The Whale, ou l’ADN de Darren Aronofsky
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Depuis 1998 et son premier long-métrage Pi , Darren Aronofsky a su imposer son cinéma comme l’un des plus atypiques, provocateurs et passionnants de sa génération. The Whale, son dernier film en salles le 8 mars, continue de façonner cette réputation et de creuser le sillon des thématiques chères au cinéaste. Analyse.
La destruction du corps et de l’esprit
Adapté de la pièce de théâtre homonyme de Samuel D. Hunter jouée depuis 2012, The Whale relate l’histoire de Charlie, un professeur atteint d'obésité morbide vivant isolé du monde dans son appartement, et qui va tenter de renouer avec sa jeune fille dans un ultime acte de rédemption. Un film qui porte en lui l’ADN du cinéma d’Aronofsky, et ce qui le fascine le plus : l’addiction, l’aliénation sociale et la désagrégation du corps et de l’esprit.
Car The Whale cristallise bien le spectacle qui intéresse le réalisateur américain, et les spectateurs de ses films : comment l’être humain se détériore-t-il, érodé par ses addictions et ses démons ? Dans Pi (1998), le jeune Maximilien (Sean Gullette) vit reclus seul dans son appartement, obnubilé par le nombre mathématique. Dans Requiem for a dream (2000) ce sont Harry (Jared Leto), Marion (Jennifer Connelly) ou encore Sara (Ellen Burstyn) qui se consument par l’ingestion de drogues et de médicaments, quand dans Black Swan (2010), dans lequel Nina (Natalie Portman) est prête à tout pour atteindre la perfection illusoire d’une représentation du Lac des Cygnes, au dépend de sa vie.
Du body horror psychologique
Des figures maudites rongées par leurs illusions, que Darren Aronofsky aime traduire par une altération corporelle. Le rasage des cheveux de Maximilien dans Pi , l'obésité morbide de Charlie dans The Whale ou l’amputation dans Requiem for a Dream. En posant sa loupe déformante sur ses personnages, le cinéaste semble poser la question : jusqu'où l’être humain est-il prêt à aller pour assouvir son addiction ? Peut-être même l’auto-destruction et la mort. C’est en tout cas ce que choisit Randy “The Ram” Robinson dans The Wrestler (2008), déformant son corps au mépris de sa santé, pour une ultime opportunité d’assouvir sa pulsion.
Dans ses films, Darren Aronofsky propose ainsi une variation psychologique du “body horror”. Ce sous-genre de l’horreur centré sur la mutilation, l’altération et la mutation du corps a été rendu célèbre par le cinéma de David Cronenberg (La Mouche , Scanners , Existenz). Si on y trouve moins la dimension fantastique présente dans le cinéma du canadien, la filiation entre Cronenberg et Aronofsky existe bel et bien.
Pour mieux se libérer de la mort
Mais s’il n’est pas tendre avec ses personnages, Aronofsky montre bien souvent la mort comme une libération, une renaissance. C’est le cas pour Jennifer Lawrence dans le déroutant Mother (2017), ou encore pour Hugh Jackman dans The Fountain (2005), où ce dernier tente d’empêcher la mort inéluctable de sa femme incarnée par Rachel Weisz. C’est d’ailleurs le sens d’une piste de la bande originale de The Fountain , “Death is the road to Awe” (“La mort est le chemin de la crainte”). Ainsi, si le cinéaste fait vivre un véritable chemin de croix à ses protagonistes, c’est surtout pour les libérer de la crainte de la mort, et qu’il puisse enfin aller de l’avant. “Move on”, comme aiment le dire les anglo-saxons.
Dans The Whale, le personnage de Charlie (Brendan Fraser) cherche cette libération dans l’amour de sa fille Ellie (Sadie Sink) dont il est séparé, quitte à se laisser ronger par ses démons et ses addictions. Atteindra-t-il cette rédemption ultime ? À vous de le découvrir en salles dès le 8 mars.
Par Thibaud Gomès-Léal
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