Mickey 17 : de zéro en héros
Né pour mourir
Après avoir suivi le plan bancal de son ami douteux (Steven Yeun), Mickey Barnes (Robert Pattinson) se retrouve criblé de dettes et menacé de mort. Pour fuir son destin, il décide de rejoindre une colonie spatiale et d'accepter la mission la plus ingrate qui soit... Son travail consiste à effectuer les tâches les plus dangereuses et à mourir pour contribuer à l’avancée de la recherche scientifique. Grâce à un système de clonage, Mickey peut mourir à l’infini et continuer son travail : à chaque fois qu’il meurt, une nouvelle version de son corps est imprimée et sa mémoire est sauvegardée.
Glauque et immorale, cette mission à durée illimitée pose les fondements d’une satire sur le monde du travail. Mais comme souvent, Bong Joon-ho nous présente aussi un protagoniste au plus bas de l’échelle sociale, qui va finir par tout bouleverser autour de lui. Ce qui se joue au sein du vaisseau de Mickey 17 peut être comparé à ce qui se passe dans la maison de Parasite. Dans Parasite, on assiste à l’effondrement d’un équilibre construit sur des inégalités sociales, tandis que dans Mickey 17, les membres d’une colonie spatiale emmenés par un leader grotesque (Mark Ruffalo) tentent de piétiner une vie non-humaine pour survivre. Malgré lui, Mickey va devenir le moteur d’une révolution contre l’ordre établi. Cet homme misérable et méprisé, dont on détruit la chair encore et encore, va devenir un héros. Robert Pattinson est très convaincant dans ce rôle qui lui donne l’occasion d’explorer une large palette d’expressions, et même de transformer sa voix de façon très amusante. Car au-delà de sa dimension dystopique, Mickey 17 est avant tout une comédie.
Quand le Snowpiercer croise Okja
Troisième œuvre de Bong Joon-ho en langue anglaise, Mickey 17 est aussi une adaptation du roman Mickey 7 d’Edward Ashton. Si le scénario du film est proche du roman, notamment en ce qui concerne les éléments de science-fiction, Bong Joon-ho a aussi injecté des références propres à son cinéma dans ce nouveau long-métrage. La hiérarchie et les conditions de vie au sein de la colonie spatiale, ainsi que la planète gelée qui sert de décor principal au film nous rappellent évidemment Snowpiercer. On pense également à Okja en observant les rapports entre les humains et les créatures qui vivent sur la planète en question. Mickey 17 est aussi imprégné d’un humour noir et absurde caractéristique du travail du cinéaste.
Porté par des acteurs talentueux qui semblent s’en donner à cœur joie (Robert Pattinson, bien sûr, mais aussi Mark Ruffalo, Toni Collette ou encore Anamaria Vartolomei et Naomi Ackie), le long-métrage assume pleinement sa dimension caricaturale. Cependant, le découpage trop laborieux du récit pèse sur le rythme général du film, qu’on aurait aimé plus percutant. Sans être aussi abrasif que Parasite, Mickey 17 ne manque pas de nous amuser (voire de nous attendrir) et de soulever des questionnements qui font écho à l’actualité.
Marie Serale | @marie_srl