Christopher Nolan, ou une intime histoire du temps
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Memento, Inception, Dunkerque, Tenet… Dans la filmographie de Christopher Nolan, la question du temps tient une importance toute particulière. Une évidence, bien sûr, qui cache pourtant une considération intime du cinéaste britannique. Explications.
“Le plus cinématographique des sujets”
“Le temps est le plus cinématographique des sujets”. Prononcée par Christopher Nolan dans une interview à NPR à la sortie de Tenet en 2020, cette phrase sonne comme une évidence un peu insultante pour qui connaît la carrière du réalisateur anglais.
Il est vrai que la question temporelle est au cœur de plusieurs de ses films - Inception, Interstellar, Tenet - que ce soit par sa dimension dramaturgique, sa capacité d’altération ou sa relativité. Mais la fascination de Nolan pour le temps n’est pas seulement un levier d’enjeux de ses histoires, il est aussi un dispositif structurel majeur de ses films.
De Memento à Oppenheimer
Dans Memento (2000), Nolan mêle ainsi des narrations chronologique et antéchronologique pour placer le spectateur dans la peau de Leonard Shelby (Guy Pearce), atteint de troubles de la mémoire immédiate. Dans Inception (2010), Cobb (Leonardo DiCaprio) s’enfonce dans les niveaux de rêves profonds, ce qui donne lieu à une relativité temporelle, matérialisée par des séquences au ralenti.
L’histoire du film Dunkerque (2017) est quant à elle racontée, en parallèle, de trois points de vue différents (terre, mer, air), chacun se déroulant dans une temporalité différente : une semaine, un jour, et une heure. Nolan se sert également de la musique de Hans Zimmer et d’un effet sonore de tic-tac d’horloge pour lier l’ensemble, utilisant une nouvelle fois le temps comme structure.
Vous pouvez ajouter à la liste d’exemple l'intégralité du film Tenet, dont le déroulé de l’intrigue est construit en miroir et s’inverse à la moitié du long-métrage, et même le récent Oppenheimer et sa structure à nouveau non-linéaire. Mais une fois qu’on a déployé tout cela, une question persiste : pourquoi cette fascination de Christopher Nolan pour le temps qui passe ?
Relativité perpétuelle
Dans une interview donnée à Associated Press en 2018, le réalisateur donne un élément de réponse : “Le cinéma a cette incroyable capacité à changer et à manipuler les sentiments des gens à propos du temps pendant qu'ils regardent un film. (...) Dans les films que j'ai faits, j'ai essayé de saisir ce qui ailleurs n’est qu’une subtilité. (...) J'ai essayé de prendre [le temps] et de l'utiliser pour ce qu'il est, parce que je pense que c'est un outil unique au cinéma”.
Ainsi, Christopher Nolan utilise la nature même du tissu cinématographique pour rappeler à tous l’état de relativité perpétuelle du temps. Un concept encapsulé à merveille dans une scène d’Interstellar (2014), dans laquelle une exploration de sept heures sur une planète se traduit par 23 années à bord du vaisseau-mère de l’expédition. Joseph Cooper (Matthew McConaughey) se retrouve ainsi à rattraper des décennies de messages vidéo laissés par ses enfants. Des vies entières, qu’il a manqué en quelques heures. Une idée terrible et brillante à la fois.
Une ressource limitée
En questionnant et pétrissant ainsi le temps cinématographique dans ses films, Christopher Nolan nous rend sensible à cette question de la valeur changeante de celui-ci, et de ce qu’on en fait dans nos existences humaines. En le tordant, le ralentissant ou en l’inversant dans ses films, le réalisateur nous rappelle ainsi qu’il est une ressource limitée dans le monde réel.
Une idée puissante qu’il embrasse une nouvelle fois dans Oppenheimer (le 19 juillet au cinéma) qui entremêle les époques et les temporalités, et possède au cœur de son intrigue l’idée d’une haletante course contre-la-montre. Comme, une nouvelle fois, une métaphore de notre existence.
de Thibaud Gomès-Léal
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