Divertimento, tout pour la musique
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Pantin, 1995 : Zahia et Fettouma Ziouani, deux sœurs jumelles de 17 ans, vivent pour la musique. L’une veut devenir violoncelliste professionnelle, l’autre se rêve cheffe d’orchestre. Trois ans plus tard, Zahia fonde et dirige l’orchestre Divertimento, rassemblant des musiciens de Paris et de Seine-Saint-Denis. Fettouma, quant à elle, est une grande violoncelliste solo. C’est l’histoire d’une vocation et du long chemin initié par la passion, le travail, la persévérance et les convictions pour embrasser leur plus grand rêve.
Une partition au plus près de la réalité
Après Le ciel attendra (2016) et A Good Man (2020), Marie-Castille Mention-Schaar signe Divertimento, un long-métrage au plus près de la réalité puisqu’il relate la véritable histoire de la création de l’orchestre éponyme. Zahia Ziouani, cheffe d’orchestre et fondatrice de l’orchestre Divertimento et sa sœur, Fettouma Ziouani, violoncelliste virtuose sont les protagonistes du film. Interprétées par les comédiennes Oulaya Amamra et Lina El Arabi, elles ont largement participé à transposer leur histoire à l’écran.
Dans Divertimento on assiste au parcours musical, mais aussi au parcours de vie des deux jeunes femmes. De leur cocon familial à leur apprentissage de la musique classique, de leurs doutes à leurs échecs, c’est autant un film sur l’amour de la musique que sur le travail et la persévérance. Et pour renforcer l’authenticité du récit, Zahia et Fettouma Ziouani ont accompagné Oulaya Amamra et Lina El Arabi dans la préparation de leurs rôles. Avant le tournage, Oulaya Amamra, qui interprète la future cheffe d’orchestre, a appris non seulement les gestes, mais l’essence même de la direction, ainsi que plusieurs morceaux musicaux. Ainsi, le travail que l’on voit à l’écran respire l’authenticité puisqu’il reflète à la fois le vécu des deux musiciennes et celui des actrices.
L’importance de l’ensemble
Dans Divertimento, la musique est représentée comme une aventure collective. Si le personnage de Zahia se nourrit de tous les sons qu'elle entend, ceux de la rue et du quotidien pour parfaire sa pratique, elle apprend aussi des autres. Enfant, elle regarde le chef d'orchestre Sergiu Celibidache à la télévision avec son père, fascinée par ses gestes. Plus tard, c'est dans ses cours qu'elle fera ses armes à la baguette, comme ce fut réellement le cas de Zahia Ziouani.
Dans le film, la notion d'ensemble ne se retrouve pas seulement au sein de l'orchestre, où la réussite repose sur l'entièreté du groupe. La figure familiale y tient également une place cruciale, que ce soit dans le rôle de transmission de l'amour de la musique et des valeurs comme la perséverance, mais aussi dans la relation fusionnelle qui unit les deux sœurs, complices dans la vie comme dans la musique. Divertimento montre l'ensemble comme une force, opposant l'élitisme à la solidarité, l'individualisme au partage et représentant l'aspect fédérateur de la musique.
Un film d’espoir et d’inspiration
Ce qui fait la beauté de Divertimento, c'est avant tout sa profonde sincérité. On ressent dans la réalisation et dans le jeu des actrices une profonde volonté d'honorer l'histoire de Zahia et Fettouma Ziouani. Aussi extraordinaires et inspirants soient-ils, leurs parcours sont aussi racontés à travers les multiples obstacles auxquels elles ont brillamment fait face. La création de l'orchestre Divertimento est à la fois la concrétisation d'années de travail, mais aussi un renouveau dans le monde de la musique classique. Zahia Ziouani a créé un orchestre qui lui ressemble, désireuse d'ouvrir la pratique et l'écoute de la musique à tous et montrant qu'il est possible de concilier excellence et accessibilité.
Chef d'orchestre « ce n'est pas un métier de femme », affirme Sergiu Celibidache (Niels Arestrup) dans le film. Et en France, seulement 4% des chefs d'orchestre sont des femmes. Combattant les préjugés sexistes, Zahia Ziouani a tracé son chemin, démontrant que seuls le travail, la détermination et le talent comptent. Divertimento témoigne d'une volonté de changer les regards, vers une reconnaissance du travail et du mérite, plaçant l'éducation et la transmission au cœur de la passion musicale. C'est un film chaleureux, inspirant et fédérateur à l'image des pouvoirs de la musique.
Marie Serale | @marie_serale
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