La Cache : quand les murs ont des oreilles, mais surtout une âme

© Copyright Les Films du Losange
Date de publication : 24.03.25
Présenté en compétition à la Berlinale en 2025 et adapté du roman autobiographique de Christophe Boltanski, le nouveau film de Lionel Baier nous plonge dans le cocon d’une famille fantasque en mai 1968 à Paris. Retour sur cette comédie emplie de tendresse et de fantaisie, qui marque aussi le dernier tournage de Michel Blanc au cinéma.

Une relecture inventive

Avec La Cache, Lionel Baier nous présente une lecture singulière du roman éponyme de Christophe Boltanski. Regarder ce film, c’est prendre connaissance des réflexions du réalisateur sur ce roman qui l’a interpellé et interrogé. À travers le scénario, co-écrit avec Catherine Charrier, et la mise en scène sophistiquée, Lionel Baier raconte sa vision d’une histoire étonnante, entre réalité et fantaisie. Le roman de Christophe Boltanski raconte l’histoire de sa famille sur plus d’un siècle, pourtant, le cinéaste a choisi de concentrer son adaptation sur la période de mai 1968. Ainsi, Lionel Baier raconte, imagine et réinvente cette histoire intime, car après tout, comme le dit Michel Blanc dans le film, « C'est très bien d'avoir de l'imagination, ça permet d'en donner à la vie, qui parfois, en manque un peu. »

Le long-métrage nous plonge dans le quotidien de Christophe, un petit garçon de 9 ans (Ethan Chimienti) dans l’appartement où vivent Père-Grand (Michel Blanc) et Mère-Grand (Dominique Reymond), Petit Oncle (Aurélien Gabrielli), Grand Oncle (William Lebghil) et Arrière-Pays (Liliane Rovère). Dehors, la révolution est en marche et les parents du garçon participent aux manifestations. Le film propose une narration étonnante, a mi-chemin entre le conte et la bande-dessinée. Rythmé par des répliques qui résonnent autant que les slogans de Mai 68 et par la voix-off de Lionel Baier, La Cache éclaire l’histoire de cette famille à la lumière de la Grande Histoire.

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Au fur et à mesure du récit, nous apprenons à comprendre cette famille qui vit « comme un seul corps » dans le refuge d’un appartement rue de Grenelle. On découvre leurs curieux rituels, comme celui de manger tous ensemble dans un lit, leurs centres d’intérêt, qu’ils soient artistiques, linguistiques ou encore politiques, mais aussi leurs secrets. Car au-delà d’être un cocon familial, l’appartement dissimule aussi un refuge où Père-Grand a vécu pour échapper à la Shoah. La Cache aborde avec pudeur les traumatismes de la guerre, les peurs et les douleurs qui ne s’éteignent jamais. Il est aussi question des origines géographiques, culturelles, religieuses et de tout ce qui construit un héritage familial. « La tristesse n’a pas sa place chez nous » précise toutefois Mère-Grand pour consoler son petit-fils et nous avec.

Comédie tendre, le long-métrage s’apprécie comme les tartelettes à la fraise dont raffole le petit Christophe. La saveur délicieuse des dialogues, le souvenir d’une fantaisie inattendue, une scène de danse réjouissante et cette famille comme aucune autre ne manquent pas de nous faire sourire sur notre fauteuil de cinéma.

 

Marie Serale | @marie_srl

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