Films adaptés de pièces de théâtre : ils sont plus nombreux que vous le croyez
Explorez le cinéma selon vos préférences
Découvrez la toute nouvelle expérience dédiée aux passionnés de cinéma : un moteur de recherche intelligent, des expériences exclusives, des contenus inédits et personnalisés.
Créez gratuitement votre compte pour bénéficier des Privilèges We Love Cinéma!
Le Prénom, Le père Noël est une ordure, Le Dîner de cons… ces titres inoubliables du cinéma français ont d’abord vu le jour sur scène, joués des centaines de fois avant d’être adaptés. Il est courant que des comédies ou tragédies ayant trouvé leur public sur les planches rencontrent un succès plus grand encore dans les salles obscures.
Dans la langue de Molière
Commençons par les grands classiques : les adaptations des œuvres de Jean-Baptiste Poquelin, qui font toujours recette près de 350 ans après la mort de l’auteur. Le Misanthrope a donné lieu à pas moins de trois téléfilms, dont un réalisé par Ingmar Bergman, et quatre films – dont l’un des plus récents, Alceste à Bicyclette (2013), transpose l’intrigue à notre époque. Le texte de la pièce est lu par Fabrice Luchini et Lambert Wilson. Dans un style plus traditionnel, Pierre Dux a réalisé son Misanthrope (1971) avec le formidable Jean Rochefort dans le rôle d’Alceste. L’Avare a également été adapté. Louis de Funès rêvait de jouer l’avare Harpagon sur les planches, mais son état de santé l’en empêchait, d’où l’idée de tourner une version filmée de la pièce éponyme de Molière, en 1980.
Au même moment, dans une farce beaucoup plus contemporaine, les acteurs du père Noël est une ordure triomphaient sur la scène du Splendid, puis dans le film de Jean-Marie Poiré (1982). Qui n’a pas déjà entendu ces dialogues invraisemblables entre Pierre, Thérèse, M. Preskovitch, Katia le travesti, Josette (alias « Zézette ») et de Félix, son fiancé déguisé en père Noël ? « C’est fin, ça se mange sans faim » !
Autre référence en matière de bons mots et situations burlesques, Le Dîner de cons est une pièce écrite par Francis Veber en 1993, devenue un classique de la culture populaire française après son adaptation au cinéma en 1998 sous le même titre et par le même auteur. Après avoir joué le rôle de François Pignon plus de 600 fois sur les planches, Jacques Villeret a immortalisé devant la caméra le con préféré des Français aux côtés d’un Thierry Lhermitte cynique, qu’on adore détester.
Dans Le Prénom, Patrick Bruel, Valérie Benguigui, Guillaume de Tonquédec et Judith El Zein reprennent les rôles qu’ils interprétaient sur les planches dans la pièce éponyme. Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte ont eux-mêmes scénarisé et réalisé le film tiré de leur pièce. Le résultat est un succès, troisième long-métrage français le plus rentable de l’année 2012. Le Prénom a remporté deux César : celui de meilleure actrice dans un second rôle pour la regrettée Valérie Benguigui, disparue en 2013, et la statuette de meilleur acteur dans un second rôle pour Guillaume de Tonquédec.
Parfois, d’anciens acteurs classiques se laissent aussi tenter par le cinéma : avec « Les garçons et Guillaume, à table ! », Guillaume Gallienne, sociétaire de la Comédie-Française, a adapté sa propre pièce de théâtre. C’est un film confession à la fois tendre et acerbe sur ses jeunes années, son rapport avec sa mère et la conviction de celle-ci que son fils… était une fille. Sélectionné à Cannes en 2013 dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs, Les garçons et Guillaume, à table ! a reçu une standing ovation. Depuis, le long-métrage a reçu le prix Michel d’Ornano, le prix SACD, et une pluie de récompenses aux César.
Enfin, si vous êtes plus féru d’histoire que de comédies, le film Diplomatie de Volker Schlöndorff est une adaptation immanquable de la pièce de théâtre éponyme signée par Cyril Gély. Elle relate la rencontre, en août 1944, du général allemand Von Choltitz et Nordling, le diplomate suédois qui parvint à sauver Paris de la destruction. Niels Arestrup et André Dussollier reprennent les rôles qu’ils tenaient sur scène. Un grand réalisateur, d’excellents acteurs et un sujet passionnant, auxquels s’ajoutent des images d’archives saisissantes.
Et de l’autre côté de l’Atlantique ?
Les réalisateurs québécois ne sont pas en reste et adaptent régulièrement le répertoire contemporain francophone. Trois films ont fait parler d’eux ces dernières années : Incendies tout d’abord, un drame dirigé par Denis Villeneuve sorti en 2010. Le film est inspiré de la pièce de Wajdi Mouawad. Frappant, il traite du terrorisme et des guerres de religion en révélant un secret de famille des plus douloureux. Une autre adaptation, Tom à la ferme (2012), est signée par Xavier Dolan qui a repris la pièce de théâtre de Michel Marc Bouchard. Le scénario a d’ailleurs été écrit à quatre mains par les deux auteurs. Le jeune réalisateur a cherché à instiller un suspense « hitchcockien » à la pièce originelle. Enfin, Monsieur Lazhar est un film dramatique écrit et réalisé par Philippe Falardeau, sorti en 2011. C’est une œuvre touchante qui évoque l’immigration, l’école et la résilience. Le scénario est une adaptation de la pièce Bashir Lazhar d’Évelyne de la Chenelière.
Dans la langue de Shakespeare
Les chefs d’œuvre de William Shakespeare, écrits il y a plus de 450 ans, sont intemporels. Pas étonnant que le 7e art ait été inspiré par le « grand Will ». Orson Welles a ouvert le bal en réalisant un Macbeth en 1948 puis un Othello en 1952. Dans le premier, le réalisateur incarne lui-même Othello. Il est le premier d’une longue lignée d’interprètes de ce personnage emblématique : Laurence Olivier, Laurence Fishburne et Mekhi Phifer enfileront aussi le costume du Maure de Venise.
Mais la pièce de Shakespeare la plus connue et la plus revisitée est certainement Roméo et Juliette. On pense au très moderne Romeo + Juliette de Baz Luhrmann, avec Leonardo DiCaprio et Claire Danes, où tout semble avoir changé par rapport à l’œuvre initiale : le lieu (Los Angeles aux États-Unis au lieu de Vérone en Italie), l’époque (Luhrmann place l’intrigue au XXe siècle)… Et pourtant, le texte et l’histoire sont identiques.
Et puis il y a le cas du réalisateur Kenneth Branagh, spécialiste de Shakespeare. C’est lui qui a dirigé le plus grand nombre d’adaptations du dramaturge anglais, dont notre préférée, Beaucoup de bruit pour rien. A voir pour les joutes verbales, sous le soleil de Toscane, entre Kenneth Branagh et Emma Thompson, couple glamour à la ville comme à la scène. Le reste du casting n’est pas mal non plus : Denzel Washington, Keanu Reeves, Robert Sean Leonard, Kate Beckinsale, Michael Keaton, Imelda Staunton… L’acteur réalisateur irlandais a également adapté Henry V (1989), Hamlet (1996), Peines d’amour perdues (comédie musicale se déroulant dans les années 1930) et Comme il vous plaira (le texte de Shakespeare est transposé dans le Japon du XIXe siècle).
Un autre réalisateur trouve l’inspiration dans les pièces shakespeariennes : Michael Almereyda. Son Hamlet (avec Ethan Hawke dans le rôle-titre, en 2000) est transposé dans le New York contemporain. Même principe pour Anarchy : Ride or Die (Cymbeline) sorti uniquement en DVD en France en 2015, qui oppose policiers ripoux et gangs de dealers. Ethan Hawke est à nouveau de la partie, aux côtés de Ed Harris et Milla Jovovich.
Parfois, des réalisateurs anglophones ont repris avec succès des pièces venues de loin : La Mademoiselle Julie d’August Strinberg par exemple, a été adaptée de nombreuses fois au cinéma. En 2014, Liv Ullmann a transposé avec talent la pièce en Irlande, en conservant le contexte historique du XIXe siècle. Le texte suédois est traduit en anglais, mais la fidélité aux mots de l’auteur est totale. L’affrontement entre Julie (Jessica Chastain), son valet (Colin Farrell) et sa cuisinière est fort et d’une grande modernité.
Parmi les dramaturges anglophones les plus adaptés au cinéma, il convient de citer également Tennessee Williams. Ses pièces ont donné naissance à une bonne quinzaine de films. La société américaine y est représentée dans ses pires travers. Le résultat ? Des films forts avec de magnifiques performances d’acteurs : Un tramway nommé Désir (1951) d’Elia Kazan, avec Vivien Leigh et Marlon Brando, ou encore La Chatte sur un toit brûlant (1958) avec Elizabeth Taylor et Paul Newman. Sans oublier Soudain l’été dernier (1959) de Joseph Mankiewicz, avec Elizabeth Taylor également (ainsi que Katharine Hepburn et Montgomery Clift), Doux oiseau de jeunesse (1962), avec Paul Newman de nouveau, La Nuit de l’iguane (1964) de John Huston (avec Richard Burton, Ava Gardner et Deborah Kerr). La Ménagerie de verre a même été adaptée à deux reprises, en 1950 puis en 1987 par Paul Newman, qui décidément avait « quelque chose de Tennessee » en lui !
Le théâtre inspire le cinéma et cette relation intime entre les 6e et 7e arts semble bien partie pour durer. Si vous cherchez des recommandations sur une adaptation qui pourrait vous plaire, n’hésitez pas à utiliser notre Cinematcher ! Il trouvera en un instant des idées de films et séries selon vos envies.
@ClaireFayau
Explorez le cinéma selon vos préférences
Découvrez la toute nouvelle expérience dédiée aux passionnés de cinéma : un moteur de recherche intelligent, des expériences exclusives, des contenus inédits et personnalisés.
Créez gratuitement votre compte pour bénéficier des Privilèges We Love Cinéma!