Mon Crime, le nouveau coup de théâtre de François Ozon
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Paris, 1935. Une jeune actrice en devenir est accusée du meurtre d’un célèbre producteur. Avec l’aide de sa meilleure amie, avocate au chômage, elle est acquittée pour légitime défense. Une nouvelle vie s’ouvre alors aux deux jeunes filles : comme par magie, tout leur réussit. Mais la vérité pourrait bien éclater au grand jour… François Ozon explore une nouvelle fois la dramaturgie de boulevard pour nous offrir un film des plus réjouissants.
De la scène à l’écran : une trilogie de boulevard
Avec presque un film par an et un voyage constant à travers les genres, François Ozon est incontestablement l’un des cinéastes contemporains les plus prolifiques et éclectiques. Au fil d’une œuvre aussi variée que riche en références cinéphiles, c’est à plusieurs reprises qu’il a puisé son inspiration dans la dramaturgie. Après Peter Von Kant en 2022, librement adapté d’une pièce de théâtre de Rainer Werner Fassbinder, Mon Crime, son nouveau long-métrage, s’inspire de la pièce éponyme de Georges Berr et Louis Verneuil.
François Ozon décrit Mon Crime comme le dernier volet d’une trilogie, succédant à Huit Femmes (2002) et Potiche (2010). Plus de dix ans séparent chacune de ces trois adaptations (revues et corrigées) de comédies de boulevard, et pourtant, leurs sujets se rejoignent de manière intemporelle. Condition des femmes à travers les époques, matriarcat et sororité : sous leur humour irrésistible et divertissant, ces longs-métrages invitent à la réflexion.
Pour l’amour du jeu
Mon Crime déborde d’un enthousiasme communicatif à tous points de vue : les somptueux costumes et les décors nous plongent dans le Paris romantisé de 1935, avec ses toits, ses pavés, ses bistrots et ses cinémas. La mise en scène, menée d’une main de maître, fait transparaître le plaisir des acteurs de cette troupe étincelante. Emmenés par le merveilleux duo que forment Nadia Tereszkiewicz et Rebecca Marder, Isabelle Huppert, Fabrice Luchini, André Dussollier ou encore Dany Boon et Félix Lefebvre s’amusent du jeu et des dialogues pour faire du film un moment délicieux.
François Ozon exprime aussi son amour du théâtre et du cinéma à travers ses références : les personnages interprétés par Nadia Tereszkiewicz, Rebecca Marder et Isabelle Huppert semblent respectivement faire écho à Marilyn Monroe, Katharine Hepburn et Sarah Bernhardt. Le film tout entier est un hommage au métier d’actrice, puisque Madeleine Verdier (Nadia Tereszkiewicz) va jusqu’à utiliser le jeu pour prendre le contrôle de sa vie.
Soeurs contre tous
En adaptant la pièce de théâtre éponyme, François Ozon a eu l’intuition de dépoussiérer une comédie datant des années 1930, non seulement pour la mettre au goût du jour, mais pour qu’elle résonne avec l’actualité. D’une œuvre originale moquant la corruption judiciaire, Mon Crime est devenu, devant la caméra, une histoire de sororité et de prise de pouvoir. Le film est à la fois un hommage à l’âge d’or du cinéma et un pied de nez à cette époque où les femmes étaient représentées comme des rivales ou des menteuses.
Dans Mon Crime, Nadia Tereszkiewicz et Rebecca Marder incarnent une complicité à la fois touchante et équilibrée : ensemble, elles sont stratèges, saisissent les opportunités et surtout, elles travaillent afin d’échapper à leur condition et vivre la vie dont elles rêvent. Pour atteindre cet objectif, la fin justifie les moyens. Ce duo complémentaire est couronné par le personnage d’Isabelle Huppert, excellente dans son rôle d’ex-star du muet, qui renforce la solidarité féminine émanant de l’intrigue.
De la scène d’ouverture aux dernières notes du générique (un bel hommage à Danielle Darrieux), Mon Crime est incroyablement divertissant. Pour le plus grand plaisir des spectateurs, François Ozon rejoue la carte de la comédie policière, avec son lot de supercheries, de burlesque et de surprises.
Par Marie Serale | @marie_serale
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