Romance pétillante

Les aériens, les terriens, les aquatiques et les flamboyants peuplent les rues d’Element City, une mégalopole futuriste régie par les forces de la nature. Bernie et Cinder Lumen, un couple d’immigrants y vivent depuis plusieurs années et ont ouvert une épicerie rapidement devenue incontournable pour la communauté des flamboyants, dans le quartier de Fire Town. Leur jeune fille Flam y travaille et son père espère la voir reprendre l’entreprise familiale à l’approche de ses vieux jours. Lorsque Flack, un inspecteur des services de l’eau, se retrouve accidentellement dans le sous-sol des Lumen, Flam va le convaincre de faire équipe avec elle pour déjouer la menace de fermeture de la boutique. Tout oppose Flam et son tempérament de feu à Flack, un jeune homme aquatique, sentimental et amusant. Pourtant, leur amitié naissante va peu à peu prendre le chemin de la romance. 

Après plusieurs longs-métrages aux allures d’essais psychologiques comme Vice-versa (2015) et Soul (2020), réalisés par Pete Docter, le studio à la lampe joue la carte de la simplicité narrative, avec le récit d’une histoire d’amour impossible. Parsemé d’un humour familial, Élémentaire nous plonge dans un univers graphique aux couleurs vibrantes, qui sublime l’eau et le feu grâce à des prouesses d’animation. On prend un grand plaisir à suivre les aventures des personnages de Flam et Flack, interprétés en français par Adèle Exarchopoulos et Vincent Lacoste, dans cette comédie aux multiples niveaux de lecture.

Métaphores entrelacées

Ce qui fait la magie des productions Pixar, c’est leur capacité à s’adresser à tous types de publics. Faire appel à la nostalgie des fans de la première heure tout en séduisant de nouveaux publics avec des films comme Les Indestructibles 2 (Brad Bird, 2018) et Buzz l’Éclair (Angus MacLane, 2022) ou concevoir des récits qui seront perçus différemment selon l’âge et le vécu des spectateurs : les stratégies sont nombreuses. Révélé en 2009 avec le court-métrage Passages nuageux, Peter Sohn est aussi à l’origine du film Le Voyage d’Arlo, sorti en 2015. Sa collaboration de longue date avec les studios Disney et Pixar est extrêmement diversifiée puisqu’il a notamment été scénariste pour Le Monde de Némo (2003) et qu’il a prêté sa voix au personnage d’Émile dans Ratatouille (2007).

Peter Sohn utilise la simplicité du récit d’Élémentaire pour aborder des thématiques profondément actuelles. Ainsi, en projetant les éléments (l’eau, le feu, la terre et l’air) dans un univers inspiré par notre société, il met en scène un monde alternatif où seule la nature dicte sa loi. D’autre part, l’histoire d’amour entre Flam et Flack est porteuse d’un message de tolérance dans une société en proie à un racisme inquiétant. Si leur romance semble d’abord impossible à cause de leur différence, elle est surtout empêchée par la désapprobation de leur entourage. La rencontre avec Flack va pourtant permettre à Flam de remettre en question le monde dans lequel elle vit, de dépasser les croyances inculquées par ses parents et de comprendre qui elle souhaite devenir. 

En perte de vitesse depuis quelques années, les studios Pixar reviennent avec un film qui séduira tous les publics grâce à sa poésie visuelle. Si sa simplicité narrative ne marquera probablement pas les esprits, Élémentaire questionne et divertit à travers une histoire d’amour qui défie les lois de la physique. Flam et Flack sont si touchants et pétillants qu’on en viendrait presque à se demander si la rencontre entre le feu et l’eau ne serait pas la parfaite représentation de ce que l’on ressent lorsque l’on tombe amoureux.  

Marie Serale | @marie_serale

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