Anatomie d’une chute : vertigineuse et brillante Palme d’or
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Palme d’or évidente et pourtant inespérée, Anatomie d’une chute de Justine Triet s’est imposé comme l’un des très grands films de ce Festival de Cannes 2023. De l’atmosphère intense qui régnait dans la salle lors de sa toute première projection, à la joie exprimée lors de l’annonce du palmarès, le long-métrage nous a offert des moments inoubliables de cette 76e édition du festival. Comment le film de Justine Triet a-t-il conquis le jury présidé par Ruben Östlund et marqué les esprits des premiers spectateurs ?
Les méandres du couple
Sandra, Samuel et leur fils malvoyant Daniel vivent loin de tout à la montagne. Lorsque le corps sans vie de Samuel est retrouvé au pied de leur maison, une enquête débute. Suicide, accident, homicide ? Face à l’absence de preuves et aux circonstances troubles, Sandra est rapidement suspectée de meurtre. Comme l’indique son titre, Anatomie d’une chute dissèque son élément déclencheur. Pourtant, c’est aussi l’intimité subjective d’un couple qui est passée au crible lorsque la vie de Sandra est exposée lors d’un procès. Jalousies, disputes, vie sexuelle : au tribunal, tout devient matière à alimenter les plus sombres soupçons et la cinéaste ne manque pas de pointer du doigt l’impudeur parfois absurde des enquêtes judiciaires.
« Le point de départ du film est un cauchemar. Je me suis demandée ce qui se passerait si mon enfer privé devenait public. » a déclaré Justine Triet lors de la conférence de presse à Cannes. Entre drame psychologique et film de procès, le long-métrage se concentre sur la parole de chacun de ses personnages, comme pour mettre le spectateur face à un dilemme de vie : quelle vérité croire ?
Écrire, jouer et filmer : l’accord parfait
Tout au long d’un parcours cinématographique étroitement lié à Cannes, avec La Bataille de Solférino sélectionné en 2013 à l’ACID, Victoria à la Semaine de la critique en 2016 et Sibyl en compétition officielle en 2019, Justine Triet ne cesse d’écrire et d’explorer des personnages féminins très forts. Co-écrit avec Arthur Harari (réalisateur d’Onoda, 10 000 nuits dans la jungle), Anatomie d’une chute met l’actrice allemande Sandra Hüller au centre du récit. La cinéaste et son co-scénariste affirment qu’elle est l’un des points de départ du film et qu’il était inimaginable pour eux qu’une autre actrice incarne le personnage de Sandra. L’écriture parfaitement maîtrisée de cette figure féminine et l’interprétation tout en finesse de Sandra Hüller participent grandement à la réussite du film.
L’écriture, la mise en scène et le jeu des acteurs déjouent tous les clichés, pour offrir un récit aux milles nuances. Swann Arlaud, qui incarne l’avocat chargé de défendre Sandra, évoque d’ailleurs une grande liberté pour les acteurs sur le tournage du film. Anatomie d’une chute est un film dont la sincérité sert l’intelligence.
L’obsession de la vérité
Après avoir exploré le personnage d’une avocate jouée par Virginie Efira dans Victoria (2016), Justine Triet souhaitait écrire et réaliser un film de procès. Douze hommes en colère de Sidney Lumet (1957), La Vérité de Henri-Georges Clouzot (1960) ou encore Le Procès Goldman de Cédric Kahn, présenté à la Quinzaine des cinéastes 2023 : le genre a été exploré de mille façons au cinéma. Pourtant, Justine Triet se réapproprie les codes. Dans Anatomie d’une chute, la mise en scène ne théâtralise pas le tribunal, elle donne plutôt à voir l’agitation et l’effervescence, parfois proches du chaos, qui y règnent.
La force et la subtilité du film résident aussi dans sa réflexion autour de la recherche de la vérité. Pour la cinéaste, « Le tribunal est un endroit où l’on est obsédé par la vérité, et pourtant on y délire nos vies et le monde. ». En ce sens, le personnage de Daniel (interprété par l’impressionnant Milo Machado Graner) est crucial dans l’intrigue, tout comme son chien Snoop (d’ailleurs vainqueur de la Palm Dog 2023). Le premier, malvoyant depuis un accident, n’a pas pu observer ce qui s’est passé et le second ne peut pas parler. Ce sont pourtant les deux témoins du cercle familial. Pour Daniel, la vérité va alors s’imposer non pas comme une révélation mais plutôt comme un choix. En l’absence de preuves, il va devoir se fier à sa propre morale.
Alors que l’excellent The Zone of Interest de Jonathan Glazer (vainqueur du Grand Prix du Festival de Cannes), semblait être l’un des grands favoris pour la Palme d’or, c’est, pour notre plus grande joie, Anatomie d’une chute qui a reçu cette récompense suprême. Le quatrième long-métrage de Justine Triet questionne tout un chacun sur sa propre vérité à travers un récit subtil et intelligent. Anatomie d’une chute sortira en salles le 23 août 2023.
Marie Serale | @marie_serale
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