Sam Raimi, à la croisée des genres
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Evil Dead Rise, nouvel opus de la célèbre série de films horrifiques, sort dans les salles françaises ce mercredi 19 avril. L’occasion de s’attarder sur une franchise qui a su imposer son ton unique et décalé dans un genre pourtant très codifié, et sur le cinéma de son créateur, Sam Raimi. Un réalisateur passionné par le mal, le burlesque, la corruption des êtres… et les héros malmenés. Analyse.
De Thibaud Gomès-Léal
pour We Love Cinéma
Une marque de fabrique
Sorti en 1981, le premier Evil Dead fut un carton surprise à sa sortie, récoltant près de 30 millions de dollars dans le monde, malgré un budget dérisoire de 375 000 $. Un plébiscite public qui s’explique en partie par un excellent bouche-à-oreille, mais également par la richesse visuelle du film et le traitement rafraîchissant du genre. Dans sa suite en 1987, comme dans le troisième volet de 1992, puis la série Ash vs. Evil Dead (2015 - 2018), la franchise va ainsi cultiver ce mélange hautement divertissant d’horreur, de gore et de comédie noire. Un cocktail détonnant qui est la marque de fabrique du jeune réalisateur derrière cette œuvre fondatrice : Sam Raimi.
Le héros malmené
À l’instar d’un Darren Aronofsky, qui aime altérer ses personnages dans une variation psychologique du body horror (voir notre article précédent sur le sujet), Raimi s’amuse à malmener les protagonistes de ses histoires et à tordre les codes du genre… mais pour mieux en rire. Ash Williams, héros de la trilogie Evil Dead incarné par Bruce Campbell, est ainsi tout autant le bras de la vengeance, qu’un parfait punching-ball, autant courageux et brave que ridicule et roublard. L’archétype du sauveur se trouve ici humanisé, autant par ses tares que par sa dimension comique.
Un profil de personnage que le réalisateur creuse davantage encore dans Mort sur le grill en 1985 (le héros Victor Ajax y est même franchement burlesque), et qu’il accomplit pleinement dans Darkman (1990). Bien décidé à s’amuser avec ses jouets, Sam Raimi y malmène son héros plus que jamais. Le brillant généticien Peyton Westlake (Liam Neeson) se retrouve ainsi défiguré, et se lance dans une quête de vengeance contre les assassins qui ont tenté de l’éliminer. Là encore, le personnage principal, bon sous tous rapports, est corrompu à la fois physiquement (il est plongé dans l’acide) et moralement, gangréné par un mal et une colère qu’il ne soupçonnait pas. Une thématique également présente dans Mort ou Vif en 1995, mais qui est surtout étonnamment au cœur d’Un plan simple, sorti en 1998.
Sanglant et ridicule
Bien qu’il ne signe pas le scénario, et qu’il arrive sur le projet en remplacement de John Boorman, Raimi s’approprie pleinement l’histoire et incorpore toute l’ADN de son cinéma. Les protagonistes du film se trouvent corrompus par l’appât du gain, et poussés à remettre en cause leur amitié. Une thématique qui encapsule le cinéma de Sam Raimi, et qui est reprise par l’accroche même de l’affiche du film : “Sometimes good people do evil things” (“Parfois, les bonnes personnes font de mauvaises choses”, en français). Ce qui s’annonçait comme le film le moins personnel de son auteur s’impose comme une variation toute en retenue, mais pas moins passionnante, de son œuvre.
Tout comme dans le cinéma des frères Coen, amis proches et collaborateurs de Raimi depuis les débuts, le spectateur assiste ainsi à la lente désagrégation des héros du film, confrontés à un dilemme moral. Un processus que le cinéaste prend comme toujours un malin plaisir à montrer, et que l’on reverra plus tard dans ses trois films Spider-Man, sortis en 2002, 2004 et 2007). Peter Parker est ici un mélange atypique de Buster Keaton et Charles Bronson, à la fois héros tragique et torturé… et ressort comique et attachant. Comme toujours chez Sam Raimi, le sanglant et le drolatique ne sont jamais très loin.
L’héritage d’Evil Dead Rise
Dès Evil Dead, son premier long-métrage, Sam Raimi nous disait déjà tout de son cinéma. On y retrouve déjà son esthétique toute particulière, mélange de mouvements de caméra énergiques, de montage frénétique et d’iconisation jubilatoire, et son respect profond des genres qu’il aborde. Western, super-héros, horreur : Raimi embrasse tous les archétypes, mais avec assez de désobéissances et de torsions des codes pour faire de ses films des objets uniques et bien à lui.
À ce titre, Evil Dead Rise, que le cinéaste produit, fait pleinement partie de cet héritage. Ce nouveau volet promet d’offrir autant une horreur à la croisée des genres, que de malmener ses personnages… et particulièrement ses héros. Tout ça pour le plus grand plaisir de spectateur, bien sûr.
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