l’USC, ni UCLA, mais le Drive Inn d’Orange County où il regardait toute sorte de films. Sa soif de grand spectacle lui vient avant tout d’un syndrome de l’imposteur. Car même un réalisateur qui connait un succès pareil n’est pas exempt de doutes. James Cameron exprime souvent, dans ses interviews, ses lacunes concernant ses histoires et sa vision de réalisateur, qu’il souhaite compenser par une extrême sophistication et une recherche constante d’innovation dans le grand spectacle. Son ambition est de transporter son public dans un voyage, créer une narration à travers des images puissantes, comme dans un rêve. Tout son cinéma repose sur l’expérience en salle qu’il définit comme sacré. Alors le réalisateur Canadien se permet tout, tous les rêves les plus extravagants et les idées les plus folles. Sa devise personnelle qui guide depuis toujours son parcours artistique : « L’échec est une option, mais pas la peur ! » 

 

 

Raphaël BLEINES-FERRARI