Nino : la lumière d’une âme en peine
Date de publication : 17.09.25
Jours suspendus
À peine âgé de trente ans, Nino doit faire face à une grande épreuve. Suite à un examen médical, il vient d’apprendre qu’il est atteint d’un cancer de la gorge et qu’il doit débuter un traitement dans quelques jours. Au-delà des maux qui le rongent, le jeune homme se sent incapable d’annoncer la nouvelle à ses proches. Pourtant, les médecins lui ont confié deux missions qui vont l’encourager à ne pas rester seul dans l’attente. À la manière de Cléo, l’héroïne de Cléo de 5 à 7 d’Agnès Varda, Nino va errer dans Paris, pendant trois jours qui marquent à la fois un point de rupture et un commencement.
L’une des grandes forces du film, c’est la beauté et la profondeur de son personnage principal. Nino semble avoir vécu longtemps en retrait, jusqu’à cette nouvelle bouleversante qui le force à grandir d’un seul coup. Tout au long du film, on le voit apprendre, évoluer et s’ouvrir aux autres, malgré la tragédie qui le frappe. Théodore Pellerin incarne ce jeune homme avec beaucoup de sensibilité et de grâce. D’autre part, Pauline Loquès choisit de raconter ce que traverse ce héros avec une grande délicatesse et en restant du côté de la lumière.
Un film de rencontres
Nous vivons l’histoire de Nino au plus près du protagoniste, plongés dans son intimité, dans ses doutes et ses angoisses. Pourtant, le film place aussi le jeune homme au cœur d’un Paris où s’entrecroisent des milliers d’autres histoires. À la porte de son appartement dont il a perdu les clés, Nino est contraint de se confronter à la ville et à la vie. Durant les trois jours qui précèdent le début de son traitement, il va croiser différentes âmes qui vont l’aider à réveiller des sensations et des sentiments. Il va parler tant bien que mal à ses proches, mais aussi trouver une forme d’apaisement à travers des rencontres inattendues. Le parcours de Nino est constellé de très beaux personnages secondaires qui contribuent largement à illuminer le récit, comme c’est le cas pour Agnès dans Sorry, Baby, d’Eva Victor.
Ce qui est aussi très beau dans le film, c’est la façon dont son discours sur la lumière que peut apporter le lien aux autres reflète les conditions mêmes de sa création. Lors de la première projection à la Semaine de la Critique à Cannes, en mai 2025, Pauline Loquès a d’ailleurs déclaré : « Ce film a été porté par une équipe qui a travaillé dans la joie, l’amour, la bienveillance et le respect. » Nino est ainsi non seulement une merveille d’écriture et de réalisation, mais aussi un film qui fait la part belle à l’espoir et à l’humanité.
Marie Serale | @marie_srl