Wes Anderson, ou une grande histoire de famille(s)
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“Ça fait très Wes Anderson”. En près de 30 ans de carrière, 11 longs-métrages et une grosse poignée de courts, de pubs et de clips, le réalisateur américain est devenu un adjectif à part entière. Son dernier film, Asteroid City, est présenté ce 23 mai au 76e Festival de Cannes. L’occasion de regarder au-delà de son univers visuel iconique pour y découvrir un cœur sensible, fait d’échecs, de traumatismes, et (surtout) d’histoires de famille. Analyse.
La Famille Anderson
Tout comme sa symétrie au cordeau, ses couleurs pastels et ses personnages rabelaisiens, le cinéma de Wes Anderson est tout aussi reconnaissable par son attrait particulier pour la question de la famille. Dysfonctionnelle, asymétrique, imparfaite, en échec, en construction : celle-ci est omniprésente chez Wes Anderson. Pas étonnant de la part d’un cinéaste, deuxième d’une fratrie de trois garçons, dont les parents divorcent à l’orée de ses huit ans.
Si on évite avec plaisir la psychologie de comptoir, il reste malgré tout la vive impression qu’à travers ses films, Wes Anderson tente justement de donner du sens à cet échec familial originel. Comme une envie, un besoin, de construire et recréer une famille, d’amis, d’artistes et de cinéma. Une réflexion qu’il entame dès son premier court-métrage Bottle Rocket en 1994, transformé en long deux ans plus tard, et dans lequel il met en scène les frères Luke et Owen Wilson, avec qui il collaborera à de nombreuses reprises. Dans la suite de sa filmographie, la question familiale devient une évidence. Les exemples les plus flagrants sont La Vie Aquatique (2004) et sa relation père-fils conflictuelle, La Famille Tenenbaum (2001) bien sûr, et sa suite philosophique The Darjeeling Limited (2007), où un trio de frangins parcourent l’Inde en plein deuil. Mais Wes Anderson ne traite pas de la famille qu’au seul sens littéral. Comme on l’a vu, il en a une vision élargie, unie par l’art, l’Histoire, les expériences de vie, et qui est présente dans l’intégralité de ses œuvres.
“Faire communauté”
Comme pour encapsuler cette idée de la famille, Anderson place la majorité de ses intrigues dans un lieu particulier : une maison, un train, une petite ville. Des endroits atypiques dans lesquels s'éclaircissent les problèmes de communication, et leur lot de traumatismes inavoués. Avec, bien sûr, toujours ce sens délicieux du cadre et de la composition qu’on aime tant chez le cinéaste. Ainsi, que ce soit à bord du bateau le Belafonte dans La Vie Aquatique, au fond d’un terrier dans The Fantastic Mr. Fox (2009) ou au cœur d’un palace dans The Grand Budapest Hotel (2014), on retrouve cette idée d’un lieu peuplé de gens dissemblables et à première vue très différents.
Des personnages opposés ou en conflits, qui finissent pourtant par faire communauté en s’ouvrant et en s’écoutant. Une famille de substitution qui, après moult tensions et déchirements, se crée naturellement par la mise en commun des traumatismes de chacun. Accepter ses traumatismes, pour mieux se lier aux autres, c’est d’ailleurs tout le sens du terme “faire communauté”, qui renvoie à l’idée de partager une même charge, un même poids.
Patchwork humain
En 2012, à nos confrères de The Guardian, Wes Anderson déclarait : “Je pense que tout le monde se sent parfois seul et pris au piège. Je pense que c'est plus ou moins la norme”. Face à ce triste constat, le cinéaste apporte une réponse dans ces familles recomposées. Ces patchworks d’humains en chantier, réunis dans des lieux improbables, que ce soit le camp de Moonrise Kingdom (2012), la rédaction de The French Dispatch (2021) et la ville fictive de son dernier film, Asteroid City, en salles le 21 juin 2023. Un paquet de traumas, dans un emballage de couleurs pastels, d’annotations précises et de symétrie au cordeau. Le cinéma de Wes Anderson qu’on aime, en quelque sorte.
par Thibaud Gomès-Léal
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