Festival des 3 Continents : tout ce qu’il faut savoir sur la 47e édition

Une édition 2025 à la gestation tumultueuse

L’édition 2025 du Festival des 3 Continents aurait-elle pu ne pas exister ? Voilà ce que suggère le mot d’introduction de Anne-Laure Joséphine, présidente, et de Jérôme Baron, directeur artistique. En effet, le contexte politico-économique actuel n’est pas sans impact sur la culture en général et le cinéma dans notre cas de figure, et cette année, le Festival des 3 Continents a dû se passer du soutien de la Région des Pays de la Loire. Né au lendemain des années 60, une décennie marquée par le politique, le Festival des 3 Continents a d’abord existé à travers de brèves apparitions dans d’autres festivals avant de s’établir à Nantes en son nom propre en 79, proposant dès la première édition un regard pointu et curieux sur les cinéastes afro-américains. Véritable voyage immobile vers des contrées qui sont, à nos yeux, lointaines et parfois mystérieuses, le Festival des 3 Continents attire de plus en plus de cinéphiles avides de découvertes. C’est d’ailleurs ce statut de « découvreur » qui a permis au Festival des 3 Continents de devenir une référence en la matière, sa pérennité étant la meilleure preuve de son intérêt. Aujourd’hui, alors que le Festival traverse des heures sombres, c’est aux festivaliers de prouver que leur appétence pour le cinéma du monde est toujours aussi aiguisée.

Hommage à Ang Lee et Youssef Chahine, deux figures clés du cinéma mondial

Il est possible que le nom de Youssef Chahine, réalisateur Égyptien, ne vous dise rien : huit films dece réalisateur amoureux de son pays seront projetés pendant le Festival des 3 Continents, sortis entre 1954 et 1976, du noir et blanc à la couleur. Des copies restaurées de son oeuvre permettront de découvrir un cinéma rare en France dans des conditions inespérées. À travers des histoires de vies (d’un adolescent, d’un ingénieur, d’une cantatrice, d’un paysan…) Youssef Chahine raconte ce pays qu’il adore et qu’il a choisi, envers et contre tout (et surtout contre sa bureaucratie qu’il décrivait comme insupportable). 

Quant à Ang Lee, vous le connaissez déjà. Le réalisateur du Secret de Brokeback Mountain est bien connu des cinéphiles, et le Festival des 3 Continents lui octroie une rétrospective alléchante qui devrait réjouir ses aficionados. Au menu ? Pushing Hands (1991), sur l’histoire d’un maître de tai-chi ayant suivi son fils et sa belle-fille à New York, où il peine à trouver sa place ; Garçon d’honneur (1993), sur un Taïwanais homosexuel naturalisé américain dont les parents, ignorant son orientation sexuelle, lui cherchent une épouse ; Salé sucré (1994), sur le plus grand chef cuisinier de Taipei qui élève seul ses trois filles ; Raison et sentiments (1995), une lecture du célèbre roman de Jane Austen ; Ice Storm (1997), une plongée dans une cellule familiale en crise au moment des fêtes ; Chevauchée avec le diable (1999), sur une bande de hors-la-loi agissant pendant la guerre de Sécession ; Tigre et dragon (2000), film d’arts martiaux phare du passage au XXIe siècle aux chorégraphies somptueuses ; Le Secret de Brokeback Moutain (2005), ou l’histoire d’amour tragique entre deux cow-boys perdus dans les montagnes du Wyoming… Et bien d’autres encore !

Et côté compétition ?

Chaque année, le jury remet plusieurs prix aux réalisateurs des films primés : le Montgolfière d’Or (également Grand Prix du festival) et celui d’argent, ainsi que les prix du jury jeune et du public. Cette année, ce sont douze oeuvres récentes (dont il s’agit souvent de l’avant-première), qu’elles soient de fiction ou documentaires, qui « s’affronteront » pour l’un de ces quatre prix :

Nuestra Tierra (Argentine, États-Unis, Mexique, France, Pays Bas, Danemark), un documentaire sur l’assassinat de Javier Chocobar, membre d’une communauté indigène argentine

With Hasan in Gaza (Allemagne, Palestine, France, Qatar, Suisse), sur la vie à Gaza au début des années 2000

Another Birth (Tadjikistan, Qatar, États-Unis), une fiction sur une petite fille face au monde des adultes et à la perte de son père.

Hair, Paper, Water… (Vietnam, Belgique, France), un regard poétique sur une ethnie en voie de disparition.

Attachment (Sénégal, Belgique, France), un documentaire sur la construction du premier TER africain.

A Heart As Willing (Chili), explore la rencontre amoureuse entre une femme qui loue sa maison sur Airbnb et son hôte.

Dear Stranger (États-Unis, Taïwan, Japon), raconte la quête d’un couple pour retrouver leur fils, disparu à New York.

I, Poppy (Inde), ou le combat entre une famille de cultivateur et un système corrompu en Inde.

The Message (Argentine, Espagne, Uruguay), une fable sur une petite fille exploitée par ses tuteurs pour savoir parler aux animaux.

Tiger’s Pond (Inde, Singapour), un drame politique entre un homme d’affaire et un villageois.

Sucuarana (Brésil), l’histoire d’une brésilienne qui part à la rencontre de son pays et de ceux qui l’habitent. 

The World of Love (Corée du Sud), sur une lycéenne qui découvre l’Amour.

Quand, où et comment assister au festival ?

Les nombreuses projections et événements du Festival des 3 Continents auront lieu au Cinéma Katorza, au Cinématographe, au Pathé Nantes, au Cinéma le Concorde, au Pannonica, au Théâtre Graslin, et à l’espace Cosmopolis. Vous pouvez soit réserver une séance avec un billet à l’unité (tarif plein 8 euros, tarif réduit 6 euros) soit faire le choix d’un carnet de 5, 10 ou 20 places, aux prix respectifs de 35, 60 et 100 euros, via la billetterie sur place ou le site internet du festival.