Des preuves d’amour : mères pionnières
Date de publication : 19.11.25
La joie et la difficulté de faire famille
Dans Des preuves d’amour, Céline (Ella Rumpf) attend un enfant, mais elle n’est pas enceinte. C’est son épouse, Nadia (Monia Chokri), qui donnera naissance à leur fille dans quelques mois. Pour devenir mère aux yeux de la loi, Céline doit constituer un solide dossier d’adoption, réunissant notamment quinze témoignages de proches qui attestent qu’elle désire cet enfant et qu'elle s'en occupe. Dans cette quête de légitimité, elle va se confronter à différents points de vue, se heurter à certains regards et tenter de trouver sa place dans cette famille qu’elle est en train de fonder. Le film met en lumière la très belle relation entre Céline et Nadia, leurs joies, leurs doutes et leurs peurs dans leur aventure commune de la maternité.
Les deux héroïnes du long-métrage d’Alice Douard sont des pionnières qui s’engagent dans un parcours semé d’embûches. Mais ce sont aussi deux femmes ordinaires, qui s’aiment et vivent ensemble. Des preuves d’amour nous plonge dans leur quotidien et dans leur intimité. On vit la grossesse de Nadia du point de vue de Céline. Avec elle, on se questionne sur ce que ça signifie d’être mère et sur les injonctions qui pèsent la maternité. Marguerite (Noémie Lvovsky), la mère de Céline, permet d’interroger le regard qu’on porte sur ses parents, lorsqu’on devient parent à son tour. Les personnages secondaires qui entourent les héroïnes offrent, eux aussi, une diversité d’expériences en matière de filiation et de parentalité. C’est grâce à son récit riche, à la fois lucide, romantique, intime et universel, que le film nous touche en plein cœur.
Un récit précieux
Des preuves d’amour développe le sujet amorcé dans L'Attente, le court-métrage d’Alice Douard, récompensé d’un César en 2024. Pour écrire l’histoire de Céline et de Nadia, la cinéaste s’est inspirée de son expérience personnelle, avec la volonté de créer une représentation manquante à l’écran. « Comme Céline, mon héroïne, j’ai attendu mon premier enfant sans le porter. Et j’ai dû l’adopter. [...] Il n’y avait pas d’images ou de modèles auxquels se référer. J’ai donc eu envie de créer ces images et de raconter de manière intime ce que questionnait réellement notre façon de faire famille. », précise-t-elle dans le dossier de presse du film.
Alice Douard signe un récit précieux et fédérateur, qui contrairement à de nombreux films qui parlent d’homosexualité, ne s’inscrit pas dans le drame. Tendre et lumineuse, l’histoire de Céline et de Nadia est ponctuée de tensions ordinaires, mais aussi d’un humour qui renforce notre empathie envers les héroïnes. Par ailleurs, Ella Rumpf et Monia Chokri les incarnent avec une merveilleuse sensibilité. Dans le regard si profond d’Ella Rumpf, on croit lire nos propres questionnements autour de la famille. Et lorsqu’elle plonge ses yeux dans ceux de Monia Chokri, sur You & Me (le remix du morceau de Disclosure par Flume), on en est sûrs : l’amour, quelle que soit sa forme, est la plus belle des aventures.