Companion : sois belle et tais-toi

Date de publication : 30.01.25

Dans le trailer du film Companion, on peut lire qu’il s’agit d’un film issu des mêmes studios que N’oublie jamais de Nick Cassavetes, mais aussi produit par Zach Cregger, le réalisateur de Barbare. La mention d’une romance culte et d’un film d’horreur pour faire la promotion de ce nouveau film réalisé par Drew Hancock attise la curiosité, mais en donne aussi le ton. Porté par la talentueuse Sophie Thatcher, Companion nous plonge dans une relation aussi toxique qu’artificielle.

Une romance paramétrée

À l’écran, Iris (Sophie Thatcher) déambule dans un supermarché. Son brushing impeccable et son allure lui donnent un air de Priscilla Presley. Au rayon fruits et légumes, elle croise Josh (Jack Quaid), un jeune homme maladroit qui fait tomber des oranges du présentoir : instantanément, c’est le coup de foudre. Une rencontre si simple, si parfaite, qu’elle semble avoir imaginée dans un rêve ou… dans un mensonge. Quoi qu’il en soit, le personnage de Josh tire sa compagne de sa rêverie en prononçant « Iris, réveille-toi ! » , comme une formule magique qui lance le film.

Que l’on connaisse le sujet du film ou non, on débute le visionnage de Companion intrigués : Drew Hancock s’amuse avec les codes de la comédie romantique et ceux du thriller. Car derrière les apparences, on décèle rapidement quelque chose de trouble dans cette relation entre Iris et Josh. Tout semble contrôlé, des tenues d’Iris, coordonnées aux bandeaux qui retiennent ses cheveux, jusqu’au week-end au bord d’un lac, organisé avec les amis de Josh. Une fois les protagonistes réunis dans la villa appartenant à un riche russe, bien évidemment perdue au milieu de la forêt, qu’est-ce qui pourrait mal se dérouler ? Si vous pensez avoir affaire à un slasher classique ou à un pur film d’horreur, vous vous trompez. Car au fil du récit, c’est l’humour et l’autodérision qui viennent s’ajouter à ce mélange à la fois rose bonbon et rouge sang. 

Quand la science (fiction) s’en mêle

Vous l’aurez compris, il est difficile de parler de Companion sans dévoiler un élément clé de son intrigue (qui est cependant évoqué dans la bande-annonce du film). Pour éviter de vous gâcher la surprise, nous ne préciserons pas explicitement l’objet de la révélation qui survient dans la première partie du long-métrage. En effet, Companion aborde la masculinité toxique ou encore le sexisme ordinaire sous un angle bien particulier. Il est aussi question de technologie au service des frustrations masculines, mais aussi d’inversion des rapports de force et des limites de la morale. Si les réflexions amorcées dans le film auraient pu être plus approfondies et sa réalisation, plus audacieuse, il faut reconnaître que son humour noir fonctionne plutôt bien.

Contre toute attente, la véritable surprise de Companion n’est pas le twist de son scénario, mais plutôt sa dimension ludique. Le ton du film rappelle celui de Wedding Nightmare de Tyler Gillett et Matt Bettinelli-Olpin, qui aborde les relations familiales toxiques, entre horreur et grotesque. L’univers de Companion est plus naïf et caricatural que véritablement effrayant et ses rebondissements sont peu surprenants. Pourtant, on passe un bon moment devant le film, notamment grâce à son humour généreux et à l’impeccable performance de l’actrice Sophie Thatcher, que l’on a déjà hâte de revoir en héroïne de films d’horreur ou dans d’autres genres cinématographiques.

Ainsi, sans être une proposition artistique audacieuse, Companion s’avère être une comédie horrifique efficace et divertissante.

 

Marie Serale | @marie_srl