S’adapter à un nouveau monde

Aux premières lueurs du soleil, un chat noir solitaire s’éveille. Autour de lui, une maison vide et délabrée, des statues représentant des animaux et des ruines semblant être les vestiges d’une civilisation disparue. Le paysage a tout d’un univers post-apocalyptique, pourtant, rien ne nous indique l’époque pendant laquelle l’intrigue se déroule. On n’aperçoit aucun humain, mais tour à tour, on observe des animaux : une bande de chiens, des lémuriens ou encore des échassiers. Tous tentent de survivre dans cet environnement inondé. L’eau apparaît d’abord comme une menace qui surprend le chat et le met en danger, mais au fil de ses courants, son caractère mystique se révèle : elle symbolise le renouveau d’un monde auquel il faudra s’adapter.

S’adapter pour survivre : tel est le mantra qui guide les protagonistes de Flow et tout particulièrement le chat. Effrayé par l’eau et méfiant envers les autres espèces au début du film, le félin va peu à peu tenter une exploration aquatique et faire confiance à ses nouveaux compagnons de route. À bord d’un bateau, comme dans une arche sans Noé, un groupe inattendu se forme : entre un labrador, un capybara et un lémurien, le chat trouve sa place et cette joyeuse bande navigue, guidée par un échassier énigmatique et une baleine majestueuse. Pourtant, Flow n’est pas un simple survival : grâce à son magnifique univers visuel et sa narration à hauteur de chat, le long-métrage nous invite à réfléchir à notre rapport à la nature et à notre propre existence.

Une merveilleuse immersion sensorielle

Pourquoi parler quand on peut faire ressentir ? S’écartant d’un pan du cinéma d’animation qui met en scène des animaux bavards, Gints Zilbalodis a choisi de réaliser Flow sans dialogues. Les protagonistes du long-métrage ne parlent pas, mais ils demeurent très expressifs. Jonglant entre le réalisme et l’imaginaire, le cinéaste représente à la fois fidèlement les mouvements et les expressions des différentes espèces, mais prend aussi certaines libertés quant à la mise en scène de leurs comportements. Seuls les animaux semblent peupler le monde de Flow et si l’on croit reconnaître quelques vestiges d’une vie humaine, on aperçoit aussi de nombreuses statues qui représentent différents animaux. Plusieurs questions se posent alors, mais une chose est sûre : la découverte du monde de Flow nous invite à prendre du recul et à questionner la place de l’espèce humaine dans notre propre monde.

En nous faisant naviguer à travers des panoramas d’exception, sublimés par une ambiance sonore des plus immersives, Flow nous fascine et nous émerveille. Si l’on salue l’impressionnant travail de l’image et du son, le scénario n’est pas en reste. De ses péripéties inquiétantes, en passant par ses situations comiques et ses visions cosmiques, le film est empli de symboles et de poésie. À travers son récit de survie animale face à la montée des eaux, Gints Zilbalodis propose une réflexion sur le vivre-ensemble, mais surtout, sur le cycle de la vie. La beauté de Flow et ses personnages attachants ne manqueront pas de charmer les spectateurs de tous les âges.

Marie Serale | @marie_serale