Les Survivants : une traque glaçante au cœur des Alpes
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Pour son premier long-métrage, Guillaume Renusson prend à bras-le-corps un sujet tristement actuel. Dans les Alpes italiennes, où de nombreux hommes et femmes fuyant leur pays tentent de passer la frontière française, le cinéaste met en scène une chasse à l'Homme, se demandant comment, à 3000 mètres d'altitude, certains s'accaparent la loi. Mais quand la haine dicte sa loi, jusqu’où la violence peut-elle aller ?
Filmer la violence dans son plus simple appareil
Blessé et meurtri, Samuel part s’isoler dans son chalet au cœur des Alpes italiennes. Une nuit, Chehreh, une jeune femme afghane transie de froid, se réfugie chez lui. Elle veut rejoindre la France en traversant les montagnes. Lorsque Samuel décide de l’aider, il est loin d'imaginer l'épreuve qui les attend et l’hostilité à laquelle ils vont devoir faire face.
Dans Les Survivants, la violence est omniprésente. Elle est aussi bien dans le froid glacial qui frappe les réfugiés au moins aussi fort que la haine, que dans la douleur physique et morale d’un homme brisé par son passé. Guillaume Renusson filme la violence sans artifice, la montrant telle qu’elle est : brutale, injuste, absurde. Si son sujet annonçait un drame social, son titre témoigne bien d’un film de survie. Dans Les Survivants la violence réside aussi dans le fait que les traqueurs ne sont pas des antagonistes, mais plutôt des personnes ordinaires qui s’octroient le droit de décider du destin de ceux qu’ils considèrent davantage comme des étrangers que comme des êtres humains.
L'exil comme un deuil
Denis Ménochet (Jusqu’à la garde de Xavier Legrand, As bestas de Rodrigo Sorogoyen) et Zar Amir Ebrahimi (Les Nuits de Mashhad d'Ali Abbasi) partagent l’affiche du film de Guillaume Renusson. Ils y interprètent deux personnages que tout oppose : ils ne se connaissent pas, ils ont des vies très différentes, pourtant, leur humanité va les lier. Les Survivants fait un parallèle saisissant entre l’exil et le deuil. La douleur de perdre un être cher serait comparable à celle d’être arraché à sa terre : dans les deux cas, on abandonne une partie de soi. Dans le film, ce qui rapproche Samuel et Chehreh, c’est cette blessure commune que tous deux cherchent à panser.
Le duo d’acteurs interprète à merveille le propos du film : Denis Ménochet fait transparaître toute l’ambivalence de son personnage, entre force et fragilité, et Zar Amir Ebrahimi incarne la résilience dont elle a elle-même fait preuve en fuyant l’Iran pour reconstruire sa vie. À l’écran, leur relation fait la part belle aux silences, tout en pudeur et en sensibilité.
Ce qu'il reste d'humanité
Les Survivants, c’est aussi la mise en lumière de ce qu’il reste d’humanité. Le véritable parcours du combattant que vivent Samuel et Chehreh à travers les paysages enneigés est porté à l’écran par des scènes extrêmement fortes, presque dépourvues de dialogues, où l’on peut ressentir toute l’empathie et la solidarité réciproque des personnages. Si la nature et l’Homme sont hostiles, les protagonistes trouvent un peu de chaleur dans l’entraide : un vêtement chaud, un abri de montagne mis à disposition, un camp de réfugiés.
Le lien qui se crée Samuel et Chehreh est bouleversant, car il symbolise à la fois une confiance naissante et une détresse absolue. Les épreuves qu’ils vivent ensemble ne leur laissent que peu de choix : pour lui éviter l’hypothermie, il la déshabille, pour lui permettre de continuer à avancer, elle est prête à tuer. Peu à peu, la méfiance laisse place à l’alliance, car seule la survie compte.
Guillaume Renusson signe un premier film ambitieux, faisant d’un sujet de société une fiction qui questionne la morale de chacun d’entre nous. Tirant le meilleur parti de son décor glacial, qui confère une tension palpable à son intrigue, le film est porté par un duo d’acteurs remarquables.
Marie Serale | @marie_serale
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