Ollie : portrait d’une jeunesse oubliée
Date de publication : 19.05.25
Skateurs des champs
Ollie débute avec un drame : à l’âge de 13 ans, Pierre (Kristen Billon) doit faire face au décès brutal de sa mère et retourner vivre à la ferme aux côtés de son père (Cédric Kahn). Pour fuir le harcèlement dont il est victime à l’école, il se réfugie dans sa passion : le skateboard. Le héros d’Ollie évolue entouré de personnages à la marge : son père, un agriculteur en proie à la crise économique du secteur et Bertrand (Théo Christine), un ancien skateur qui a sombré dans l'alcool à la suite du décès d’un proche. Ce dernier va transmettre ses techniques à Pierre dans le but de l’aider, d’abord à défier les garçons qui le persécutent, et ensuite à se faire une place dans le milieu du skate. Ollie met ainsi en lumière les trajectoires de personnages meurtris qui vont apprendre à se reconstruire.
Dans ce premier long-métrage, Antoine Besse filme la Dordogne où il a grandi et le skate loin des territoires urbains. Avec Le skate moderne, son premier court-métrage, il montrait déjà la façon dont, avec ses amis, il a réussi à se réapproprier cette culture urbaine dans un environnement rural. Les skateurs des champs qu’il a suivi dans ce documentaire fabriquent leurs propres modules avec des planches en bois et ont une pratique plus intuitive, mais pas si différente de celles qu’on a l’habitude de voir dans les skateparks bétonnés. Avec Ollie, le cinéaste poursuit le développement de sa propre représentation de la culture skate à travers la fiction. Au-delà de donner à voir la pratique et la technique, le long-métrage explore l’impact du skate sur la vie de ses personnages, tout en esquissant le portrait d’une jeunesse rurale.
Premières passions
Ollie est imprégné de l’énergie des premières fois et de la passion des premiers amours. Antoine Besse est revenu filmer le territoire de son enfance et a offert son premier rôle principal à Kristen Billon, champion de France U16 de skateboard. Le rythme du film, oscillant entre légèreté et secousses brutales, évoque celui d’une session de skate. Pourtant, si cette pratique occupe une place centrale dans le récit, c’est plutôt l'initiation et la résilience qui en constituent les grands thèmes. Quels que soient leurs âges, les différents personnages apprennent à soigner leurs plaies. Ollie montre comment les liens qu’ils tissent leur donnent de l’impulsion pour avancer : Pierre trouve en Bertrand une sorte de mentor et Bertrand voit en leur rencontre l’opportunité de repartir de zéro.
Nul besoin d’être amateur de skate pour apprécier ce long-métrage, qui témoigne aussi de la passion d’Antoine Besse pour un cinéma du réel et de l’authentique. Si l’on salue la sincérité du réalisateur, on aurait aimé que certains éléments du scénario soient approfondis, comme la relation entre Pierre et son père ou encore le développement du personnage de Jeanne. Malgré ses imperfections et ses rebondissements attendus, Ollie demeure un premier film touchant, notamment grâce à l’interprétation sensible de Kristen Billon.
Marie Serale | @marie_srl