De Whiplash à Babylon : les héros icariens de DAMIEN CHAZELLE
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Andrew, Mia, Sebastian, Neil, Nellie… Les personnages du cinéma de Damien Chazelle viennent à première vue d’époques et de milieux différents. Mais qu’ils soient du Los Angeles des années 20, au Hollywood notre ère contemporaine, en passant par l'Amérique de la course à l’espace, ces héros et héroïnes partagent pourtant une chose : leur obsession. Celle qui fait vibrer autant qu’elle consume. Explications.
De Thibaud Gomès-Léal pour We Love Cinema
“Tous les rêves ont un prix”
La phrase d’accroche du film Babylon (le 18 janvier au cinéma) le clame elle-même : “tous les rêves ont un prix”. Une maxime qui semble encapsuler à merveille le cinéma de son auteur, Damien Chazelle. Après avoir subjugué son monde avec Whiplash en 2014, le cinéaste avait connu la folie d’un carton planétaire avec La La Land en 2016, et ses 471 millions de dollars récoltés dans le monde. À seulement 32 ans, il était alors devenu le plus jeune réalisateur à remporter l’Oscar. En y regardant de plus près, il est étonnant qu’un homme qui semble avoir réalisé bon nombre de ses rêves s’intéresse autant à ceux qui font tout pour les accomplir.
Au moment de la sortie de La La Land, Damien Chazelle évoquait justement son amour pour les rêveurs de ce monde, et ce qui les animaient : “La La Land est un film très différent de Whiplash (...), mais ils traitent tous les deux de quelque chose qui m'est vraiment personnel : comment concilier la vie et l'art ? Comment concilier réalité et rêves ?”. La réponse à ces questions, le réalisateur la donne à travers ses films : par le sacrifice.
Éloge du sacrifice
Dans Whiplash, l’obsession d’Andrew (Miles Teller) est telle qu’elle brise ses relations sociales et sentimentales, sa santé physique et sa santé mentale. Tout ça pour la validation d’un mentor hautement questionnable. De leurs côtés, Mia et Sebastian sacrifient leur couple et leur amour pour atteindre leurs rêves respectifs dans La La Land, quand First Man (2018) voit Ryan Gosling incarné un Neil Armstrong en rupture avec sa famille et sa sanité d’esprit pour accomplir l’alunissage tant attendu.
Une galerie de personnages icariens, repoussant si loin les frontières, par désir, révolte ou aveuglement, qu’ils ne voient pas qu’ils s’en brûlent les ailes. Tout comme le personnage issu de la mythologie grecque.
Les nouveaux Icare
Un modèle de héros qui allie finalement une idéologie pro-active très américaine (et dont raffole Hollywood), et le monde artistique de Damien Chazelle (le jazz, la danse, le cinéma), où ce qu’on crée se veut une représentation intime et cathartique de nous-même. Que ce soit la musique de Seb (Ryan Gosling) dans La La Land, l’improvisation d’Andrew (Miles Teller) à la fin de Whiplash, ou la persona de Nellie (Margot Robbie) dans Babylon, Chazelle pose cette question du prix des rêves : sommes-nous prêt à pervertir nos rêves eux-mêmes, pour les accomplir ? Tout ça en vaut-il vraiment la peine ?
À ces interrogations, le cinéaste semble répondre par l'affirmative, et montre bien souvent la valeur formatrice de ces sacrifices, et ses personnages satisfaits. Mais un autre sentiment reste toujours à la fin, flottant, dans l’esprit des spectateurs. Un brin de tristesse et de mélancolie, qui amène à nous demander si le rêveur originel est bien encore là, intact, après toutes ces épreuves, ces sacrifices et ces altérations. Une réflexion douce-amère et suspendue, qui fait toute la saveur du beau cinéma de Damien Chazelle.
Thibaud Gomès-Léal
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