Yannick, ce héros dont on avait besoin
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Alors que l’on attendait Daaaaaali !, programmé hors compétition à la Mostra de Venise 2023, c’est Yannick qui a surgi sur nos écrans. Et si Quentin Dupieux ne cesse de nous surprendre, c’est parce qu’il fait confiance à ses envies, suivant le fil d’une spontanéité rare dans le paysage cinématographique français. Après le rat baveux et les justiciers de Fumer fait tousser, nous avons donc fait la connaissance de Yannick, qui s'intègre à merveille à la collection de personnages généreusement loufoque du cinéaste.
Il faut sauver le divertissement
Panique sur les boulevards. Alors que trois comédiens interprètent un vaudeville insipide sur la scène d’un petit théâtre parisien, récoltant les rares rires gênés des quelques spectateurs présents, Yannick n’y tient plus : il se lève et interrompt la représentation. Il faut dire que ce gardien de nuit venu de Melun s’est accordé un jour de congé pour se divertir. Il attend de cette soirée qu’elle lui mette du baume au cœur, ni plus ni moins. Que les fans de la première heure se rassurent : on retrouve dans Yannick tous les ingrédients qui font le génie de Quentin Dupieux, notamment des interprètes qui expérimentent joyeusement, l’humour absurde et le malaise. Et si ceux qui sont moins sensibles à son cinéma se sentent pris en otage devant son dernier film, tant mieux, car ils y trouveront matière à nourrir leur réflexion.
En poussant son cri du cœur, le personnage de Yannick n’a qu’une seule mission : sauver le divertissement. Il concrétise son acte héroïque en se confrontant lui-même à la création, pour écrire la pièce qu’il aurait souhaité voir. Et si pour se faire entendre, il doit prendre le public en otage, Yannick n’est pas provocateur pour un sou. Il déroule une pensée critique pertinente, refusant d’être un spectateur captif à la merci des artistes.
À la gloire de Raphaël Quenard
Après avoir travaillé avec Raphaël Quenard sur les tournages de Mandibules (2020) et de Fumer fait tousser (2022), Quentin Dupieux a souhaité écrire un film sur mesure pour cet acteur qui n’a pas fini d’illuminer les salles obscures. De Chien de la casse de Jean-Baptiste Durand à Je verrai toujours vos visages de Jeanne Herry, Raphaël Quenard a brillé dans de nombreux films sortis cette année 2023. En six jours de tournage, Quentin Dupieux lui offre, avec Yannick, l’écrin parfait pour qu’il exprime son talent. Confiné dans ce théâtre parisien, Yannick, simple spectateur, vole la vedette aux piètres comédiens (brillamment incarnés par Pio Marmaï, Blanche Gardin et Sébastien Chassagne). Sous le feu des projecteurs, il prend la parole par la force, mais se met aussi à nu en dévoilant sa solitude affective. C’est là toute la beauté et la force du jeu de Raphaël Quenard : il s’épanouit dans l’humour comme dans l’émotion avec une générosité sans pareille.
Dans sa propre histoire comme pour ses spectateurs, le personnage de Yannick est finalement salvateur, car il encourage autant la pensée critique que l’empathie. Et si le film de Quentin Dupieux n’a pas pour ambition de répondre aux questions qu'il soulève sur la place du divertissement et des spectateurs dans notre société, il nous offre, encore une fois, un délicieux moment de cinéma.
Marie Serale | @marie_serale
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