Fragments d’un parcours amoureux : laisser la mémoire revisiter les souvenirs

© Grøenlandia - Destiny Films

Date de publication : 04.06.25

Que reste-t-il d’une histoire d’amour passée ? Des photos et des lettres peut-être, mais surtout des souvenirs. Des images qui parfois s’estompent et se déforment, mais demeurent dans notre mémoire, à l’abri du temps et du réel. Depuis ses 16 ans, entre Paris et Rome, Chloé Barreau a filmé ses histoires d’amour. Mais lorsque, des années plus tard, elle a ouvert sa boîte à souvenirs, elle s’est demandé à quoi ressemblaient ces histoires du point de vue des personnes avec qui elle les a vécues. Dans Fragments d’un parcours amoureux, douze de ses anciens amants livrent leurs souvenirs intimes d’un sentiment universel.

Portrait d’une amoureuse de l’amour

Fragments d’un parcours amoureux mêle des souvenirs visuels, comme des images filmées au caméscope, des lettres et des photographies, à des témoignages face caméra. Le long-métrage explore les vestiges d’histoires d’amour passées à travers les regards de celles et ceux qui les ont vécus. Tour à tour, Anne, Anna, Rebecca, Jeanne, Ariane, Jean-Philippe, Sébastien, Laurent, Bianca, Marina, Marco et Caroline confient leurs souvenirs intimes, ceux qui vivent dans leur mémoire. Chloé Barreau a laissé le soin à sa collaboratrice Astrid Desmousseaux de mener les entretiens avec ces douze personnes qui ne se connaissent pas toutes, mais qui ont toutes un point commun : celui d’être tombées, à un moment de leur vie, amoureuses de Chloé. En restant hors-champ, la réalisatrice prend une certaine distance par rapport à son histoire : au fur et à mesure du récit, les mots des autres dessinent les contours de son propre personnage.

En tirant le fil des souvenirs, Fragments d’un parcours amoureux esquisse le portrait d’une femme libre et passionnée, guidée par ses coups de cœur. Ses anciens amants se souviennent de sa tendresse, mais aussi de ses secrets et parfois de ses trahisons. Ce personnage est à la fois réel et façonné de manière collective, avec toute la subjectivité que cela implique. En donnant la parole à celles et ceux qui l’ont aimée, Chloé Barreau se désigne comme un prétexte pour explorer la mémoire du sentiment amoureux. Si elle est le sujet commun entre tous les témoignages du récit, elle met aussi en lumière la façon dont les liens, et plus précisément les relations amoureuses, marquent durablement nos vies.

© Grøenlandia - Destiny Films

Un jeu de regards et de perspectives

Des années après leur rencontre avec la réalisatrice, ses anciens amants ont vieilli, ont pris des chemins différents, se sont construit une vie d’adultes, mais continuent de se souvenir avec précision de certains moments, de sentiments et même de sensations. Au-delà d’une réflexion sur l’amour, Fragments d’un parcours amoureux explore aussi la façon dont les souvenirs vivent et évoluent dans notre mémoire. Dans une société saturée d’information, le long-métrage donne envie de prendre le temps de s’éloigner des écrans, pour replonger dans la profondeur de ses propres souvenirs. Il faut dire que le goût de Chloé et de ses amants pour les lettres d’amour a quelque chose de particulièrement charmant à l’ère du numérique.

En confrontant ses souvenirs à différents regards, Chloé Barreau nous invite à reconstituer un parcours amoureux, à travers un film empreint de tendresse et de poésie. Sans prétendre résoudre l’irrésolu, ni révéler une vérité absolue, le long-métrage explore le passé amoureux d’hommes et de femmes qui nous inspirent à vivre et à célébrer l’amour à tous les temps.

 

Marie Serale | @marie_srl

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