Le chant des forêts : écouter le vivant
Date de publication : 18.12.25
À l’affût de l’invisible
Le mercredi 17 décembre 2025 était une date importante pour de nombreux cinéphiles, car Avatar : De feu et de cendres, le troisième volet tant attendu de la saga de James Cameron, est enfin sorti en salles. Cependant, un autre long-métrage sorti le même jour au cinéma pourrait bien marquer votre fin d’année. Plutôt que de vous faire voyager à travers des mondes lointains et spectaculaires, Le chant des forêts de Vincent Munier vous émerveillera en révélant la beauté de notre monde. Si la salle de cinéma est l’un des rares lieux de déconnexion totale aujourd’hui, Le chant des forêts est un véritable moment suspendu. Vincent Munier nous invite à prendre le temps d’observer, mais surtout, d'écouter la forêt et ses habitants. À travers son regard passionné, c’est toute la poésie du monde sauvage qui s’offre à nous.
Pour nous initier aux vertus de l'affût, Vincent Munier nous a fait voyager jusqu’aux hauts plateaux du Tibet dans son documentaire La Panthère des neiges, coréalisé avec Marie Amiguet. Dans Le chant des forêts, il nous montre qu’il n’est pas nécessaire de voyager au bout du monde pour s’émerveiller. Tourné principalement dans les forêts des Vosges, qui ont marqué son enfance et sa vie, le film est semblable à un journal de bord familial. Les superbes images se mêlent aux anecdotes et aux souvenirs précieux des nuits d’affûts ou des rencontres avec les animaux. Le film nous laisse prendre le temps de contempler le mouvement presque imperceptible d’un paysage et de guetter, sans certitude, une apparition sauvage. Plutôt qu’un enchaînement d’images commentées à la manière d’un documentaire animalier, Vincent Munier nous propose un récit intime et poétique, guidé par une volonté de transmission.
Un conte aux multiples voix
Imaginez une petite cabane au cœur de la forêt, éclairée à la bougie, et puis des souvenirs racontés dans le secret de la nuit, parfois interrompus par le bruit du vent ou le cri d’un animal. Avec Le chant des forêts, Vincent Munier nous plonge dans cette ambiance digne d’un conte d’hiver. À la lueur de la bougie, Vincent et son père, Michel racontent leurs souvenirs en forêt au jeune Simon. Le long-métrage est rythmé par cette narration dans l’intimité familiale, mais aussi par des images où l’on voit le trio en pleine escapade, écoutant la forêt ou installant un affût. La passion et la transmission sont au cœur de ce récit intergénérationnel, qui nous fait voyager jusqu’en Norvège pour observer le grand tétras. Autrefois emblématique de la région des Vosges, dont il a aujourd’hui disparu, cet oiseau est l’un des grands symboles du film. Vincent Munier affirme que le grand tétras a été un maître d’affût pour lui et pour son père, qui a passé plus de mille nuits sous un sapin, pour apprendre à mieux le connaître.
Sans être moralisateur ou didactique, Le chant des forêts est une invitation à admirer la vie sauvage. C’est un récit sincère et généreux qui nous rappelle que la forêt est un monde à part entière où il n’y a pas de hiérarchie entre les êtres et où chacun compte dans l’équilibre global. Le cinéaste donne une nouvelle fois à voir la beauté et la poésie du monde qui nous entoure, tout en rappelant l’importance de le préserver. Pourtant, comme l’indique le titre du film, au-delà des images, c’est le son qui est le principal fil conducteur du récit. On y entend les voix de Vincent, Michel et Simon Munier, mais on apprend surtout à écouter le chant des forêts avec respect et humilité. Ainsi, à travers ce film, ce sont de multiples voix qui s’élèvent pour libérer le témoignage d’un monde invisible qu’il faut protéger.